Critique – Le Beau Monde

Critique de Le Beau Monde, un film réalisé par Julie Lopes-Curval

Sorti à l'été dernier, Le Beau Monde, réalisé par Julie Lopes-Curval qui avait fait ses preuves derrière la caméra de Bord de Mer en 2002 puis de Toi et Moi en 2006, raconte l'histoire d'amour entre deux amants dont les chemins auraient pu ne jamais se croiser. Antoine, fils d'une famille bourgeoise de Bayeux, s'éprend d'Alice, la fille d'une ouvrière au chômage et qui se passionne pour le travail de la laine. C'est l'itinéraire de ces deux jeunes gens, ponctué d'une réflexion esthétique sur le monde qui nous entoure, que retrace la réalisatrice, dont le point de vue romantique imprègne chaque séquence.

Une fresque aussi bien sociologique que psychologique

Alice et Antoine s'aiment, et pourtant tout les oppose. Alice, dont le personnage est joué par Ana Girardot que l'on a récemment vue briller aux côtés de Pierre Niney dans l'excellent thriller Un Homme Idéal, est une jeune femme timide, réservée, qui cherche à tout prix à s'intégrer dans ce que son amant décrira comme " le beau monde ". Lui, qui a quitté la prestigieuse école parisienne HEC pour se consacrer à sa passion pour la photographie, aspire à une vie de contestation : contestation des codes de la société à laquelle sa famille appartient, contestation de l'autorité parentale, contestation enfin du règne des apparences auquel il semble avoir échappé. Mais l'on ne choisit pas ses parents, et le gouffre qui sépare les deux familles est tellement béant qu'il pourrait mettre le jeune couple en danger.

Un tableau de l'attente

Ce qui caractérise Le Beau Monde, au-delà de la peinture en diptyque des deux protagonistes, pourrait se résumer en un mot qui est d'ailleurs celui sur lequel planchera la jeune étudiante en broderie pour son projet de fin d'année : l'attente. Elle attend de lui qu'il lui ouvre les portes du beau monde, du moins subrepticement, afin qu'elle puisse apercevoir ce qui se passe de l'autre côté de la barrière sociale. En échange, il lui permet, en lui transmettant une partie de la culture qu'il a reçu, de pénétrer un milieu qui lui était au départ hostile, celui de la mode. Alice, quant à elle, attendra à plusieurs reprises son amant, qui ne viendra pas, qui ne viendra plus. De son côté, il attendra lui le retour du désir.

Un florilège de clichés en toile de fond

Néanmoins, s'il faut bien trouver un petit défaut à ce film, c'est dans le grossissement des traits que l'on pourrait le trouver. En effet, la réalisatrice nous livre ici le récit d'une histoire d'amour d'un point de vue assez candide, comme le soulignent les nombreuses scènes d'amour où les corps pâles s'entrelacent dans de longues étreintes. Le motif floral, qui est au cœur des œuvres d'Alice, est également une marque de cette empreinte romantique que Julie Lopes-Curval donne à son film. Le summum du romantique est à chercher du côté des fragrances qu'Alice permettra de créer à partir de ses compositions à son ami Harold. De même, les scènes champêtres sur le bord de mer normand, les plans sur les baignades à Arromanches immortalisées par les argentiques d'Antoine, tout ceci confère une dimension bohème au film Le Beau Monde. Les clichés sont également à trouver du côté du clivage social qui sépare les familles des amants : d'un côté, la famille bourgeoise, le père absent et la mère frustrée très pesante, de l'autre côté une mère rondelette et bon enfant qui incarne la simplicité au côté de son nouveau compagnon. L'attente tant espérée d'une rencontre entre ces deux mondes va plonger les tourtereaux dans un tourbillon de tourmentes, qu'illustrera à merveille la dernière chanson du film, " Même sous la pluie ", de Françoise Hardy.

  • La simplicité d'une jolie histoire d'amour
  • L'atmosphère conférée par le son et l'image
  • Le scénario trop classique, même si bien travaillé
  • Les traits un peu forcés de certains personnages

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Critique – Le Beau Monde

  • Titre : Le Beau Monde
  • Année de sortie : 2014
  • Style : Comédie dramatique
  • Réalisateur : Julie Lopes-Curval
  • Synopsis : Alice, 20 ans, vit à Bayeux. Elle travaille la laine, crée des teintures, confectionne des vêtements. Elle ne sait que faire de ce talent inné, jusqu'à ce qu'elle rencontre Agnès, une riche parisienne, qui l'aide à intégrer une prestigieuse école d'arts appliqués. Alice laisse tout derrière elle pour aller vivre à Paris. Elle y rencontre Antoine, le fils d'Agnès. Entre eux nait une passion amoureuse. Antoine trouve chez Alice une sincérité et une naïveté qui l'extraient d'un milieu bourgeois qu'il rejette. Alice, grâce à Antoine, découvre de l'intérieur un monde qui la fascine, " le beau monde ". Il lui offre sa culture, elle se donne à lui toute entière. Au risque de se perdre...
  • Acteurs principaux : Ana Girardot, Bastien Bouillon, Baptiste Lecaplain
  • Durée : 1h35