Hobo With A Shotgun (Mon Nom Est Personne)

Par Olivier Walmacq

genre: action, gore (interdit aux - 16 ans)
année: 2011
durée: 1h25

l'histoire : Un clochard fait régner la justice dans une ville grâce à son fusil à pompe. 

La critique :

En 2006, pour la promotion de Boulevard de la Mort et de Planète Terreur, Quentin Tarantino et Robert Rodriguez décident de lancer un dyptique, les deux films étant séparés par une série de fausses bandes annonces. Le public étant au rendez-vous pour les deux films, plusieurs longs-métrages estampillés Grindhouse sont eux aussi réalisés dans la foulée.
C'est par exemple le cas de Machete, Werewolf Women of the SS, Don't, Thanksgiving et de Hobo With A Shotgun. Ce dernier film est réalisé par un certain Jason Eisener en 2011. Hobo With A Shotgun n'aura pas le droit aux faveurs du cinéma et sortira directement en vidéo.

Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Rutger Hauer, Molly Dunsworth, Brian Downey, Gregory Smith, Nick Bateman et Rob Wells. Il y avait bien longtemps que l'on n'avait plus entendu parler de Rutger Hauer, surtout connu pour avoir interprété le grand méchant dans Blade Runner. Depuis, l'acteur ne s'est pas spécialement ennuyé et a enchaîné les longs-métrages.
On se souvient notamment de lui dans Hitcher (la version de 1986, pas le remake faisandé), ou encore dans Ladyhawke, la femme de la nuit. Mais au début des années 1990, Rutger Hauer se fait beaucoup plus discret. Il faudra attendre l'année 2005 pour le voir dans Sin City, néanmoins dans un rôle secondaire.

Avec Hobo With A Shotgun, Rutger Hauer retrouve enfin un premier rôle au cinéma. Reste à savoir ce que vaut concrètement ce nouveau Grindhouse. Jusque-là, les différents rejetons de Tarantino, Rodriguez et consors n'ont pas spécialement convaincu. C'est par exemple le cas de Boulevard de la Mort, de Machete et de sa suite. Rassurez-vous : Hobo with a shotgun reste à ce jour le meilleur Grindhouse, et de loin. Ce direct-to-video vient même donner la fessée à tout le monde.
Attention, SPOILERS ! Drake est un criminel aussi dangereux que sadique qui dirige la ville d'Hopetown avec ses deux fils psychopathes, Ivan et Slick. Un clochard débarque dans cette ville avec pour projet de s'acheter une tondeuse à gazon et de démarrer une activité de paysagiste.

Il se retrouve au centre ce chaos urbain où la criminalité et la violence règnent. Le clochard ignore la folie autour de lui jusqu'au moment où il décide de défendre une prostituée nommée Abby face à Slick. Après avoir assommé puis livré ce dernier à la police, le hobo fait la connaissance du chef de la police et découvre qu'il répond aux ordres de Drake, comme la plupart des policiers de la ville.
En l'occurrence, Jason Eisener réalise un western urbain, gore, vulgaire, outrancier et qui ne se refuse aucune excentricité dans la débauche de sexe et de violence. Sur ce dernier point, le sdf de service, évidemment interprété par Rutger Hauer, apparaît comme une sorte de Clint Eastwood des temps modernes, qui vient faire le ménage dans la ville.

La référence principale du film est évidente. Elle se nomme Mon Nom Est Personne, un western spaghetti réalisé par Tonino Valerii en 1973. Au niveau de ses influences, Hobo With A Shotgun n'est pas sans rappeler la plupart des vigilante movies des années 1970, entre autres, Un Justicier dans la Ville. Mais le film de Jason Eisenher vient également renifler du côté des productions Troma, avec un humour gras, potache et égrillard. Néanmoins, Hobo With A Shotgun se démarque clairement des séries Z via une réalisation soignée et assez stylée.
Cette nouvelle production Grindhouse est clairement destinée à marquer les esprits et à devenir un film culte.

Vous pouvez donc oublier les longueurs lancinantes et lénifiantes de Boulevard de la Mort. Hobo With A Shotgun enterre tous ses concurrents avec une facilité déconcertante. Le film se divise en deux parties très distinctes. La première nous décrit une cité urbaine chaotique, désormais dominée par les criminels et un mafieux despotique. Ce dernier contrôle évidemment la police.
Dans cette ville en proie à la violence et à la loi du plus fort, un clochard anonyme est à la recherche d'une tondeuse à gazon. Il se prend alors d'affection pour une prostituée, Abby. Pour ce sdf au grand coeur, il est temps désormais de prendre les armes et d'éradiquer à sa manière la racaille. C'est la seconde partie du film.

Clairement, Jason Eisenher ne nous épargne rien : un père noël pédophile, des prostituées violées et rudoyées, deux tueurs à gages version "Robocop" qui se cachent derrière des armures indestructibles, des criminels sadiques et une ville gangrénée par le vice, le crime et la corruption. A partir de là, Jason Eisener nous délivre un véritable festival de tueries, de gore, d'ultraviolence, de trash et de mauvais goût avec de nombreuses séquences jubilatoires. Surtout, le film se montre d'une irrévérence totale. 
C'est par exemple le cas lorsque des gosses un peu trop pleurnichards sont carrément brûlés au lance-flamme dans un bus scolaire. Hobo With A Shotgun n'est pas seulement un film gore et grivois. Le long-métrage est justement interdit aux moins de 16 ans. Jason Eisener n'hésite pas à sacrifier et à crucifier ses héros dans une bobine crade, parfois malsaine, mais d'une exubérance jubilatoire.
Bref, Hobo With A Shotgun est bel et bien la boucherie annoncée. Si l'ensemble manque parfois un peu de spontanéité (par exemple, l'hommage aux séries B des années 1970 est un peu trop appuyé...), on aurait tort de faire la fine bouche et de ne pas déguster la barbaque ! Garantie 100 % pur jus !

Note: 15/20

 Alice In Oliver