Il y a quelques mois, nous avions eu la chance d’interviewer Elizabeth Banks, la réalisatrice du second volet de Hit Girls : Pitch Perfect 2. Elle revient sur cette grande aventure, sur le défi de faire mieux que le premier (totalement réussi) et d’être à la fois actrice et réalisatrice.
Retrouvez ma critique de Pitch Perfect 2 : http://www.missbobby.net/cinema/pitch-perfect-2.html
Retrouvez notre rencontre avec Rebel Wilson : http://www.missbobby.net/rencontres/pitch-perfect-2-rencontre-avec-rebel-wilson.html
Quel était le challenge pour vous en réalisant cette suite à Pitch Perfect ? On dirait un peu comme un sequel de blockbuster hollywoodien : plus gros, plus fort, plus drôle, plus fou, plus de personnages etc…
Elizabeth Banks : Oui. Le challenge principal était d’arriver à rester dans l’esprit de ce qui faisait la force et la nature du premier film, tout en essayant de faire quelque-chose d’un peu différent mais pareil… (rires) Et bien sûr d’être le plus drôle possible. Il fallait que le public retrouve ce qui l’avait fait rire la première fois mais qu’on lui propose davantage. On est allé un peu plus loin cette fois, tout en conservant le ton. Trouver le ton juste a été le plus gros challenge.
Comment vous êtes-vous sentie le premier jour sur le tournage, plutôt stressée, excitée, heureuse ?
E. B. : J’étais très heureuse et très excitée. Je me sentais vraiment prête. Vous savez, avec toutes les chansons, les chorégraphies et tout le reste, on avait vraiment bien tout travaillé en amont. Et quand vous vous êtes bien préparé avant le début d’un tournage, tout se passe très bien, en général. Et ça s’est vérifié dans notre cas car on avait tout bien répété, on avait bien bossé avant de commencer les prises de vues.
Vous êtes-vous impliquée sur l’écriture du script après le premier jet ?
E. B. : Oui, bien sûr. On a pas mal remanié le scénario jusqu’à un mois avant le début du tournage. L’écriture est un processus très long et il change aussi en fonction des acteurs spécifiques que vous avez. Quand on a commencé le casting, on a encore modifié des choses. Je vous donne un exemple : Snoop Dog. Nous n’avions pas Snoop Dog au départ, pendant longtemps, on devait avoir 50 Cent. Finalement, quand nous avons su que ce serait lui, on a dû ajuster un peu le scénario et les dialogues pour lui. On a changé ça à la volée.
Ce n’était pas trop difficile d’être à la fois dans le film et de le réaliser ?
E. B. : C’était facile à vrai dire ! C’était beaucoup plus facile que vous le croyez. En fait, on a tourné toutes mes scènes d’une traite. J’avais un moniteur pour surveiller et voir ce que l’on faisait mais de toute façon, j’avais une totale confiance en mon directeur photo et mes producteurs. Puis quand vous êtes comédien vous-même, vous sentez de toute façon si ça marche ou si ça ne marche pas et qu’il faut refaire. Et puis John Michael Higgins (qui partage en commun les scènes où jouent Elizabeth Banks – ndlr) est un vieil ami et nous nous faisons totalement confiance quand on se met à improviser et du coup, ce fut très fluide et agréable.
Comment avez-vous choisi les chansons ? Vous aviez des critères spécifiques pour les sélectionner ?
E. B. : En fait, chaque chanson avait son propre processus. Pour chaque chanson, on avait une série de propositions et il fallait voir si ça sonnait bien, si ça fonctionnait a-capella, si ça marchait par rapport aux personnes qui devaient les chanter. Et surtout, il fallait qu’elles correspondent au « son » des Bellas. Les Bellas ont un son bien à elles, ce n’est pas le même que celui des Das Sound Machine par exemple, qui ont un son plus électronique, avec des tonalités plus graves car il y a des hommes dans le groupe, ils savent rapper, ils sont plus rock. Les filles n’ont jamais fait de rock. Du coup, chacune des chansons devait être spécifique. Ce fut vraiment un long processus qui a pris des mois.
Justement, parlons des Das Sound Machine. Ils sont très impressionnants et formidables et on s’est justement demandés d’où venaient les chansons qu’ils chantent…
E. B. : Il y avait une chanson de Muse (Uprising) mixée avec Tsunami, un tube du duo de musique électro DVBBS & Borgeous. Il y avait aussi une chanson des Fall Out Boy (Light them Up) et une d’un jeune rappeur des années 90, Kris Kross, qui s’appelait Jump.
Comment vous définiriez-vous en tant que réalisatrice ?
E. B. : Si vous demandez à mon équipe, je suis plutôt d’une nature arrangeante et assez zen, je suis consciencieuse et je ne suis pas très drama. Tout ce que je veux, c’est que chacun fasse son travail, rentre chez lui le soir. Vous savez, j’ai des enfants et j’aimerai bien rentrer chez moi le soir pour voir mes enfants !
