Genre : Action, Science-fiction, Aventure
Année :2014
Durée :1h54
L'histoire : Quand Thomas reprend connaissance, il est pris au piège avec un groupe d’autres garçons dans un labyrinthe géant dont le plan est modifié chaque nuit. Il n’a plus aucun souvenir du monde extérieur, à part d’étranges rêves à propos d’une mystérieuse organisation appelée W.C.K.D. En reliant certains fragments de son passé, avec des indices qu’il découvre au sein du labyrinthe, Thomas espère trouver un moyen de s’en échapper.
La critique :
Inutile de le rappeler mais depuis quelques années, on assiste à l'apparition, dans le monde du cinéma, d'une pléthore de teen-movies grand public, destinés à raviver la soif de plaisir d'un public peu exigeant en matière de qualité cinématographique, et privilégiant davantage l'action et les stéréotypes habituels. Bref, nous sommes la plupart du temps en face d'un cinéma au fond relativement pauvre, mais qui ne manque pas de petites pépites et autres classiques ayant marqué une ou plusieurs générations.
Mais d'abord, qu'est ce qu'un teen-movie précisément ? De nombreuses idées préconçues et souvent fausses ont tendance à dire que c'est un style de blockbuster mettant en scène des adolescents confrontés à l'inconnu, à travers des récits souvent épiques et riches en action pour cacher leur manque de profondeur scénaristique. Alors oui, les récits correspondant à cette description s'y retrouvent, mais un teen-movie n'est rien d'autre qu'un film mettant en scène des adolescents, blockbuster ou non. Parmi les teen-movies notables, on retrouve bien sûr le désormais culte American Pie ou encore le très bon Thirteen pour ne citer que ceux-là.
Maintenant, encore une fois, chaque genre cinématographique contient de très bons crus et des navets. Hélas, le teen-movie n'échappe pas à la règle. La question est de savoir si le nouveau blockbuster tendance, Le Labyrinthe, saura se montrer plus convainquant que les naufrages Twilight, Divergente et dans une moindre mesure Hunger Games. Et heureusement, on peut sans nul doute dire qu'on est en face d'une nouvelle licence (en plusieurs épisodes, cela va de soi pour Hollywood et son imagination actuelle débordante) qui a le mérite de proposer quelque chose de plus ingénieux.
SPOILER : L'histoire débute dans un ascenseur où Thomas, un adolescent temporairement amnésique, se réveille, mais la confusion se volatilise vite quand l'ascenseur s'ouvre face à une horde d'adolescents venus pour l'accueillir. Ceux-ci sont retranchés dans une zone sécurisée et Thomas apprendra vite que le labyrinthe qui les entoure est très dangereux et que personne n'en est jamais revenue. Curieux, Thomas tente de percer le mystère du lieu dans lequel il a atterri et compte bien déjouer l'épreuve du labyrinthe en s'échappant. FIN DU SPOILER
Soyons francs, tout ce programme a l'air plutôt intriguant et le synopsis sait se montrer efficace. L'accroche fonctionne déjà un peu plus que les blockbusters teen-movie habituels, donc un premier bon point. Cependant, est-ce que nous sommes en face d'une innovation ou juste d'un énième blockbuster destiné à des fins purement commerciales ? La réponse est oui et non, mais j'y reviendrai plus tard.
Pour commencer, il est nécessaire de rappeler que Le Labyrinthe est l'adaptation du roman "L'Epreuve" de James Dashner avec un premier tome paru en 2012. Réaliser une adaptation cinématographique d'un livre est une épreuve toujours difficile car combien de réalisateurs n'ont pas su adapter correctement le manuscrit d'origine ? Certainement beaucoup. Malheureusement, ici je ne peux pas me prononcer étant donné que je ne l'ai pas lu, mais les critiques furent assez enthousiastes.
Mais oublions notre chapitre de littérature et revenons au point le plus essentiel du récit : le scénario est il bon ? Et je répondrai que OUI : on a là quelque chose qui se démarque des Twilight et compagnie par un déroulement intriguant saupoudré de divers retournements de situation, avec en prime une mise en scène plutôt efficace et les temps morts sont quasiment inexistants. Diantre, nous sommes plutôt bien parti, pour l'instant !!!
Wes Ball cherche toujours à capter l'attention de son spectateur et y arrive assez bien en nous offrant un montage efficace. Il est d'ailleurs à noter que tout le déroulement du film se fera du point de vue du héros de l'histoire, donc Thomas, et jamais la caméra ne le quittera. On évolue vraiment avec ce personnage en apprenant les choses au même moment que lui, ce qui est assez sympathique.
