Taxi Téhéran, avis sur l'œuvre militante d'un génie du cinéma iranien, Jafar Panahi.
Condamné en Iran en 2010 et contraint à ne plus tourner de film dans son pays, Jafar Panahi revient une nouvelle fois sur nos écrans après Ceci n'est pas un film en 2011. Dans Taxi Téhéran, il nous livre un récit de voyage dans les rues de Téhéran, filmées depuis un taxi au volant duquel le réalisateur a pris place. Ours d'or au festival de Berlin au début de l'année, le film constitue un véritable affront au régime iranien, que différents protagonistes vont venir illustrer pendant un peu moins d'une heure et demie. Jafar Panahi réussit ainsi dans Taxi Téhéran le pari de rattacher les spectateurs à une cause qui devrait être universelle, la liberté, tout en nous promenant à travers sa ville au naturel, parvenant à nous faire croire in fine que nous sommes assis dans le taxi à ses côtés.
Taxi Téhéran ou une mosaïque de la population iranienne
Plusieurs acteurs anonymes vont se succéder sur les sièges passager de Jafar Panahi, chacun critiquant l'un des travers de la République islamique. Taxi Téhéran s'ouvre sur un débat houleux autour de la peine de mort, un sujet qui dépasse les frontières du pays et qui agite notamment la France avec l'exécution programmée de Serge Atlaoui en Indonésie. Tout au long de Taxi Téhéran, d'autres zones d'ombre du régime persan comme les services de santé, les vols à répétition ou encore la contrebande de films sous le manteau qui sera incarnée par un personnage haut en couleurs, sont traitées sous l'œil amusé et critique du réalisateur. C'est une farandole de personnalités qui se succèdent ainsi dans le huis-clos du taxi, duquel la caméra ne sortira pas une seule minute.
Des points de vue féminins sur une société patriarcale
Le réalisateur, qui se met en scène en tant que lui-même, fait également intervenir sa nièce dans la dernière partie de Taxi Téhéran. Hana Panahi, une fillette pétillante vêtue selon la tradition islamique, doit réaliser un film dans le cadre d'un concours organisé par son école. L'on aborde à travers elle les sujets de la censure au cinéma, qui interdit de montrer tout un pan de la vie quotidienne en Iran. La nièce de Panahi rencontrera également l'avocate des droits de l'Homme Nasrin Sotoudeh, qui a courageusement décidé de prendre part au projet. L'intervention de ces deux personnages féminins, qui s'expriment librement sur la société dominée par l'homme dans laquelle elles évoluent, pourrait conférer une dimension féministe à l'œuvre de Jafar Panahi, dans la mesure où toutes deux luttent pour plus d'égalité, chacune à leur manière. C'est en particulier le cas de Nasrin Sotoudeh, qui au moment de sa rencontre avec le duo Panahi allait rendre visite à une femme incarcérée par le régime pour s'être rendue à un match de volley-ball.
Retrouvez la bande-annonce du film, et n'hésitez pas à donner votre avis en commentaire ! Vous pouvez également aller voir une critique du film sur le site du Nouvel Obs !
- Le huis-clos du taxi
- L'humour qui se dégage du film
- L'innocence de la nièce de Panahi, mise en avant
- Les traits un peu caricaturaux de certains personnages
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- Titre : Taxi Téhéran
- Année de sortie : 2015
- Style : Drame
- Réalisateur : Jafar Panahi
- Synopsis : Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion...
- Acteurs principaux : Jafar Panahi
- Durée : 1h26min