genre: horreur (interdit aux - 12 ans pour la version censurée et aux - 16 ans pour la version non censurée)
année: 1987
durée: 1h22
l'histoire : Comment un espiègle, mystérieux et monstrueux petit animal quitte ses vieux proprietaires pour faire un pacte avec un jeune homme chez lequel il s'installe. Elmer le comble de visions et de gaieté, mais en échange, Brian lui fournit la nourriture essentielle à son existence, des cerveaux humains.
La critique :
Les fans de séries B, et plus précisément du cinéma bis, connaissent forcément le nom de Frank Henenlotter. Le réalisateur américain s'est déjà distingué avec son tout premier film, Frère de Sang (aka Basket Case), en 1982. Avec cette série B produite avec les moyens du bord, soit trois francs six sous, Frank Henenlotter a déjà imposé son univers, à savoir un humour à la fois noir, potache et égrillard.
Le cinéaste ne fait clairement pas dans la dentelle et affectionne tout particulièrement le mauvais goût. Il réitère avec Elmer, le Remue-Méninges, connu également sous le nom de Brain Damage (c'est le titre original), sorti en 1988.
Elmer, le remue-Méninges constitue le second long-métrage horrifique de Frank Henenlotter. A l'instar de Frère de Sang, Brain Damage se déroule lui aussi dans les quartiers paumés de New-York. Bienvenue dans le cinéma underground et dans un humour (encore une fois) trash, vulgaire et d'un cynisme absolu ! Attention, SPOILERS ! Brian mène une existence sans histoire jusqu'au jour où il fait la connaissance de Elmer, une mystérieuse créature.
Elmer a la capacité d'injecter dans le cerveau une drogue puissante, dont, très vite, on ne peut plus se passer. Jeune et influençable, Brian devient totalement dépendant d'Elmer.
Mais il y a un prix à payer : pour vivre, la créature a besoin de dévorer des cerveaux humains, et Brian devra lui fournir ses futures victimes. Impossible de refuser : la créature cesserait alors ses injections, et nul ne peut supporter les terribles crises de manque occasionnées par l'absence de la drogue d'Elmer… Frank Henenlotter aime les créatures hideuses, difformes et étranges.
C'est probablement la raison pour laquelle il entretient le mystère sur les origines de son "bouffeur" de cerveaux. Certes, le scénario nous donne quelques détails sur l'histoire de ce monstre, qui remonte au moins au XIIIe siècle.
Déjà, à l'époque, les rois et les aristocrates se délectaient des pouvoirs de la créature, capable d'assouvir les fantasmes les plus sexuels et les plus érotiques. Ce n'est pas un hasard si Elmer revêt un aspect phallique et confère un sentiment de toute puissance à ses propriétaires. A partir de là, bienvenue dans un voyage fantasmagorique, à la quête du bonheur, de la virilité et de la sensualité !
Frank Henenlotter nous propose alors une sorte de périple hallucinatoire sous LSD. L'air de rien, Elmer, le Remue-Méninges est un film personnel et plus complexe qu'il n'y paraît. Il semble que le cinéaste soit lui aussi passé par les drogues et les hallucinogènes pour vaincre sa dépression.
Considéré comme un dieu par certaines anciennes civilisations, Elmer ne va pas tarder à dévoiler son vrai visage, à savoir un monstre qui a besoin de se nourrir du cerveau de ses victimes. Sur ce dernier point, Frank Henenlotter multiplie les séquences d'anthologie, la plupart ayant évidemment une connotation sexuelle, limite mysogine. A l'image de cette prostituée, dont la bouche est transpercée par la créature, cachée dans le pantalon de son nouveau propriétaire (Brian).
Vous l'avez donc compris : la star du film, c'est la créature démoniaque et carnivore de service. En l'occurrence, les autres personnages ne présentent aucun intérêt.
Pour le monstre phallique, les êtres humains ne constituent qu'une nourriture supplémentaire, qu'il peut manipuler, pour mieux les dévorer par la suite. On observe aussi un décalage entre les hallucinations oniriques et fantasmagoriques du héros et les bas fonds d'une société composés de prostituées, de clochards et de divers personnages décalés.
Dans Brain Damage, Frank Henenlotter brosse le portrait de la populace, donc des marginaux, des oubliés et des laissés pour compte. Néanmoins, le réalisateur privilégie avant tout les séquences gores et peu ragoûtantes. Les amateurs de trash et de mauvais goût devraient trouver leur compte. Le film se distingue par son originalité et son inventivité.
Il confirme tout le potentiel et le talent d'Henenlotter. Ceci dit, je lui préfère tout de même Basket Case.
Note: 15/20
Alice In Oliver