La Loi du marché
Réalisé par Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck
France, 2015, 1H33
Date de sortie 19 mai 2015
Synopsis
À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter
Le film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015. Vincent Lindon a remporté le prix du meilleur acteur maculin
Vincent Lindon, une interprétation d’une grande justesse dans La Loi du marché
A propos du film
Stéphane Brizé met en écho la vie intime de l’homme et son environnement social. Il confronte la brutalité des mécanismes et des échanges qui régissent notre société et l’humanité d’un individu en situation de précarité.
Très réaliste, La Loi du marché se situe à la limite de la fiction et du documentaire. Pour atteindre ce résultat, le réalisateur Stéphane Brizé a choisi de s’entourer d’Eric Dumont, un chef opérateur n’ayant jamais travaillé sur des fictions. Autre particularité du film, celle d’être tourné principalement avec des acteurs non professionnels. Les employés de supermarchés, la banquière que l’on voit à l’écran sont authentiques. Ce choix a influé sur le jeu de Vincent Lindon en l’obligeant a être le plus proche possible de la vérité de son personnage.
Le film est une radioscopie de la dureté du monde du travail. Thierry, incarné par Vincent Lindon, est un quinquagénaire au chômage. Après s’êtes aperçu que la formation de grutier que lui avait fait suivre Pôle emploi n’avait aucune chance de déboucher sur un travail, il est un peu désemparé. Cependant, il est déterminé à trouver un nouvel emploi pour payer les études de son fils handicapé, garder l’appartement qu’il à acheté avec sa femme. Pour cela, il veut tourner la page et renonce à s’investir dans le procès que lui et ses collègues mènent contre leur ancien employeur. Il se consacre non sans mal à la recherche d’un emploi. Ce moment de la vie de Thierry donne l’occasion au réalisateur de montrer l’inhumanité de la procédure d’embauche. Pour ce faire, il filme Thierry de profil seul face à son écran d’ordinateur lors d’un entretien d’embauche Skype. Puissance invisible et intouchable, l’employeur indique froidement à Thierry qu’il percevra un salaire plus bas que celui de son précédant poste, qu’il devra se plier à la logique de flexibilité de l’entreprise. Ce dernier encaisse les coups, s’efforce de ne laisser paraître aucune émotion.
Après maintes difficultés, il décroche un poste de vigile dans un hypermarché. A l’aide de dizaines d’écrans, Thierry doit détecter tout comportement suspect des clients et du personnel. Ainsi, il est amener à dénoncer des clients obligés de dérober de la nourriture pour survivre, une caissière qui garde les bons de promotion au lieu de les jeter … A travers les écrans de contrôle de Thierry, le réalisateur pointe les dysfonctionnements de la société. Les scènes de confrontation entre le « coupable » et les représentants de l’hypermarché sont de longues séquences ou règne le plus souvent un silence pesant.
A chaque fois qu’il doit dénoncer une personne précaire qui se bat pour vivre, l’humanité de Thierry est mise à mal. Il est confronté à la question suivante : un homme doit-il aller à l’encontre de sa morale pour adopter la logique du monde en marche et subvenir aux besoins des siens ?
La Loi du marché, porté par un Vincent Lindon impressionnant de justesse, est un film qui dénonce l’inhumanité la société actuelle.