SYNOPSIS
« Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde… »
(Source : Allociné)
LE FILM
Réalisateur : Jaco von Dormael
Scénario : Jaco von Dormael & Thomas Gunzig
Photographie : Christophe Beaucarne
Musique : An Pierlé
Casting : Pili Groyne, Benoît Poelvoorde, Catherine Deneuve, François Damiens, Yolande Moreau…
Sortie française : le 2 septembre 2015
CRITIQUE
Jaco von Dormael avait fait parler de lui en 1990 avec son « Toto le Héros », mais surtout avec « Le Huitième Jour » porté par Daniel Auteuil et Pascal Duquenne qui contait l’histoire d’amitié d’un homme voué à son travail qui se lie d’amitié avec Georges, au mode de vie différent car handicapé mental. Si le réalisateur avait su nous toucher au début de sa carrière, il avait malheureusement sombré dans la lourdeur pour son retour avec le mauvais « Mr Nobody », un film de science-fiction prétentieux et visuellement repoussant.
Avec « Le Tout Nouveau Testament », Jaco von Dormael s’atèle une nouvelle fois à quelque chose pour le moins casse-figure. Si Dieu était un sale type, un alcoolique aigri qui passe son temps devant la télé, et accessoirement, terrorise sa femme et bat sa fille ? Voilà pour le menu. Il nous est servi par la crème du cinéma belge : Poelvoorde, Damiens, Larivière, Leysen, Moreau. Le film prend les allures d’un conte fantastique, narré par la voix-off de la fille de Dieu, Ea, qui décide de trouver six nouveaux apôtres à ajouter aux douze de son frère, J-C, sur les conseils de ce dernier.
Si il est difficile de définir clairement la forme prise par « Le Tout Nouveau Testament » qui use d’un malin plaisir à rendre cette tâche ardu, il va de soi que le film reste avant tout une comédie. Le but ici est de faire rire. Rire à la belge. Un ton grinçant, et un humour noir bien senti qui vient écorner avec joie l’absurdité de notre monde. Déconstruire les préceptes de ses fondations. Le réalisateur se prête à trouver de la poésie dans ce qui semble laid en apparence. On se réjouit à découvrir ce Dieu abjecte qui évolue dans un univers qui ferait penser à celui de Jean-Pierre Jeunet, et l’on saluera la qualité de la direction artistique dans un premier temps.
Malheureusement, le réalisateur superpose ses situations sans prendre le recul suffisant pour apporter l’impact nécessaire, et fait ressembler le film à un amas écœurant d’idées éparses. À trop se concentrer sur la forme, il en oublie le fond avec lequel il aurait pu dire beaucoup. Il se contente de plaire au plus grand nombre de façon assez vulgaire, vidant le film de sa substance initiale.
Son film est saturé par une bande-son qui nous assomme par son pillage du répertoire classique. Et sa mise en scène vorace étouffe le spectateur d’effets, de couleurs, et d’artifices gratuits. Le plaisir éprouvé au début laisse la place à un triste goût en bouche quand vient la fin du film. « Le Tout Nouveau Testament » est très décevant, et avec Jaco von Dormael on était en droit d’attendre bien mieux.