Blood Sisters - Senketsu No Kizuna (Le rape and revenge le plus gore de l'histoire)

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Genre: gore, trash, hardcore (interdit aux - 18 ans)
Année: 1999
Durée: 1h26

L'histoire : Asakura et Tokito, deux jeunes et jolies soeurs, se baladent près d'un lac. Asakura se tord la cheville et les deux femmes tentent de regagner la ville lorsqu'elles sont recueillies par un groupe de quatre jeunes hommes à bord d'un van. Les individus, détraqués notoires et violeurs compulsifs, après les avoir soumises aux pires humiliations, les laisseront pour mortes. Un an plus tard, les deux soeurs reviennent sur les lieux de l'agression, bien décidées à faire payer très cher les exactions subies à leurs tortionnaires.  

La critique :

Je ne vais pas vous faire l'affront de vous expliquer ce qu'est le "rape and revenge". Ce fameux sous-genre du cinéma d'horreur (ou du thriller) que tout le monde connaît désormais. Certains avancent la date de 1960, avec La Source d'Ingmar Bergman, pour en déterminer les origines. D'autres le situent encore avant. Mais le rape and revenge moderne est né officiellement en 1972 avec le très culte La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven. Deux autres classiques du genre suivront.
En 1974, Thriller A Cruel Picture, réalisé par Bo Arne Vibenius, et en 1978, Day of the Woman de Meir Zarchi. Après ? Plus rien, sinon une litanie de films putassiers et insignifiants, dont le plus connu demeure le très mauvais I Spit On Your Grave, sorti en 2010. Daisuke Yamanouchi, lui, reste très loin de ces considérations artistiques occidentales.

A l'orée des années 2000, ce réalisateur nippon et ultra underground, spécialisé dans l'extrême, est alors à l'apogée de sa carrière. Tel un cinéaste-boucher insatiable, il débite des films au hachoir comme autant de quartiers de viande : Red Room, Red Room 2, Dead A Go Go ! Girl Hell, Kyoko vs Yuki, Mu Zan E... Avec Alice In Oliver, nous aurons d'ailleurs bientôt l'occasion de vous présenter Mu Zan E, sans doute le film le plus abouti et le plus trash du réalisateur.
Mais à présent, je vous propose de faire connaissance avec une autre de ses oeuvres (toujours aussi poétique) du pape du cinéma hardcore japonais : Blood Sisters. Un rape and revenge sévèrement épicé, réalisé en 1999 (décidément la période faste de Yamanouchi) qui met K.O. tout ce qui existe dans le genre. Cependant, il y a quand même un sérieux bémol. J'y reviendrai. Si le film avait été conçu par un réalisateur européen ou américain, je n'aurais pas hésité à le qualifier de bombe.

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Mais ici, on parle de "Monsieur" Yamanouchi, ce type qui porte la violence et la transgression à des hauteurs stratosphériques. Alors, concernant un tel bonhomme, soyons francs. Blood Sisters constitue une certaine déception. Attention, SPOILERS ! Asakura et Tokito, deux jolies soeurs âgées d'une vingtaine d'années, se baladent tranquillement et prennent des photos près d'un lac. Soudain, Asakura se tord la cheville. Sa soeur la soutient tant bien que mal et les deux femmes tentent de regagner la ville à pied.
Sur la route, elles tombent sur quatre jeunes hommes à bord d'un van. Tout d'abord aimables et avenants, ils deviennent rapidement agressifs. En fait, ils se révèlent être de dangereux psychopathes, avec notamment parmi eux, un attardé mental extrêmement violent et imprévisible. Les quatre garçons emmènent les filles dans une maison isolée où ils les violent, les torturent et les laissent pour mortes, sans oublier de leur graver une croix au couteau sur leur front, signe de reconnaissance de leur gang.

Un an après, les deux frangines sont totalement rétablies. Leur désir de vengeance étant plus fort que tout, elles changent de look, mettent des lunettes noires et se transforment en femmes fatales. C'est tout d'abord Tokito qui commence par aller se balader à nouveau du côté du lac où elle et sa soeur avaient été agressées. Ce qui devait arriver arriva, les quatre jeunes qui rôdaient par là, la draguent et l'embarquent dans leur van. Alors qu'ils l'agressent sexuellement, celle-ci ne montre aucun signe d'émotion.
Asakura surgit alors et massacre sans pitié les deux violeurs. Par la suite, Asakura se chargera de retrouver les deux autres membres du groupe, de les séduire et de les emmener à son appartement. Curieux appartement d'ailleurs, où tous les murs sont recouverts de bâches en plastique comme pour mieux préparer l'emballage des futurs cadavres. La vengeance ultime s'achèvera comme il se doit, dans un bain de sang.

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Daisuke Yamanouchi, durant sa courte (mais prolifique) période cinématographique, n'avait pas coutume de faire dans la dentelle. Et Blood Sisters ne déroge pas à la règle : éventrement avec dégoulinement d'organes, (fausse) éjaculation faciale, arrachage buccal de mamelon, recouvrement d'une fille par les entrailles d'une autre, meurtres ultra gore à l'arme blanche... Côté déviance sexuelle et débordements horrifiques, Yamanouchi respecte parfaitement son cahier des charges et délivre son quota habituel. Le point culminant étant le viol du début qui atteint des sommets de dépravation.
Mais lorsque je parlais d'une certaine déception, je voulais surtout évoquer la manière dont le réalisateur a tourné son film. Je dirais même qu'il l'a un peu bâclé. Les effets spéciaux sont de moindre qualité que dans ses oeuvres précédentes, le film annoncé pour une durée de 86 minutes m'a eu l'air de faire beaucoup moins, et la qualité de l'interprétation masculine (les actrices, elles, sont impeccables) laisse franchement à désirer. Les acteurs surjouent au maximum.

Plusieurs anomalies scénaristiques sont également à signaler : comment expliquer l'absence de séquelle sur le mamelon arraché de Tokito ? Comment les voyous ne peuvent-ils pas reconnaître ces femmes qui ne se cachent que derrière des lunettes de soleil ? Comment la dernière victime ne peut-elle pas se douter d'un traquenard lorsqu'elle voit cet appartement vide et entièrement recouvert de grandes bâches en plastique ? Bref, Yamanouchi gratifie son film de pas mal d'illogismes et ce la reste assez déroutant pour le spectateur. Même si on évolue dans le milieu underground, on est en droit de s'attendre à un minimum de rationalité. Quoi qu'il en soit, voilà encore un film qui risque de faire le débat sur le fait même de son existence. Ce style d'oeuvre à la violence totalement gratuite partagera éternellement les cinéphiles.
Personnellement, autant les torture porn américains ont tendance à me rebuter viscéralement, autant je trouve que ces oeuvres hyper violentes venues du Japon ont un "je ne sais quoi" qui les rend intéressantes, voire fascinantes. Ce ne sera cependant pas le cas de Blood Sisters. Ne contenant aucun message sinon celui de la vengeance, ce film mineur n'apporte rien de plus au "patrimoine" du cinéma asiatique. Au final, c'est un sentiment mitigé qui prédomine. Cette oeuvre trash mais maladroite laissera comme un goût d'inachevé chez l'amateur de curiosités extrêmes, qui pourra se sentir frustré devant les incohérences du scénario et la nonchalance affichée par le réalisateur, manifestement peu concerné sur ce coup-là.

Note : 10.5/20

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