« Ex-agent des forces spéciales, Jim Terrier est devenu tueur à gages. Jusqu’au jour où il décide de tourner la page et de se racheter une conscience en travaillant pour une association humanitaire en Afrique. Mais lorsque son ancien employeur tente de le faire tuer, Jim n’a d’autre choix que de reprendre les armes. Embarqué dans une course contre la montre qui le mène aux quatre coins de l’Europe, il sait qu’il n’a qu’un moyen de s’en sortir indemne : anéantir l’une des organisations les plus puissantes au monde… »
Avec Olivier Megaton, Camille Delamarre et McG lorsqu’il a du temps à perdre, Pierre Morel fait partie intégrante des réalisateurs que l’on accouplent facilement à la société de production française de Luc Besson. Les projets s’enchaînent et se ressemblent de plus en plus, mais à notre grande surprise, Pierre Morel cherche à être indépendant vis-à-vis de cette société. Pour son nouveau projet nommé Gunman, le réalisateur français a fait appel à plusieurs sociétés de productions tels que StudioCanal et TF1, mais pas de EuropaCorp en co-producteur ou distributeur. Ce qui est surprenant puisque comme vous allez vite le comprendre, ce Gunman a tout du divertissement à gros budget de chez EuropaCorp. Après le très bon Taken, le médiocre From Paris With Love, Pierre Morel continue-t-il sa dégringolade avec ce Gunman ?
Contrairement à ses deux premiers films, Gunman n’est pas une histoire originale puisqu’il s’agit de l’adaptation d’un roman. Publié en 1981 et écrit par Jean-Patrick Manchette, le roman La Position du Tireur Couché avait déjà été librement adapté par Robin Davis dès 1982 avec le film Le Choc. L’on pourrait donc envisager ce nouveau long-métrage comme un remake, mais au vu de l’histoire qui est adapté, ce long-métrage pourrait donc être le remake d’une bonne centaine de films. Parce que oui, Gunman raconte l’histoire d’un tueur à gages sous couverture qui après l’exécution d’un contrat doit disparaître. Laissant femme et chien derrière lui, jusqu’au jour où son passé va le rattraper. Prévisible, téléphoné et totalement sans intérêt le scénario de ce film n’est pas mal écrit grâce à une structure en trois temps qui pose les bases avant de passer à l’action, mais il est inintéressant au possible. Du premier au dernier acte, le spectateur voit venir chaque élément et à aucun moment il ne sera prit par surprise. On aurait pu trouver secours auprès des dialogues, ainsi que des personnages puisque le film possède un casting attrayant ne demandant qu’à être bien exploité, mais il n’en est rien. Les dialogues sont risibles et les personnages ne sont autres que des stéréotypes des personnages du film d’action.
Gunman est l’archétype même du film d’action. De son écriture à sa technique, rien n’y échappe. Il n’y a pas un détail, un retournement de situation, un monologue dramatique, une course poursuite ou une fusillade qui n’ai pas été déjà vu dans une centaine de films. Néanmoins, nous ne sommes pas face à une nouvelle réalisation d’Olivier Megaton. Pierre Morel ne possède pas véritablement de pâte de metteur en scène, là où un Michael Mann ou Fred Cavayé pour ne citer qu’eux, se distinguent du restant du panel, mais il lui arrive d’avoir quelques bonnes idées. Notamment en termes de cadrage. Il arrive à trouver des angles de caméra qui permettent de rendre des scènes d’actions lisibles et d’ajouter un souffle épique ou dramatique à certaines situations. C’est léger, mais grâce à ça, Gunman possède quelques bons moments d’action. Certaines scènes d’actions sont efficaces, grâce à un montage qui même si trop dynamique par moment, ralentis la cadence lorsqu’il le faut. En termes de réalisation, le film manque tout de même de souffle et d’aération. Ouvrir les angles, agrandir le champ de vision permettrait de sortir d’une dynamique redondante qui est d’enchaîner les plans à la seconde pour faire croire que la scène de combat ou fusillade est plus brutale qu’une autre.
Film d’action dans la droite lignée de ce qui se fait de plus ou moins convaincant depuis plusieurs années, Gunman cherche à l’image de Taken en son temps, redonner un second souffle à la carrière d’un acteur qui peine. Après Liam Neeson qui depuis enchaîne les films d’action comme il changerait de veste, c’est Sean Penn qui change de registre et casse quelques mâchoires. Ce qui est intéressant avec cet acteur c’est qu’il conserve un jeu qui lui colle à la peau. Un jeu froid et un visage fermé qui veut tout dire et rien à la fois. Dans ce registre, l’acteur s’amuse et laisse parler ses muscles, montrant au passage qu’il a toujours de l’énergie à revendre. Mais au-delà de son simple amusement et du plaisir que peut ressentir le spectateur en le voyant dans un tel registre, on a un rôle qui ne lui permet pas de le laisser exprimer sa colère. Il est froid et méprisant, mais peut également paraître sympathique à d’autres moments, mais le rôle cherche sans cesse à exprimer l’humanisme qui réside en lui. Sean Penn a une gueule qui mériterait un rôle badass et violent. Il l’est dans ce film… durant 15 minutes grand maximum. Le restant du temps il est collé à sa femme ne voulant que son bonheur, car c’est un gentil garçon qui par bonne conscience travail pour des œuvres humanitaires. Il est convaincant, mais ce n’est pas un rôle qui colle à la peau de Sean Penn.
Gunman ou la fausse bonne idée de Pierre Morel. Ce Taken 1.5 représente l’archétype même du film d’action tel qu’on nous en vend à la pelle depuis le début des années 2000. C’est divertissant quelques minutes, durant quelques scènes d’action, mais la prévisibilité du scénario et la naïveté
des dialogues font que la frustration prend rapidement le dessus. Malgré quelques belles idées de mise en scène ou réalisation, Gunman c’est à l’image du divertissement hollywoodien moderne, un film d’action qui cherche le dynamisme par le montage. Entre dynamisme et moments de pause pour relancer l’intrigue qui cherche à faire compliquée pour pas grand-chose, le film se perd et tombe dans le n’importe quoi hollywoodien. Reste ce pauvre Sean Penn, qui malgré toute la bonne volonté du monde peine à convaincre à cause d’un personnage à l’américaine qui cherche à avoir bonne conscience et qui clairement nous énerve. Accompagné par un casting qui ne sait même pas ce qu’il fait là, mention spéciale à un Javier Bardem qui cabotine longuement, contrairement à un Idris Elba qui apparaît deux minutes, ce Gunman a tout du film d’action qui ne cherchait rien de plus que nous divertir, mais qui finalement finira rapidement dans les limbes du genre.