Où avez-vous tourné toute la partie finale du championnat du monde ?
E. B. : On a tourné dans un champ en Louisiane. On croisait les doigts pour ne pas qu’il pleuve. C’était un peu stressant car il a beaucoup plu la semaine juste avant le tournage de cette partie et on a un peu paniqué. Mais ça s’est bien passé finalement. Ça nous a pris trois semaines pour construire la scène.
On se croirait vraiment dans un gros festival.
E. B. : Oui, on a fait appel à une société qui est spécialisée dans la construction de ce genre de scène pour des festivals. Il gérait bien et ça fait très authentique du coup.
Comme le premier film, Pitch Perfect 2 conserve des thématiques très proches des films de John Hugues, comme Breakfast Club par exemple avec cette dynamique de groupe qui apprend à se connaître etc… C’était important pour vous de garder cette identité ?
E. B. : Le plus important pour moi était de parler de travail d’équipe. Les personnages sont à un âge de leur vie où beaucoup de choses changent, où vous essayez de définir ce que vous allez être et quelle est votre place. Et il y a ce côté où dans la vie, vous rencontrez beaucoup de gens et certains vous influencent de différentes manières. Mais l’idée principale et universelle, c’est vraiment l’idée du travail d’équipe. Car finalement, même si vous n’y connaissez rien en chant a-capella, il y a cette idée forte de travailler ensemble pour gagner quelque-chose ensemble. D’ailleurs dans le film, il y a un groupe qui s’appelle les Green Day Packers. Ce sont des joueurs d’une équipe de football et ils avaient adoré le premier film car ils s’étaient reconnus dedans, dans cette histoire qui parle de jouer en équipe pour gagner. Et c’est vraiment de ça dont parle le film. Beca, l’héroïne, ne pourrait rien faire toute seule, elle a besoin de l’équipe.
Le film est un vrai feel good movie mais il y a quand même en fond, la question d’évoluer dans la vie. C’était important pour vous de traiter de ça ?
E. B. : Oui, cette dimension de grandir dans la vie et de faire face au monde. Et aussi ce que représente l’amitié, ce que vous devez laisser derrière vous. J’aimais beaucoup la notion, spécialement parce que je suis une réalisatrice femme, qu’il y a eu des gens avant moi qui m’ont inspiré, et peut-être que moi je vais en inspirer d’autres qui viendront derrière. Et pareil, je voulais que les Bellas inspirent Émilie, la dernière recrue qui incarne le futur du groupe (jouée par Hailee Steinfeld – ndlr), mais qu’en même temps, elles comprennent l’héritage de celles qui les ont précédées et qui les ont inspirées. On le voit bien dans le film avec le personnage de la mère d’Émilie, qui était une ancienne Bella et surtout avec toute la fin.
Pitch Perfect 2 est plus trash que le premier. Il y a des traits d’humour qui s’amusent avec le racisme ou la misogynie. C’est un humour que l’on n’attend pas forcément dans ce type de film. Avez-vous eu peur des critiques ou de la censure ?
E. B. : Non. Je pense sincèrement que vous ne devez pas vous lancer dans une comédie en ayant peur de ce genre de choses. Si vous commencez en ayant peur d’offenser untel ou untel, vous ne ferez jamais de bonnes blagues. La plupart des blagues racistes ou misogynes viennent du personnage de John Smith (le présentateur télé joué par John Michael Higgins – ndlr). Et en fait, on ne rit pas de ses moqueries sur les femmes mais on rit de lui car il passe pour un idiot.
Les personnages secondaires sont nettement plus élaborés que dans le premier et ils contribuent à rendre le film aussi hilarant. C’était présent dès le départ dans le script ou vous avez développé cette direction ?
E. B. : Non, on l’a un peu développé. En fait, le premier film adoptait vraiment le point de vue de Beca. Bon, Fat Amy était déjà là, elle était géniale etc. Il y avait aussi Chloé et son côté sergent-chef. Il y avait de super personnages dans le premier Pitch Perfect mais j’ai vu dans ce second volet, l’opportunité d’élargir un peu l’univers. Il y a une part du film qui parle de grandir et de devenir adulte. Et c’est l’une des choses que j’ai voulu rajouter cette fois, un côté plus adulte. Snoop Dog est plus adulte, David Cross est plus adulte, les Das Sound Machine sont plus âgés, ce ne sont pas des ados.
Qu’est-ce que vous recherchez aujourd’hui en tant qu’actrice et réalisatrice ?
E. B. : Je recherche des projets qui me rendent heureuse. Je veux des challenges qui me stimulent et Pitch Perfect 2 en était un bon exemple. J’avais l’impression de vivre comme une moine, j’étais sur le plateau 12 heures par jour, j’avais à peine le temps de voir mes enfants, de manger… J’ai déserté la maison. Mais voilà, je cherche des challenges. J’ai de bons rôles qui m’attendent d’ici peu de temps et je compte réaliser à nouveau.
Retranscription Mondocine.
Un grand merci à toute l’équipe d’Universal.