Mommy de Xavier Dolan est sortis mercredi 8 octobre dans nos salles. Tous les médias ont parlés de ce film : télévision, presse, radio. A part si vous vivez dans une cabane au fond de la jungle, vous savez désormais qui est Xavier Dolan. Mais malgré ça, je ne me voyais pas ne pas parler de ce film, peut-être pour " ajouter ma pierre à l'édifice ". On suit donc dans ce film un trio : Steve, un adolescent atteint d'une maladie le rendant impulsif et violent, sa maman Diane et leur voisine Kyla. Ils vont envers et contre tous essayer de trouver le bonheur malgré leurs difficultés dans la vie.
Dans Mommy, Xavier Dolan est à l'apogée de son style. On y retrouve ses personnages si caractéristiques, ses images magnifiques, sa musique envoûtante. Et tout cela est poussé à la perfection, sans l'excès qui pouvait rendre ces précédents films agaçants par moments.
Tout d'abord, le travail sur l'image est impressionnant. Les cadrages, les échelles de plans, les couleurs sont toujours parfaitement adaptés aux situations et permettent au spectateur d'entrer dans la vie de ces personnages et d'être si facilement émus par ce qui leur arrive. Nombre de plans restent en tête après la séance tant ils sont frappants et si bien choisis. Je pense par exemple à Diane faisant un signe à Kyla au début du film depuis son sous-sol, à travers une fenêtre jaune de buée et de saleté mais laissant quand même une petite place à son visage, de sorte à montrer son enfermement par rapport au reste du monde mais néanmoins sa volonté de sortir de cette situation. Je pense également au plan en contre-plongée de Diane et Kyla soutenant Steve après son " incident " au super-marché : leur situation pourrait se symboliser uniquement par ce plan tellement il est clair et bien pensé. Ce qui frappe également dans l'image, c'est bien sûr le format 1:1, c'est-à-dire que l'image est carrée. L'effet fonctionne très bien, surtout pour créer une relation entre les personnages et le spectateur, et deux scènes du film rendent cette idée encore plus brillante. Pour conclure cette partie, on ne peut que remercier Xavier Dolan de tourner en pellicule, ce qui rend tout cela encore plus beau.
Le scénario s'attarde donc presque exclusivement sur trois personnages. Ce n'est bien sûr pas un défaut, car ces personnages et leurs relations sont tellement intenses que l'on ne s'ennuie pas une seconde. Dolan ne les juge pas mais les montre comme ils sont : beaux mais pleins de fêlures. Il est difficile de dire si le film est plutôt optimiste ou pessimiste, tant il est remplis de moments de joie et de larmes, d'espoirs et de déceptions. Plus que de passer un message à travers ses personnages, je pense que Xavier Dolan essaye de représenter la vie comme elle est : faite de hauts et de bas, mais dont les moments de bonheur valent largement de subir ceux de malheur.
Enfin, un dernier élément important dans les films de Dolan : la musique. En lisant les titres composant la BO avant de voir le film, j'avais presque envie de me moquer. Céline Dion, Wonderwall, Vivo Per Lei... Sérieusement ? Puis au moment de voir le film, mes aprioris ont été anéantis. Cette scène ou les 3 personnages dansent sur Céline Dion ? Magnifique. Une séquence musicale avec Wonderwall d'Oasis ? L'une des scènes les plus puissantes du film. Steve qui chante " Vivo Per Lei " au karaoké ? Déchirant. Et c'est là je pense que Xavier Dolan tient une de ses plus grandes forces : il ose tout, même ce qui semble être le plus gros cliché vu et revu. Mais son talent si particulier fait que tout s'imbrique parfaitement et qu'on ne peut qu'avouer que cet homme a du génie.