SYNOPSIS: Les aventures débridées de deux ados un peu à la marge : le petit " Microbe " et l'inventif " Gasoil ". Alors que les grandes vacances approchent, les deux amis n'ont aucune envie de passer deux mois avec leur famille. A l'aide d'un moteur de tondeuse et de planches de bois, ils décident donc de fabriquer leur propre " voiture " et de partir à l'aventure sur les routes de France...
Motifs originaux récurrents, thématiques communes (le rêve, l'enfance, la désillusion, la rupture sentimentale...) articulées autour d'un propos singulier (les adultes ne sont pas vraiment des adultes mais plutôt des grands enfants, la réalité et la norme doivent être questionnées), vision distinctive, foisonnement d'éléments autobiographiques, point de vue formel unique, ancré dans une continuité esthétique affirmée (l'aspect bricolo, les objets cultes " do it yourself "...), aucun doute, le cinéaste Michel Gondry est un véritable auteur, dont la patte est reconnaissable dans la masse. Sa biographie en témoigne : de son passé fou de vidéo-clipeur pour des artistes confirmés ( Björk, The Chemical Brothers, Kylie Minogue, Daft Punk...) aux pubs pour des marques diverses et variées ( Air France, Nespresso ...), en passant par ses courts-métrages canons ( Pecan Pie) et ses films savoureux ( Human Nature, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Be Kind Rewind, La Science des Rêves, L'Ecume des Jours, The We and the I...), Gondry s'est illustré dans à peu près tous les domaines cinématographiques comme un orfèvre hors pair, capable de transcender n'importe quel matériel.
Pièce maîtresse de l'imaginaire de Gondry et objet artistique fantasque, Eternal Sunshine of the Spotless Mind reste à ce jour son œuvre la plus accomplie, un monument inscrit au panthéon du cinéma, qui conjuguait à la perfection poésie et mélancolie. Si bien que L'Écume des Jours, son adaptation ambitieuse et visuellement riche du roman éponyme de Boris Vian (avec en toile de fond l'allégorie du cancer et une satire du capitalisme) où l'imaginaire du metteur en scène épousait pourtant parfaitement le braque et l'amertume de l'écrivain, a déçu la critique. De fil en aiguille, de films en films, Michel Gondry, sur conseil d' Audrey Tautou, est revenu à un cinéma plus traditionnel et personnel après cet " échec " presse (" échec " entre guillemets au sens où l'on n'a jamais remis en question la qualité de cette sublime transposition entre ces lignes), avec une seule caméra, une équipe de tournage réduite et des acteurs inconnus au bataillon. C'est dans ce contexte que sort aujourd'hui son 11 ème long métrage en qualité de cinéaste, le fougueux et hilarant Microbe et Gasoil, en salles le 8 juillet.
Microbe et Gasoil raconte l'histoire de deux amis un peu à la marge (le petit Microbe et l'inventif Gasoil ) qui décident du jour au lendemain de fabriquer leur propre voiture à partir d'un moteur de tondeuse et de planches de bois pour partir à l'aventure sur les routes de France. Du pain béni pour le plus américain des réalisateurs français, qui, en demeurant extrêmement fidèle à son style imaginatif et onirique, livre son film le plus personnel et le plus drôle, une sorte de road-buddy-teen-movie (oui, oui) original, généreux et incroyablement nostalgique. Rassurez-vous d'emblée, si Microbe et Gasoil est traversé de moult surprises, on y retrouve tout de même tout ce qui fait le sel du cinéma de Gondry : 15 trouvailles visuelles à la minute, dont la principale est cette fois le sujet même du film, au moins dans la première partie (après le pianocktail de L'Écume des Jours, la machine à remonter le temps d'une seconde de La Science des Rêves ou encore les films suédés de Be Kind Rewind , place aujourd'hui à la voiture-maison, objet extraordinaire construit à la main et appelé à devenir culte), ses thèmes de prédilection (le passage à l'âge adulte, les souffrances de l'enfance, le refus de se conformer à un certain moule, les rêves, le retour en arrière...), des visages connus ( Audrey Tautou, déjà présente dans L'Écume des Jours , est très touchante en mère bienveillante) mixés à de nouvelles têtes ( Ange Dargent et Théophile Baquet, tous deux convaincants), quelques envolées oniriques, une sensibilité poignante et une mise en scène certes plus épurée mais qui reste tout de même aux petits oignons. Que ce soit à travers le portrait juste et étonnant de ces deux antihéros pas encore ados mais plus vraiment enfants, ce parfum nostalgique (la fête foraine, le concours de dessins, la rentrée des classes, les moqueries des camarades...), ces vannes poilantes (sur Shakira et la ringardise des scooters notamment) ou ce ton léger, libre et résolument optimiste avec lequel il aborde son histoire, le réalisateur fait mouche et touche en plein cœur à chaque instant. Pour appuyer ce crédit, le récit gentiment naïf est porté par un duo d'acteurs complices, et une flopée de scènes ludiques plaisantes (le passage dans le bordel coréen et la course-poursuite avec l'équipe de football valent le détour). Tout fonctionne, Microbe et Gasoil se profilant dès lors comme une sorte de Moonrise Kingdom mélangé à Diabolo Menthe (le film de Kurys est d'ailleurs cité comme référence par Gondry), qui viendrait rencontrer Le petit fugitif et la magie d' Amblin Entertainment, le tout à la sauce Gondry. Microbe et Gasoil est une parenthèse enchantée, un gâteau sucré qu'on aurait envie de savourer en famille, une somme de l'art Gondryien. Avec ce onzième film, le réalisateur creuse son sillon et signe un buddy movie initiatique solaire d'une maîtrise totale.
Titre Original: MICROBE ET GASOIL
Réalisé par: Michel Gondry
Genre: Comédie
Sortie le: 08 juillet 2015
Distribué par: StudioCanal
TOP NIVEAU