Spy : Rencontre avec Paul Feig, Jason Statham et Melissa McCarthy

Par Bobby @MissBobbyD

Pour promouvoir son dernier film Spy, Paul Feig, Melissa McCarthy et Jason Statham nous ont fait l’honneur de répondre à nos questions lors d’une rencontre placée sous le signe de la bonne humeur. Voici tout ce qui s’est dit. Et retrouvez ma critique du film Spy.

Paul Feig, pour votre nouvelle comédie d’action, vous vous êtes tourné vers le cinéma d’espionnage que vous affectionnez. Où avez-vous puisé cet amour pour ce genre de film ?

Paul Feig : J’ai toujours adoré ces films parce qu’ils sont excitants, il y a plein d’action, mais aussi beaucoup de style. Et j’aime beaucoup le fait de voyager à travers le monde. Et l’espionnage était une très bon terrain pour faire une comédie d’action. On l’avait déjà vu avec Johnny English ou Austin Powers. J’ai toujours eu envie de faire un film d’espionnage et j’ai toujours fait des comédies. Donc je me suis posé la question de comment faire un véritable film d’espionnage, mais qui soit quand même comique, avec des personnages hétéroclites.

Melissa, vous faites une sacrée espionne dans ce film qui est très féministe et on sait que vous portez en vous cette cause. Quelle était l’importance pour vous d’être ce type d’héroïne ?

Melissa McCarthy : C’est la première question que j’ai posé à Paul Feig quand il m’a parlé du scénario. Est-ce que ce personnage sera toujours capable, forte, intelligente. Il m’a dit qu’il ne voulait pas en faire une idiote.

Paul Feig : En écrivant le film, je me suis rendu compte que les femmes étaient de meilleures espionnes que les hommes car le vrai travail d’un espion est un travail d’interaction et pour lire à travers autrui, les femmes sont plus douées que les hommes.

Et vous Jason Statham, vous êtes un agent incapable et c’est assez drôle car il paraît que Paul Feig a écrit le scénario en pensant à vous !

Jason Statham : Je ne sais pas ce qu’il lui ait passé par la tête !

On se souvient que quand vous avez fait les Hyper Tension, vous étiez très drôle. Est-ce que cela vous a rappelé cette époque-là ?

Jason Statham : C’était un soulagement génial pour moi car ce n’était pas un rôle étroit, on pouvait le pousser très loin et c’est drôle à faire. C’est un si bon personnage. Quand Paul Feig me l’a décrit, je ne voulais pas vraiment jouer les idiots, mais ce personnage de Rick Ford est un espion très fort et plutôt capable, et il le dit sans arrêt. Mais il est un peu en dehors du coup, il se trompe tout le temps, il n’arrive jamais au moment où il faut. Il est bon, mais il rate toujours un truc.

Paul Feig : C’est un bon agent, mais qui prend de mauvaises décisions. Il est tellement fou à l’idée qu’on ne le croit pas assez bon, qu’il en vient à faire toujours le mauvais choix.

Qu’est-ce que vous avez tous ajouté dans vos personnages respectifs en plus du scénario ?

Jason Statham : J’avais déjà suffisamment à faire avec ce que le scénario disait. Avec Paul, on a créé le personnage à jouer et c’est tout. Je sais qu’il aime Hyper Tension et on a essayé de jouer là-dessus.

Melissa McCarthy : Quand j’ai lu le scénario la première fois, c’était vraiment un personnage extraordinaire. J’ai juste essayé d’équilibrer le niveau de ses talents et son manque de confiance. On en a beaucoup parlé avec Paul Feig. Et puis j’aime porter des déguisements et des perruques. Ça a fait partie de la construction du personnage, aussi. On a beaucoup préparé avant, mais le jour J sur le tournage, on réévalue un peu tout et on juge à nouveau du niveau où placer son personnage. Paul est bon pour ça.

Paul Feig : On en a beaucoup parlé avant, mais c’est vrai qu’une fois sur le plateau, c’est là que tout prend vie. Beaucoup de réalisateurs sont proches de chaque mot du script etc… Pour moi, c’est sur le plateau que tout se joue. Et on essaie des choses quand les personnages et les acteurs se confrontent. Quand vous avez des comédiens talentueux, vous profitez de ça, comme Melissa qui amène ses propres blagues. Dès fois, elle part à dire des trucs puis elle s’arrête car elle trouve qu’elle va trop loin et moi je lui disais « Mais si, vas-y« … Il y a une fraîcheur nouvelle sur le plateau.

Melissa et Jason, on a un peu l’impression que vous incarnez des personnages à l’opposé de ce vous faisiez avant. Melissa, vous êtes comme un pendant féminin de Kingsman, portée sur l’action et les cascades. Jason, vous, on vous connaît pour votre côté badass etc… Et là, vous êtes plus drôle. C’était intentionnel d’aller vers autre chose.

Melissa McCarthy : Pas pour moi. C’était un plaisir car j’ai adoré le personnage, mais pas une volonté spécifique d’aller à l’encontre de quelque-chose. C’est juste que le personnage était génial.

Jason Statham : Ce n’était pas une décision calculée dans ma carrière. J’avais juste envie d’être dans un super film. C’est difficile d’entrer dans une comédie quand vous avez une réputation précise. Vous devez continuer à être efficace. Mais là, c’était intéressant d’aller puiser l’humour dans un personnage fort.

Quel est le timing le plus dur, le timing de la comédie ou celui de l’action ?

