FESTIVAL ET SCANDALES – Acte I

Par Le Cinéphile Anonyme @CinephilAnonyme

Premier chapitre de la série « Festival et Scandales » (envie de lire les autres ?)

Le Festival de Cannes. Douze jours de stars, de strass et de scandales. A chaque cérémonie ses polémiques, couacs et accidents en tout genre. Et en 2014, qu’est ce qui fera parler sur la Croisette ? En attendant la réponse, revenons sur douze scandales qui ont marqué l’histoire du Festival de Cannes.

12- « Ok, I’m a Nazi »
2011

« Mon devoir c’est de provoquer, parce que c’est ainsi qu’on fait de bons films », déclarait Lars Von Trier en 2005. Mission accomplie lorsqu’en 2011, le réalisateur danois devient la persona non grata de la Croisette après ses déclarations sur Hitler et le nazisme.

Cette année là, Lars Von Trier est en compétition pour la Palme d’Or avec son film Melancholia. Le cinéaste est alors au sommet de son art, même si ses oeuvres ont souvent choqué, même sur la Croisette où Antichrist avait fait polémique deux ans plus tôt. Le 18 mai, le réalisateur se rend à la conférence de presse suite à la projection de son film. Il évoque tour à tour sa « sympathie pour Hitler », « ses origines nazies », le fait que « Israël fasse vraiment chier »… puis conclue en se demandant comment il va se sortir de là.  Il ne trouvera rien de mieux que de dire grand sourire aux lèvres : « Ok, I’m a nazi ».

Simple provocation, formules maladroites ou déclaration censée ? Les propos de Lars Von Trier mirent mal à l’aise toute la salle. Les journalistes furent déboussolés face à de telles paroles. Même l’actrice Kristen Dunst, aux côtés de Lars Von Trier tout au long de l’interview laissa sortir un discret « Oh my God », qui traduisait le choc face aux mots employés par le cinéaste danois. Finalement, Lars Von Trier publiera un communiqué précisant qu’il « n’était pas nazi, anti-sémite ou raciste » et qu’il s’était laissé aller à la provocation. La direction du Festival de Cannes s’indigna des propos du réalisateur, rappelant que « cette manifestation ne pouvait être le théâtre, sur de tels sujets, de semblables déclarations ».

11- Fusillade sur la Croisette
2013 

« La chronique de Mouloud a commencé quand nous avons entendu trois coups de feu. Et d’un coup, tout le monde a quitté les gradin », confiait un témoin de la scène. Il est 20h07, le 17 mai lorsqu’un homme tira en l’air avec un pistolet d’alarme et menaçant de se faire exploser à l’aide d’une grenade.

Le Grand Journal de Cannes est l’émission phare du PAF pendant les deux semaines du Festival. C’est un passage obligé pour toutes les stars de la Croisette et tout français cinéphile a les yeux rivés dessus chaque soir, à partir de 19h. Le soir du 17 mai, les invités étaient Christopher Waltz et Daniel Auteuil, tous les deux membres du jury. Alors que Mouloud Achour arrive pour sa chronique, des coups de feu retentissent et c’est la panique. Animateurs, invités, spectateurs, techniciens, tout le monde envahit le plateau par peur d’un attentat ou d’un quelconque massacre. L’homme est vite maîtrisé par les services de polices et l’émission, après 30 minutes d’interruption, reprend avec un Michel Denisot qui se veut avant tout rassurant.

L’homme a depuis été jugé, et condamné à dix-huit mois de prison fermes. Longtemps présenté comme un détraqué, l’homme était considéré, pendant le procès, davantage « comme un terroriste qu’un illuminé ». Juste avant qu’il se lance, il aurait confié à une spectatrice : « Si j’étais vous, je ne resterais pas là »… de quoi donner des sueurs froides aux plages chaudes de la Croisette !

10- Adjani, la diva incontestée
1983 et 1997

Isabelle Adjani est une de ces icônes cinématographiques qui agace au moins autant qu’elle fascine. L’histoire de ses scandales sur la Croisette se conte en deux chapitres : le premier en tant qu’actrice et le second comme membre du jury.

Isabelle Adjani, boycottée par les photographes en 1983

Le premier remonte donc à 1983, une époque où tout sourit à Isabelle Adjani. Après avoir tourné en 1981 pour Andrzej Zulawski (Possession) et James Ivory (Quartet), elle a remporté le Prix d’interprétation féminine à Cannes. C’est donc en star incontestée qu’elle débarque sur la Croisette deux ans plus tard pour représenter le long-métrage L’été meurtrier, de Jean Becker. Le jour de la présentation de son film, Isabelle Adjani refuse de se présenter aux séances photos privées des journalistes, rompant ainsi avec le protocole qui veut que chaque star y passe afin de faire la une des titres de presse. Vexés par « les attitudes de diva » de la star, les journalistes se réunissent et décident de bouder la montée des marches d’Isabelle Adjani. Ils posent leur appareils photos à terre et tournent le dos à l’actrice, pendant que celle ci marche sur le tapis rouge, sans le moindre flash d’appareil photo.

Le second chapitre a lui lieu quatorze ans plus tard, en 1997. Isabelle Adjani vit alors une traversée du désert, aussi bien médiatique que cinématographique. Elle est néanmoins désignée Présidente du Jury pour la cinquantième édition du festival. Alors qu’elle aurait pu profiter de ce statut pour redorer son image, c’est tout le contraire qui va se passer. Isabelle Adjani va diriger son jury avec dureté et autorité, leur imposant par exemple de suivre son régime alimentaire… Ces coups de folie vont rapidement agacer les membres du jury, qui se révoltent contre leur présidente. Ils feront en sorte que son film favori, De beaux lendemains (Atom Egoyan), ne remporte pas la Palme d’Or, isolant ainsi encore un peu plus Isabelle Adjani.

9- Pablo Picasso, l’éternel anticonformiste
1953

L’artiste avait manifesté son anticonformisme par sa peinture, qui rompait avec les codes de l’art alors en vigueur. L’homme avait manifesté son anticonformisme par son engagement politique, luttant contre Franco et se battant pour l’avénement du communisme. Le Picasso cannois ne pouvait donc qu’être anticonformiste, lui aussi.

Pablo Picasso montant les marches de Cannes en 1953

En 1953, le Festival de Cannes est davantage une festivité mondaine qu’un rendez-vous du septième art. Venir en robe de soirée pour le femmes et en smoking pour les hommes est donc incontournable et indispensable, afin de briller en société. Mais certains ne l’entendent pas de cette oreille. Pablo Picasso souhaite assister à la projection du long-métrage d’Henri Georges Clouzot, Le Salaire de la Peur, qui passe sur la Croisette. Il contacte alors Jean Cocteau, président du Festival, et lui demande si c’est possible. Celui-ci lui répond que oui, mais qu’il faudra respecter un certain dress code : la tenue de soirée est exigée. Problème, Pablo Picasso n’a pas de smoking… et il ne veut pas s’en acheter un. Finalement, Cocteau accorde à Picasso le droit de venir à Cannes, « dans sa tenue d’artiste ». Le soir du 15 avril, le peintre espagnol se présente donc vêtu d’un costume classique, d’un noeud papillon… et d’une veste en peau de mouton ! Picasso se fait remarquer sur toute la Croisette et devient ainsi le premier festivalier à ne pas respecter le protocole vestimentaire cannois.

A SUIVRE… (LIRE L’ACTE II)