SYNOPSIS: 5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper... Lorsque l'on vous parle de Victoria, c'est en général pour évoquer la performance technique du film : un long plan-séquence de 2h14 tourné de nuit dans les rues de Berlin. C'est effectivement très impressionnant, mais c'est très loin d'être le seul intérêt de ce film exceptionnel. Pourtant le défi technique est bien à l'origine de toute la puissance de Victoria. La caméra ne se coupant jamais, le spectateur ne se résume pas à juste être le témoin des aventures de cette jeune fille dans la nuit berlinoise : il vit ces instants avec elle. Et ça, c'est une expérience que l'on aimerait ressentir plus souvent. La force cinématographique de Victoria est d'abord due au talent des acteurs, tous incroyables, et qui improvisèrent la grande majorité de leurs dialogues (le scénario d'origine ne fait que 12 pages), Laia Costa, la Victoria en question, en-tête. Quelle performance que de montrer sur 134 minutes un spectre aussi large des émotions de son personnage ! Comme l'expliquait le réalisateur lors de notre rencontre, ce sont bien les acteurs et leur capacité à s'adapter aux imprévus d'un tournage en mode guérilla urbaine qui font le film. De par le principe même de ce plan séquence découle également le fait que Berlin devienne un personnage à part entière de l'histoire. Toujours au second plan, mais toujours présente, la ville, vue de nuit, intrigue, froide de ses couleurs mais étrangement bienveillante.
Le plus impressionnant, c'est que l'on se détache rapidement de l'incroyable performance technique, pour mieux plonger dans les conséquences qu'amènent ce choix osé sur le film : les personnages, on l'a dit, ont une puissance rarement vue, mais la tension elle aussi est démultipliée par ce dispositif, puisque l'on sait que jamais le spectateur ne sera sauvé par une ellipse ou un plan de coupe. Ainsi, lorsque l'on passe dans le seconde partie de l'intrigue, le spectateur, qui ne l'a pas vu venir, reste scotché à son fauteuil. Quant aux aspects plus classiques du film, Sebastian Schipper, le réalisateur (également acteur habitué des films de Tom Tykwer), soigne sa copie. Les images sont particulièrement belles pour un film tourné intégralement en caméra portée, et on ose à peine imaginer le travail effectué sur la lumière pour réussir à obtenir un résultat aussi léché. Le directeur de la photo de Victoria, Sturla Brandth Grøvlen , a d'ailleurs remporté un prix spécial largement mérité au dernier Festival de Berlin pour ce film. Le son est également très travaillé, et c'est d'autant plus impressionnant lorsqu'on imagine le défi des ingénieurs de devoir tourner un film alternativement dans une boite de nuit, dans la rue, sur un toit, dans un parking, un café, une chambre d'hôtel, et ce sans pouvoir prendre le temps de régler leurs micros. Œuvre atypique, défi technique, performance d'acteurs, Victoria est un film qui vous souffle et vous accroche à votre siège pendant 2h15 éprouvantes. Nous avons choisis de ne pas trop vous en révéler sur l'histoire, afin de vous laisser toute la surprise de la découvrir sur grand écran. Car vous avez l'obligation d'aller vous prendre une claque devant ce film.
Titre Original: VICTORIA
Réalisé par: Sebastian Schipper
Genre: Thriller Drame
Sortie le: 1er juillet 2015
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