Paul Feig : Pour moi, les deux doivent être à un niveau égal. Je ne voulais pas que l’action ne soit pas drôle et je ne voulais pas que ce soit le chaos non plus. Le job du réalisateur est de trouver le bon ton.

Jason Statham : C’est dur de porter un jugement. Moi, je comptais sur Paul pour le timing de tout. Je n’avais pas conscience de cela, je faisais confiance à Paul.

Melissa McCarthy : Il y a eu beaucoup de spontanéité entre nous et tout a bien fonctionné. On a essayé de se surprendre, mais il fallait garder un sens de l’équilibre. Quand on essayait des choses, l’autre devait réagir etc…

On voyage beaucoup dans le film. Au passage, vous montrez Paris comme une ville qui craint énormément ! Où est-ce que ça a été le plus sympa de tourner ?

Paul Feig : Vous dites ça pour la scène où une femme fait une fellation à quelqu’un dans la rue ? Mais vous n’avez jamais vu ça à Paris ?? J’avais écrit un film très international avec tous les endroits que j’aime bien, mais on a tourné en Europe de l’Est pour des raisons financières. La deuxième partie du film aurait dû se passer à Paris, mais pour des raisons fiscales, je n’ai pas pu. Et Budapest est une super ville. Puis il y a ce côté guerre froide dans l’esprit, c’est parfait pour les films d’espionnage.

Comment c’était sur le tournage au niveau de l’ambiance, c’était très festif ?

Jason Statham : Il y avait plein d’alcool et tout !

Melissa McCarthy : Les plateaux de Paul Feig sont toujours plein de bonne humeur. C’était un homme intelligent et c’est comme ça qu’il dirige ses tournages. Le seul problème, c’est qu’il faut refaire souvent des prises car il rit tellement qu’on l’entend. On est obligé de lui dire « Mais Paul, on tourne !« 

Paul, on voit que vous aimez les femmes dans vos films. Quelle est votre prochaine étape ?

Paul Feig : Là, je fais Ghostbusters et je vais avoir quatre femmes extraordinaires. Il n’y a rien de politique dans mes films. Je n’essaie pas de dire que les femmes n’ont jamais de bons rôles dans les comédies etc… Ça vient du fait que pendant longtemps, je voyais des femmes que j’adorais et qui ne pouvaient pas être vraiment drôles car elle jouait soit des rôles d’hommes ou d’emmerdeuses. Les personnes les plus drôles que je connais sont des femmes. Il y a tellement de femmes drôles qui ont besoin de ces rôles.

Melissa, vous avez beaucoup de scènes d’action, Jason vous a donné des conseils ?

Melissa McCarthy : En vrai, la plupart des scènes, c’est Jason avec une perruque qui jouait à ma place ! Non, j’essayais de l’observer et de voir à quel moment il était précis et rapide dans ce qu’il faisait pour m’en inspirer. C’est assez incroyable.

Jason Statham : Je ne donne des conseils à personne. Tout le monde savait ce qu’il avait faire. La scène de la bagarre dans la cuisine avec Melissa est extraordinaire, la drôlerie et tout le reste. J’étais épaté. Maintenant, c’est Melissa qui me donne des conseils !

On a l’impression que depuis quelques années, on utilise beaucoup Melissa pour dynamiter des duos improbables. On ne s’attendait pas à la voir avec Sandra Bullock (Les Flingueuses – ndlr), on ne s’attend pas à la voir avec Jason Statham. Est-ce que c’est quelque-chose que vous aimez ?

Melissa McCarthy : Pour moi, c’est un rêve de travailler avec ces acteurs. Paul aime réunir des gens qui semblent éloignés comme ça. Je ne sais pas comment il sait faire ça. Il n’a pas de limites et ça fonctionne toujours très bien.

Paul Feig : La phase de casting, c’est ce que je préfère. Pour un réalisateur, trouver le bon casting, pousser les acteurs dans leurs retranchements. Après, je pense que quelque-part, il y a aussi vouloir réunir des gens qu’on aime bien et essayer de trouver comment y parvenir. Je crevais d’envie de bosser avec Jason depuis Hyper Tension. On m’a souvent demandé comment je savais qu’il pouvait être drôle. Ça vient de ces deux films là, il y est très drôle. J’ai essayé de me demander comment je pouvais les réunir tous les deux avec Melissa. S’ils pouvaient être rivaux, ça serait super. Avec Sandra Bullock, ça s’est aussi passé comme ça. Pour Ghosbusters, j’ai réfléchi à quelles étaient les personnes que je trouvais les plus drôles.

Qu’avez-vous préféré, les cascades ou les dialogues un peu trash ?

Melissa McCarthy : C’est dur de choisir. Ma joie est d’avoir tout fait. D’avoir été suspendue à un hélico pendant trois jours… Si on m’avait dit il y a dix ans que je ferai ça un jour… Et puis de me battre… C’est la combinaison de tout ça qui m’a régalée. Ça et pouvoir être moi-même. J’ai adoré.

Jason Statham : Tout était tellement bien. Je crois que le meilleur a été d’être au lit avec Melissa !

Melissa McCarthy : Quand on a tourné cette scène, mon mari et mes enfants sont passés sur le plateau… Mes enfants m’ont demandé si j’étais fatigué pour être couchée ! J’ai dit qu’on faisait une sieste.

Pensez-vous faire une suite ?

Paul Feig : J’adore ces personnes et le genre, et ce qui est bien avec l’espionnage, c’est qu’il n’y ait pas de limites. Croisons les doigts pour que celui-ci marche et peut-être qu’on nous laissera en faire un autre !

Retranscription Mondociné.

Merci à Cartel et à 20th Century Fox.