Elevator (Huis clos suédois)

Par Olivier Walmacq

genre: thriller (interdit aux - 12 ans)
année: 2011
durée: 1h24

l'histoire : Dans un immeuble new-yorkais, neuf personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent piégées dans un ascenseur en panne. Mais l’un d’entre eux porte une bombe... Le racisme se heurte à la cupidité alors qu'ils sont prêts à tout pour survivre.  

La critique :

Cela fait déjà quelques années que le cinéma suédois parvient à s'imposer (de temps à autre) au-delà de ses frontières. En 2008, Morse de Tomas Alfredson se démarque totalement de Twilight et de ses vampires ténébreux et blafards qui, curieusement, ne craignent pas le soleil. Vient également s'ajouter Elevator, réalisé par Tig Svendsen en 2011.
Que les choses soient claires. Elevator n'est pas un film de vampires, mais plutôt un long-métrage qui hésite entre le thriller et l'horreur. Au niveau de ses influences, Elevator n'est pas sans rappeler L'Ascenseur de Dick Maas. Sorti en 1983, L'Ascenseur fait partie de ces films d'épouvante qui ont marqué leur époque.

Aujourd'hui, le film de Dick Maas brille surtout par sa vacuité et son obsolescence. Le long-métrage a bien souffert du poids des années. Déjà, au moment de sa sortie, le film n'avait rien d'extraordinaire. Pourtant, Elevator reprend peu ou prou le même concept puisque le film se déroule presque exclusivement dans un ascenseur (au cas où vous ne l'auriez pas deviné).
Le scénario est donc de facture classique et se résume en deux petites lignes. Attention, SPOILERS ! Invitées à une réception se déroulant en haut d’un building de Wall Street, neuf personnes se retrouvent bloquées au 49ème étage à l’intérieur d’un ascenseur. La situation n’est pas des plus agréables, mais il s’avère que l’un d’entre eux porte une bombe à retardement !

Inutile de mentionner le casting à moins que les noms de Christopher Backus, Anita Briem, John Getz, Shrily Knight, Amanda Pace et Devin Ratray vous disent quelque chose, mais j'en doute... Parmi les influences du film, nous avons déjà cité L'Ascenseur. Néanmoins, en dehors de son concept, le long-métrage se détache totalement de celui réalisé par Dick Maas.
En l'occurrence, Elevator se réclame davantage des films d'Alfred Hitchcock. Le film s'inscrit également dans la tonalité de certains huis clos où les protagonistes sont étroitement enfermés entre quatre petits murs. Sur ce dernier point, Elevator n'est pas sans évoquer le cas de Buried.

Nous sommes donc face à un huis clos minimaliste, qui présente aussi pour avantage, de ne pas s'embarquer dans un très gros budget ni dans des séquences racoleuses. Néanmoins, le pari reste assez risqué. Bien que de courte durée (une heure et 24 minutes de bobine pour être précis), Elevator se doit de tenir en haleine le spectateur. Contre toute attente, ce thriller suédois, sorti de nulle part, réussit son pari.
Mieux encore, Elevator parvient à se démarquer de la concurrence en jouant à la fois sur des angoisses classiques et archaïques (par exemple, l'agoraphobie) et sur des peurs beaucoup plus contemporaines. Ainsi, le film aborde de nouvelles peurs très modernes : le stress et notre incapacité à supporter l'attente et la moindre frustration.

Mais pas seulement. En effet, au fur et à mesure que la tension monte, chacun des protagonistes va être amené à révéler son véritable visage. Très vite, les insultes fusent. Tout le monde finit par se soupçonner, surtout lorsqu'ils découvrent une bombe cachée dans la jambe de bois d'une femme un peu trop enrobée. A partir de là, la peur se transforme en paranoïa.
Certaines personnes à la peau un peu trop basanée sont clairement accusées de terrorisme. Ensuite, le téléphone portable va servir lui aussi à alimenter la Toile et les médias, qui s'emparent donc de l'affaire. Hélas, à force de jouer avec ces différentes peurs, le film finit par perdre un peu de sa cohérence et de sa crédibilité.

Enfin, l'intrigue reste tout de même assez superficielle et linéaire. Par conséquent, le suspense est rapidement évincé au profit d'un concept qui cherche davantage le buzz et à séduire un public en manque de sensations fortes. Bref, un film d'ascenseur avec des hauts et des bas (oui, je sais...) ! Mais ne soyons pas trop sévères. Pour un film de cette envergure et avec un budget aussi minimaliste, Elevator remplit largement son office. Ensuite, le long-métrage peut s'appuyer sur une interprétation solide et sur plusieurs séquences d'une redoutable efficacité.
Si Elevator n'est clairement pas le thriller de l'année, il aurait peut-être mérité un peu mieux qu'une petite sortie en dvd.

Note: 12.5/20

 Alice In Oliver