Encore une fois, l'aspect scénaristique en général est bien foutu et le réalisateur parvient à donner une âme propre au labyrinthe en le rendant impressionnant, mystérieux et d'apparence infinie. Ce labyrinthe n'est évidemment pas sans danger vu que de mystérieuses et redoutables créatures, les Veilleurs, pullulent et n'hésitent pas à dévorer les aventuriers un peu trop téméraires. Pourquoi sont ils là ? Quel est le but de tout cela ? Je ne développerai pas davantage, mais au risque de me répéter, sachez que le récit est relativement complet pour une durée d'à peine 1h50.
aintenant, peut on décemment parler d'une pépite et d'une nouvelle référence ? Je suppose que vous vous en doutez, mais la réponse est non. Le Labyrinthe est un film particulièrement sympathique, mais infesté de défauts fâcheux qui sont propres aux teen-movies grand public du 21ème siècle. Tout d'abord, on a la traditionnelle armée de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, entre le petit gros gentil un peu victimisé, le méchant de service avec sa bouille de bébé (qui est celui qui a fait le casting s'il vous plait ?), le chinois mystérieux posant à chaque prise et le doyen des adolescents hyper sympa avec Thomas. On peut vraiment dire qu'on nage dans les stéréotypes et ce n'est pas le héros de service monolithique et la seule fille parfaitement inutile qui risquent de remonter le niveau.
Alors oui, on va me dire que les jeunes peuvent s'identifier aux personnages, mais Wes Ball ne creuse jamais leur psychologie et se contente de raser au ras des pâquerettes, en nous offrant des personnages dont on se fiche bien qu'ils se fassent dévorer par le premier Veilleur venu.
Je dois quand même reconnaître que la fameuse romance bien stéréotypée des blockbusters est absente. Au moisn, nous assistons à un blockbuster qui se démarque de la concurrence et ne tombe pas dans tous les stéréotypes habituels au genre. Toutefois, on relève de multiples incohérences et la classique scène tire-larmes parfaitement ridicule lorsque SPOILER (mais à lire quand même) : nos derniers survivants parviennent à quitter le Labyrinthe, qu'ils découvrent la vérité et qu'ensuite le méchant de service apparait comme par magie derrière eux pour tirer une balle bien placée dans notre petit gros tout gentil s'éteignant sous les larmes de notre héros qui ne le connaissait que depuis 3 jours. C'est d'une justesse presque risible tant c'est gros. FIN DU SPOILER.
Vous pouvez aussi rajouter une mise en scène efficace quand il n'y a pas trop d'action, mais vite illisible quand celle-ci est au rendez-vous (je veux bien mais une caméra épileptique dans le noir avec des créatures sombres, c'est pas très harmonieux ni très clair). Pourtant, on notera malgré tout quelques beaux plans, mais bon ça reste du synthétique et forcément ça fait tiquer un peu intérieurement. Enfin, petite cerise sur le gâteau, le cliffhanger final s'achevant après un dernier retournement de situation qui est d'un pathétique à faire vomir les amateurs de suspense et de retournements de situation.
On pourra également pester sur le cliché du héros tout-puissant débarquant dans un lieu qu'il ne connait pas et qui parvient à s'attirer les faveurs des autres adolescents après seulement quelques heures. Bref, notre surhomme est là et pourra anéantir le sentiment de fatalité ayant envahi toute la communauté. Par ailleurs, et je me doute que ça a été occulté pour des raisons de marketing, j'ai trouvé ça étonnant que tout le monde reste étrangement serein et calme. Me planter dans un labyrinthe comme ça pendant une période de plusieurs mois, je pense bien (comme 80% des gens facilement) que je deviendrais complètement fou. J'ai trouvé ça un peu dommage que la composante psychologique soit complètement inexistante avec l'absence de sentiments tels que claustrophobie, le syndrome de stress post-traumatique, et celui d'isolement. Ca aurait été vraiment un plus de nous entrainer dans une atmosphère suffocante et crispée à l'instar du remarquable Cube.
Là où j'ai quand même été surpris, c'est de voir que Le Labyrinthe possède un 2ème niveau de lecture en traitant assez subtilement le thème de l'adolescence avec ses mécanismes et ses difficultés, ici symbolisées par la punition et la répression afin de faire entrer les jeunes dans un moule commun pour éviter tout sentiment de révolte. On pourrait presque y voir une étude sociologique d'une mini dictature, je reconnais avoir été comblé. Par ailleurs, les autres mécanismes comme la peur de l'inconnu, le courage et la volonté de se mettre en avant sont plutôt bien traités.
Certes, ce n'est pas étudié en profondeur, mais le réalisateur a au moins le mérite de nous faire réfléchir là où d'autres ne nous larguent que des coquilles vides.
Bon je commence à me rendre compte que je m'éternise un peu, alors que peut on retenir de ce blockbuster ? Je pense sincèrement que le réalisateur a voulu bien faire, mais n'a pas pu échapper à ses démons. Il nous accouche ici d'un premier épisode qui, malgré des défauts risibles tournant par moment le film à la rigolade, ne s'en sort pas si mal que ça comparé à la concurrence.
Ce serait peut être même le blockbuster teen-movie le moins pire et le plus inspiré du moment. Au final, Le Labyrinthe s'affiche plus comme un plaisir coupable qu'un grand moment de cinéma. Ici on pose notre cerveau, on ne peut pas s'empêcher de tiquer à de nombreuses reprises, mais l'expérience ne se montre pas désagréable pour autant. Un 2ème épisode est prévu aux environs d'octobre 2015 et reste à voir si notre Wes Ball aura fait un petit effort.
Note :Nanar
Taratata