genre: animation, gore, horreur, trash, pornographique (interdit aux - 18 ans)
année: 1989
durée: 1h45
l'histoire :
Selon la légende, trois univers coexistent sur notre planète: le monde des humains, le monde des hommes-bêtes (Jiyujinkai), et le monde cauchemardesque des démons (Makai), capables de se fondre dans le corps de jeunes filles. Tous les 3000 ans naît Chojin, un démon qui a le pouvoir d'unir ces trois mondes en une Terre d'éternité. Mais qui est le Chojin ?
La critique :
"Hentai" est un mot japonais qui signifie "métamorphose", "anormalité" et "perversion". Chez nous, le mot est utilisé pour désigner les mangas et les films d'animation à caractère pornographique. Les titres les plus connus se nomment Urotsukidoji, Angel of Darkness et Dragon Pink. Aujourd'hui, c'est Urotsukidoji, la légende du démon, réalisé par Maeda Toshio en 1995, qui nous intéresse.
En l'occurrence, Urotsukidoji n'est pas vraiment considéré comme un hentai de facture classique, puisque le film d'animation mélange à la fois le sexe et le gore. Ensuite, Urotsukidoji peut se targuer de posséder un vrai scénario, ce qui n'est pas vraiment le cas de la plupart des hentai.
Le manga d'origine est créé en 1986 par Toshio Maeda lui-même, qui décide de transposer et de décliner son univers dans une série d'animation en six épisodes, ou plutôt six OAV. Le plus connu reste évidemment le premier chapitre. Les opus suivants sombreront dans le vulgaire, le gore de pacotille, ne parvenant jamais à retrouver la force, la puissance et l'irrévérence de ce premier opus.
Attention, SPOILERS ! Les humains se croient les maîtres du monde, mais ils ignorent que, parallèlement au leur, existent deux autres mondes : celui des Makai, des démons, et celui des Jyujinkai, des êtres mi-bêtes mi-hommes. Une légende raconte que, tous les trois mille ans, le Chojin apparaît sous la forme d'un humain afin de réunir les trois mondes.
L'heure semble enfin arrivée. Amano, du monde des Jyujinkai, est sur Terre depuis trois cents ans pour retrouver le nouveau Chojin avant les Makai. Il se pourrait que l'être tant recherché soit un étudiant de l'université Myojin. Son choix se porte sur Osaki, vedette de l'équipe de basket. La sœur d'Amano, Megumi, pencherait plutôt pour Nagumo, un imbécile heureux duquel émane de puissants relents démoniaques… La légende deviendra-t-elle réalité ?
Au moment de sa sortie, Urotsukidoji, la légende du démon fait l'effet d'une petite bombe. Il se situe dans la lignée de Wiked City - La Cité Interdite, de Yoshiaki Kawajiri, mais en nettement plus trash.
Cependant, Urotsukidoji emprunte une voie ou plutôt un scénario peu ou prou similaire. Là aussi, il est question d'univers parallèles qui nous échappent, mais néanmoins en interrelation avec le nôtre. Ces trois mondes (encore une fois, les humains, les Jyujinkai et les Makai) s'entrecroisent, s'entrechoquent et sont amenés à se rencontrer via une guerre sanglante et sexuelle entre ces différentes entités.
Néanmoins, cette mécanique quantique n'est pas vraiment la priorité du scénario. Ne vous attendez pas à une réflexion très poussée sur ces dynamiques complexes. En vérité, Urotsukidoji préfère se concentrer sur ses principaux personnages. En l'occurrence, ces derniers ne présentent qu'un intérêt assez relatif.
Il faudra se contenter d'une star du basket dans son lycée, qui brille surtout par sa condescendance et son égocentrisme ; d'une sorte de bénêt qui se castre le pénis et devient un psychopathe en quête de revanche sur la gente féminine, et d'un héros (Nagumo) sexuellement frustré et adepte de l'onanisme. Pourtant, c'est bien le même Nagumo qui semble être le dernier espoir d'une humanité condamnée à disparaître et à s'anéantir. Sous ses faux airs de comédie gore qui ne vole pas beaucoup plus haut que le bas de ceinture, Urotsukidoji se veut beaucoup plus sombre, pessimiste et nihiliste qu'il en a l'air.
Toshio Maeda ne fait clairement pas dans la dentelle et le bon goût. Les personnages féminins sont réduits à de vulgaires esclaves sexuels destinés à assouvir les satyriasis de leurs assaillants psychopathes.
Pour le réalisateur, chaque être humain possède son propre démon. Hélas, Urotsukidoji est loin d'être irréprochable. Certes, on relève tout de même une ébauche de scénario. Toutefois, le script a tendance à partir dans tous les sens et à privilégier les scènes pornographiques. Sur ce dernier point, le film d'animation se montre volontairement outrancier.
Viol, fellation, corps qui explosent sous des jets de sperme qui prennent la forme de véritable fontaine de jouvence (ou de jouissance, vous choisirez)... Le long-métrage ne nous épargne rien. Paradoxalement, malgré ses effets tapageurs et ultraviolents, Urotsukidoji ne parvient jamais (ou presque) à choquer. Le film vise avant tout à séduire un public adolescent et surtout les fans acharnés de hentai. Néanmoins, reconnaissons que le film possède tout de même une certaine originalité.
Il a le mérite de se détacher totalement des animés habituels et de proposer un nouvel univers, parfois passionnant, mais qui aurait mérité une toute autre exploitation.
Note: 12.5/20
Alice In Oliver