genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
année: 2009
durée: 1h28
l'histoire : Une jeune femme sert de la soupe de nouilles dans son petit restaurant. Seulement les ingrédients proviennent de personnes qu'elle torture et tue dans son arrière boutique. Mais les clients affluent et raffolent de cette soupe de nouilles.
La critique :
Au début des années 1990, plus précisément en 1993, le réalisateur chinois, Herman Yau, délivre un gros uppercut au cinéma gore, trash et extrême, avec The Untold Story. A l'époque, le long-métrage est directement classé dans la catégorie 3, ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 18 ans chez nous. Trois ans plus tard, Herman Yau frappe à nouveau un gros coup avec Ebola Syndrome, qui va lui aussi marquer les esprits. Ces deux films vont influencer de nombreux cinéastes à travers le continent asiatique. C'est par exemple le cas de Tiwa Moeithaisong, un réalisateur thaïlandais, qui se lance lui aussi dans l'aventure avec Meat Grinder, sorti en 2009.
Autant le dire tout de suite : Meat Grinder est le digne épigone de The Untold Story et d'Ebola Syndrome. Pourtant, le long-métrage n'appartient pas aux films de la catégorie 3. Néanmoins, sur la Toile, il s'est déjà taillé une solide réputation auprès des amateurs de films trash, gores, extrêmes et "dézingués du bulbe". Les âmes sensibles sont donc priées de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour.
Inutile ici de mentionner les acteurs puisque vous ne les connaissez pas, et moi non plus. A moins que des noms tels que Mai Charoenpura, Duangta Tungkamanee, Ratanabanlung Toesawat, Anuwat Niwatwong et Weeradit Srimalai, vous parlent... Mais personnellement, je passe mon tour !
A priori, le scénario est plutôt simpliste et laconique et se résume en quelques lignes. Attention, SPOILERS ! Une jeune femme au passé douloureux décide de se venger de la gente masculine qui l’a faite tant souffrir en les torturant. Elle se débarrasse des corps en les broyant, puis se sert de la viande pour sa soupe de nouille, très savoureuse et réputée auprès de sa clientèle.
Encore une fois, le concept de Meat Grinder n'est pas sans rappeler celui de The Untold Story et Ebola Syndrome (que j'ai déjà cités). Mais contrairement aux deux films réalisés par Herman Yau, Meat Grinder opte pour une tonalité morbide, moins grandiloquente et d'une gravité affectée.
Ensuite, il serait dommage de caricaturer le film à une succession de tortures sans queue ni tête. En l'occurrence, le réalisateur, Tiwa Moeithaisong, se concentre sur la psyché de son personnage principal. Sur ce dernier point, le scénario est assez nébuleux, abscon et fuligineux. En effet, l'histoire fonctionne de façon elliptique et procède par de nombreux flashback en noir et blanc, censés nous expliquer l'enfance martyre de notre jeune femme psychopathe.
Humiliations, avanies, brimades, tancée et morigénée par sa famille et son entourage, la demoiselle en prend pour son grade. A partir de là, le film propose une véritable immersion dans le cerveau malade de notre héroïne.
Il est donc bien question ici de dissociation mentale, de personnalité schizoïde, de dislocation de l'esprit en proie à des pulsions morbides. A cela, vient s'ajouter la perte douloureuse d'un enfant quelques années plus tôt. PourTiwa Moeithaisong, tous ces éléments ont contribuer à façonner cette personnalité psychopathe, limite suicidaire. Le réalisateur aborde d'autres sujets tabous et complexes : le viol, l'inceste ou encore le cannibalisme. Dans Meat Grinder, la violence est rarement suggérée et Tiwa Moeithaisong ne nous épargne aucun détail. En l'occurrence, l'interdiction aux moins de 16 ans est totalement justifiée.
Au risque de me répéter, le scénario du film est assez confus et obscur, comme si le réalisateur s'acharnait à suivre le cheminement destructeur et irrationnel de son personnage principal.
Paradoxalement, Meat Grinder soulève de nombreuses questions et parvient à bousculer le spectateur dans ses derniers retranchements. A contrario, le film ne parvient jamais ou presque à susciter la moindre empathie envers son héroïne, certes déchirée par la vie, mais qui ne montre aucune humanité. Transformée en maître queux machiavélique, la jeune femme s'acharne à massacrer ses victimes.
Le film aurait peut-être gagné à miser sur une petite dose d'humour noir. Enfin, comme je l'ai déjà souligné, le scénario elliptique vise clairement à jeter la confusion à la face du spectateur, ce qui pourra décontenancer certains réfractaires de ce genre de cinéma. En l'état, Meat Grinder se révèle inférieur à ses modèles (encore une fois, The Untold Story et Ebola Syndrome), mais devrait logiquement ravir les amateurs de sensations fortes.
Note: 12.5/20