Un cadreur se rêve réalisateur d’un film d’horreur. Il contacte un producteur qui s’engage verbalement à suivre le projet à condition que sous 48 heures le cadreur trouve un cri d’effroi susceptible de lui faire remporter un Oscar.Un pitch hallucinant comme Quentin Dupieux sait en inventer. Et c’est bien là, la qualité première du film ; un traitement par l’absurde d’une critique du petit monde du cinéma. Cette mise en abyme par un regard hyper décalé et drôle n’est pas sans rappeler une autre référence française : Delépine/Kervern… même si Quentin Dupieux se rêverait certainement David Lynch à travers ce récit gigogne, en témoigne cette réplique du film : « Kubrick mes couilles ». Déroutant comme un Lynch, on pense à plusieurs reprises au mythique « Mullholland Drive » de part sa construction à tiroirs où les rêves sont dans d’autres rêves et cela sans fin. Habile dans son montage, les trois histoires initiales autonomes dont une seule semble être fictionnelle se regroupe dans la dernière partie du film avec cohérence… mais sans jamais résoudre la problématique posée : quand est-on dans le rêve et quand est-on dans la réalité ? Sur la forme, c’est donc talentueux et construit avec un fort souci artistique. Quelques dialogues portés avec talent par Chabat et un Lambert inspirés.Par contre, le concept attractif finit dans son dernier tiers par tourner à vide, le fond est un peu trop pauvre pour un long même court (1h25). Dupieux exploite sa bonne idée et la recycle au travers de rêves sans cesse réitérés mais pas assez renouvelés.Du talent mais manque de fond
Sorti en 2015