Jean-François Richet change de registre le temps d'un film et met en scène une production de Thomas Langmann. Un moment d'égarement est le remake d'un film de 1977 réalisé par Claude Berri, père du producteur susnommé. Lisa Azuelos ( LOL, Une rencontre) signe le scénario. François Cluzet et Vincent Cassel remplacent Victor Lanoux et Jean-Pierre Marielle, tandis qu' Alice Isaaz et Lola Le Lann se substituent à Christine Dejoux et Agnès Soral.Jean-Pierre Marielle, 44 ans, entamait ce qui s'apparente à une liaison avec la fille de son meilleur ami, âgée de 17 ans, Vincent Cassel, 45 ans dans le film, lui, cèdera aux avances d'une jeune fille du même âge entreprenante, regrettera, puis la repoussera. Thomas Langmann a visiblement eu envie de rendre hommage au cinéma de son père en commandant ce remake d'un film de mœurs de 1977, ce qui peut au premier abord laisser songeur quand on pense que l'œuvre originale interrogeait sur la place de la femme dans la société de l'époque et sur l'institution du mariage, au moment où le divorce commençait à être accepté. Quand Lanoux se livraient à un beau numéro d'indécrottables machos, qui tentaient de se persuader que le divorce ne pouvait que les libérer de leurs femmes et leur rendre la vie plus belle. Les mêmes propos seront placés dans la bouche d'une quarantenaire fraîchement séparée qui expliquera à Lanoux qu'elle a enchaîné 12 hommes différents en autant de soirs depuis sa séparation et qu'elle a besoin d'une certaine indépendance. La principale difficulté pour Marielle et François Cluzet (le mari quitté et l'ami trahi), qui n'est que la caricature d'un père beauf, colérique et incapable de voir ce qui se déroule pourtant sous ses yeux. Richet était donc de redonner un sens à ce discours vieillot en l'adaptant à la société de 2015. Et c'est principalement là que le bât blesse, notamment à cause de l'écriture du personnage campé par
" Aidé " par Lisa Azuelos à l'écriture du scénario, Richet tentera de s'extirper du film de mœurs et de la réflexion sur le couple en utilisant l'humour. Le personnage joué par Cluzet ne parvenant jamais à décoder les volontés pourtant claires de sa femme, il est rapidement détourné pour représenter le dindon de la farce. Force est de constater que la plupart des gags autour de lui fonctionneront à merveille, contribuant à donner une espèce de légèreté à un film qui aurait rapidement pu sombrer dans un contexte malsain ou dans le pathos. On regrettera quelques tirades machistes d'un autre temps (1977, peut-être?) ou encore la caractérisation sommaire des adolescentes. Alice Isaaz est d'ailleurs clairement sous-exploitée ici, au vu de son potentiel et de la justesse de son jeu. Vincent Cassel, en mâle désireux de tout contrôler, est presque parfait, tandis que Cluzet cabotine mais assure l'essentiel, handicapé par un personnage écrit à la truelle. La jeune Lola Le Lann, dont c'est la première apparition à l'écran, peine à incarner son personnage. Si elle parvient à utiliser son charme et à faire preuve d'une présence suffisante pour nous faire croire à la faiblesse de Cassel, elle ne parvient pas à donner la réplique de façon convaincante. Elle récite plus qu'elle ne joue et tous ses dialogues sonnent faux, ou presque. On passe tout de même un bon moment en visionnant ce remake quelque peu anachronique, sauvé de son regard sur les moeurs par un humour très présent, qui permet de désamorcer un sujet un peu lourd. En se contentant de recopier le scénario dans ses principaux actes, Lisa Azuelos ne propose rien de neuf en termes de narration ou d'étude des mœurs. La gestion du suspense est habile, même si cette réussite doit principalement à la trame imaginée par Claude Berri. On se met facilement dans la peau des différents personnages et on vit comme un thriller l'enquête menée par Cluzet quand sa fille lui apprend qu'elle a couché avec un homme de 45 ans. La transformation du film en semi-comédie était quant à elle une idée salvatrice, offrant quelques beaux moments. On pourra tout de même regretter au passage que les envolées des adolescentes de la version 2015 ne provoquent que le rire, quand celles des jeunes filles de 1977 amenaient à réfléchir. Jean-François Richet, bien loin de l'univers de son biopic consacré à Mesrine, s'en tire avec les honneurs, en détournant quelque peu un sujet ancré dans une autre époque et dont le fond ne pouvait que difficilement apporter quelque chose de plus aujourd'hui. Le cinéaste parvient également à utiliser la cadre Corse de façon esthétique, offrant une plus-value visuelle intéressante au long-métrage.
Réalisé par: Jean-François Richet
Lola Le Lann...
Genre: Comédie Dramatique
Sortie le: 24 juin 2015
Distribué par: Mars Distribution
Catégories: Critiques Cinéma
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