Si la police de San Francisco ne remet pas immédiatement 200 000 dollars à un homme qui vient de commettre un crime, il recommencera au rythme d'un assassinat par jour. L'inspecteur Harry Callahan est sur ses talons.
L'inspecteur Harry- 16 Février 1972 - Réalisé par Don Siegel
Pendant longtemps je n'ai pas eu envie de voir « Dirty Harry » et puis je l'ai vu, une fois d'abord, puis un deuxième et enfin une troisième fois tout récemment. Je peux en conclure une chose très simple, ce film se bonifie avec le temps. Dans la droite lignée du « Bullitt » sous kérosène de Peter Yates, ce film de Don Siegel nous mets au prise avec l'un des flics les plus retors de toutes l'histoire du cinéma, le légendaire et inflexible Harry Callahan. Et quoi de mieux que l'acteur qui joua le Bon dans l'immense film de Leone ? L'inimitable Clint Eastwood trouve un terrain de jeu idéal et un personnage qu'il accompagnera près de 5 fois.
La ville de San Franscisco est une belle ville de la cote Ouest américaine. Elle est connue pour être la ville du célèbre Golden Gate Bridge ou encore du fameux rocher « Alcatraz ». Une ville ou il fait bon vivre en temps normal, car depuis peu, un tueur sème la panique en tuant des gens au hasard. S'imposant comme un être insaisissable, il nargue la police avec beaucoup d'audace et va même jusqu'à exiger 200 000 $ pour arrêter de tuer. La police, le maire et le procureur disent oui aux exigences de ce tueur qui se fait appeler « Scorpio », tout le contraire de leur meilleur limier, celui qu'ils surnomment Harry Le Charognard ou plus communément Harry Callahan. Taciturne, incorruptible et intransigeant, il fait office d'exception dans sa brigade, de par son attitude mais aussi par ses méthodes expéditives. Très vite l'affaire prendra une tournure personnelle et Harry devra se salir les mains pour mettre un terme aux agissements de Scorpio.
Le projet à la base de film mit un certain temps à se développer et a passer de main en main. Au début les deux auteurs Harry Julian Fink et Rita M. Fink ont écrit leur histoire en pensant à John Wayne pour interpréter Callahan mais à cause de la violence du script, il ne voulu pas le faire. Les Finks cédant alors les droits du script à Universal, qui voulait s'en servir pour Clint Eastwood. Ou finalement rien ne se fit, du moins à ce moment là. Mais quand les droits sur le film et les personnages expirèrent, Warner Bros racheta les droits pour en faire un film avec Frank Sinatra. Et pour bien des choses, il ne put le faire et le film fut proposé a bon nombres d'acteurs, Marlon Brando, Steve McQueen ou encore Paul Newman. Tous refusèrent même si Brando ne fut jamais approché officiellement. Le rôle échoua donc sur les épaules de Clint Eastwood, suggéré par Mr Newman.
Un fois engagé, il suggéra d'engager Don Siegel, un réalisateur qu'il connaît et avec lequel il a travaillé plus d'une fois. Des qu'il eu convaincu Universal de le laisser réaliser ce film, Dean Riesner fut engagé pour réécrire le script. Inspiré par les tragiques et toujours irrésolus événements du tueur du Zodiaque, l'intrigue raconte les divers rebondissements d'une traque sans pitié pour la justice, avec au milieu l'avènement d'un policier inarrêtable à la morale qui peut parfois faire grincer des dents. Le film met ainsi en scène une police dépassée et incapable d'agir en conséquence, obligeant l'un des siens à faire ce qu'il se doit être fait en dépit d'une justice qui ne l’appui pas et qui fait fit des victimes. Un point de vue intéressant qui vient contrebalancer la radicalité du personnage et de l’œuvre de Siegel.
Un film noir tout bonnement indémodable qui lance à merveille la saga des « Inspecteurs Harry ». Don Siegel va s'inspirer d'un film sorti quelques années avant, avec lequel il partage pas mal de point commun, l'excellent Bullit. Tout comme dans le film de Yates, l'action se déroule à San-Francisco, le héros est un flic implacable et la musique au combien essentielle ici est aussi composé par Lalo Schifrin. Une influence de choix que Siegel s'approprie à merveille en rendant l'atmosphère aussi électrique que paranoïaque et soutenue par la compo inspirée de Schifrin, le film ne manque pas de consistance. Et Siegel ne se perd jamais, le film a ce qu'il faut de punch et de rythme pour que l'on ne détourne jamais nos yeux de l'écran. A cela il faut rajouter des séquences d'actions bien filmées et maîtrisées avec son lot de scènes cultes, notamment le climax final qui respire la badassitude à mort ! Tout comme les dialogues truculents qui ont certainement du plaire à Michel Audiard.
Le casting est vraiment solide !!! Il s'articule notamment autour de Clint Eastwood. Qui signe ici sa quatrième collaboration avec Don Siegel. Pas la peine d'épiloguer sur sa prestation, sa réputation le fait pour lui, charismatique, imposant, placide, Clint Eastwood est l'image à tout jamais de ce flic qui n'aime personne. Andrew Robinson est vraiment à fond dans le rôle, il joue le jeu à fond et fait de son personnage un détraqué de haut vol. A la fois mystérieux, manipulateur, déchaîné ou encore trouillard, il brouille les pistes à merveille. Les seconds rôles tiennent la comparaison, avec Reni Santoni qui est le nouvel équipier d'Harry, un acteur avec du coffre et une belle présence qui pèse dans le débat, leur relation étant d'ailleurs très saine, bien qu'un poil conflictuelle au début. Pour finir on trouve aussi John Vernom dans le rôle du maire et John Mitchum dans le rôle de l'inspecteur DiGiorgio.Un film culte qui a le luxe de ne pas avoir vieilli ...