Sorcerer : Critique

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SYNOPSIS

« Quatre étrangers de nationalités différentes, chacun recherché dans son pays, s’associent pour conduire un chargement de nitroglycérine à travers la jungle sud-américaine… Un voyage au coeur des ténèbres… »
(Source : Allociné)

LE FILM

Réalisation : William Friedkin
Scénario : Walon Green d’après l’oeuvre de Georges Arnaud
Photographie : Dick Bush & John M. Stephens
Musique : Tangerine Dream
Casting : Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou…

Date de sortie US : 24 juin 1977 / FR : 15 novembre 1978

Ressortie française : 15 juillet 2015

CRITIQUE

Près de 40 ans après sa sortie au cinéma, Sorcerer de William Friedkin, que l’on pourrait qualifier comme le chant du cygne du réalisateur, ressort sur nos écrans dans une version restaurée qui rend pleinement grâce à ce monstre cinématographique. Insatisfait par le montage initial qui nous avait été donné de voir à l’époque, le réalisateur considère même cette restauration comme la seule version qui vaille de ce film qualifié de « maudit » au fil des années. Sortie en 1977, le film avait souffert de l’augmentation du nombre de copie qu’engendra la folie Star Wars. Il fut un échec cuisant au box-office, très mal vécu par son réalisateur qui tomba dans la dépression par la suite, considérant Sorcerer comme son chef-d’œuvre. Ce qu’il est.

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Le film est une nouvelle adaptation du roman de Georges Arnaud, déjà adapté au cinéma par Henri Georges Clouzot, Le Salaire de la Peur. Grand admirateur du film de Clouzot, William Friedkin lui demanda en personne son accord pour réaliser une nouvelle version du roman en lui précisant que ce qu’il avait en tête ne ressemblerait en rien à son film. Hormis bien entendu le postulat de départ du film. Quatre hommes en fuites, tous coupables de différents délits se retrouvent coincés dans un village au fin fond de l’amérique du sud. Une importante somme d’argent leur est nécessaire pour s’en sortir. L’occasion s’offre à eux, lorsqu’ils doivent conduire à travers la jungle 2 camions transportant des caisses de nitroglycérine prêtent à exploser au moindre choc.

Quand Friedkin se lance dans le tournage de Sorcerer, il est fort de deux succès, L’Exorciste et French Connection, qui l’avait érigé au rang des grands réalisateurs novateurs de son temps. Un réalisateur rageur, à l’égo surdimensionné, et à l’ambition démesurée qui transpire dans chacun de ses films. Avec Sorcerer il s’affranchit une nouvelle fois des codes, et place son récit à mille lieux de tout didactisme classique. Il offre une scène d’exposition qui constitue la première moitié du récit, nous plongeant au plus près de ses hommes en quête de rédemption. Par cette absence d’académisme qui est une des causes de l’échec du film, il prend le temps de mettre en place son atmosphère poisseuse, et de créer l’empathie nécessaire autour de ces personnages. Après avoir planté le décor, dans une économie de moyen exemplaire, et servie par un sens du montage sans pareil, Friedkin pousse ses personnages dans l’enfer le plus pur dans sa seconde moitié.

Friedkin ne fait aucun faux pas et démontre sa maitrise à tous les niveaux. Une caractérisation des personnages des plus judicieuses, sans fioritures et éléments inutiles auxquels sont offerts des dialogues bien pensés. Un rythme de montage des plus percutants, au service de sa grammaire cinématographique singulière, tout en vigueur. Une pression qui monte lentement dans un thriller à l’efficacité des plus remarquables. Vient s’ajouter la bande sonore oppressante composée par Tangerine Dream qui joue un rôle majeur dans la sensation d’être pris en étaux par ce chemin de croix imposé, les protagonistes ne pouvant échapper à leur destin. Comme si ce convoi devenait le chemin allégorique pour trouver la paix de son âme.

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De cette quête qui vire vers l’ésotérique dans sa dernière partie, Friedkin en tire son film le plus personnel, et n’hésite pas à lancer de nombreuses piques bien senties à l’Oncle Sam. Il réunit tous les éléments dans ce film somme, et bâtit non sans difficultés un monument dantesque, une aventure intense et viscérale. Riche de ses excès, il est impératif de revoir ce chef-d’œuvre totale dans sa version restaurée en 4K qui fait définitivement sortir ce film monstre du potentiel oubli où il s’est retrouvé, pour le faire rugir de nouveau au court du plus pur plaisir cinématographique qu’il soit.

BANDE-ANNONCE

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