Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse. Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n'est elle-même possible qu’avec le plein consentement du mari. Sa froide obstination, la détermination de Viviane de lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge de tout, sauf de la requête initiale.Le Procès de Viviane Amsalem – 25 Juin 2014 – Réalisé par Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz.
Chaque année j'essaye tant bien que mal de voir un maximum de film. J'en sélectionne un grand nombre qui je pense me plairont à coup sure et ensuite j'essaye de repérer les « pépites » ! Qu'est ce qu'une pépite ? C'est communément un amas de métal compacté et très souvent en or, d’où l'expression ! Mais ici cela va désigner le ou les films que je ne connais pas et qui peuvent être intéressant. Sauf que je me trompe souvent et que je passe à coté de films admirables, ce qui est le cas de ce film « Le Procès de Viviane Amsalem ».
Loin d’être aussi grave (dans le ton) que le titre le laisse supposer, ce film signé Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz raconte l'histoire d'une femme et de ses combats. Viviane Amsalem est une femme comme les autres, une femme qui veut jouir de tous ses droits.
Ce que pour l'instant elle ne peut avoir car les divorces en Israël ne peuvent être rompus que par des Rabbins, mais surtout il faut le consentement du mari. Et c'est bien là que ça coince, car Elisha le mari ne veut pas. Cela se transforme en un long chemin de croix que Viviane ne quittera pas tant qu'elle n'aura pas obtenu ce qu'elle souhaite. Combattant ainsi une société qui tourne à l'envers dans un procès ou l'on jugera tout, sauf son sujet principal.
Et ce sujet en rebuterait énormément si on ne s'en tenait qu'au titre ! Pourtant les deux réalisateurs évitent tout les pièges du huis-clos, avec malice, rythme et sarcasme. Tout d'abord dans l'écriture de leurs scénario, le centre de l'intrigue reste le divorce que souhaite Viviane mais autour de ça, il va se concentrer tout un tas de d'interrogations. Une réflexion sur le couple, sur l'amitié, sur la société israélienne, sur la place de la religion dans la société civile ainsi que sur la place de la « femme » en général dans le monde actuel,ce qui coupe ponctuellement le déroulement du procès et des divers échanges en confrontant les hommes, les femmes, les rabbins et les œillères qu'ils portent, occultant la stupidité de leurs actes !
Dans cette contradiction incessante, Ronit et Shlomi apportent de la légèreté, de l'humour que l'on ne voit pas arriver et qui font basculer des débats lourds en explosions de rire. Notamment quand l'avocat du mari ne sait plus quoi dire ou alors quand les Rabbins n'en peuvent plus de cette affaire. La réalisation se fait plus rapide, les points de vue s’enchaînent pour une incrédulité maximale, avec aussi une science du dialogue qui touche à chaque fois porté par des interprètes de talents (Coup de cœur pour Ronit Elkabetz juste sublime).
En rendant aussi attrayant le film, l'histoire de Viviane n'en ait que plus forte car ils font en sorte que l'on enrage autant qu'elle ! Oui ce qu'elle vit est horrible, c'est une épreuve qui l'éprouve qui entame son visage d’albâtre taillé par les vicissitudes de la vie. Ils la montrent perdant progressivement des couleurs, ne prenant plus soin d'elle pendant que son mari reste impassible, tranquille sur un piédestal, attendant qu'elle craque. Le film prend par instant des airs de tragédie, le regard profond de Ronit Elkabetz croise celui d'un Simon Abkarian placide, la fureur faisant face au roc, le blanc se heurtant au noir, le tout appuyé par une mise en scène très théâtrale ou chacun à une place attitrée et ou les intermèdes entre les époux sonnent comme des mises aux points pour mieux les comprendre.
Car oui le sujet c'est Viviane, c'est les femmes et leurs droit ! Le cas est particulier si on se dit que c'est juste le cas d'Israel. Mais même là c'est inadmissible car de par la place énorme de la religion et des traditions dans leurs vies, ils font des femmes un citoyen à part qui n'a pas les mêmes droit que l'homme. Le procès le montre bien, tout comme le titre car c'est elle que l'on juge ! Elle n'est plus amoureuse de cette homme mais aux yeux des rabbins, de l'avocat de son mari ou des témoins qui se déplacent, ce n'est pas recevable, c'est idiot comme raison car Elisha n'est pas mauvais selon eux. Et même quand ils sont sur le point de divorcer, les termes employés sont abjectes, on parle de « répudiation », de donner sa permission pour qu'elle est un autre homme, des paroles qui donnent la liberté mais qui maintiennent la femme dans cette condition d'infériorité. Ronit Elkabetz et son alter-égo Viviane se battent contre ça, avec une force qui transperce l'écran, pour que les femmes aient leurs libertés ainsi que la même place que les hommes dans la société sans avoir à être jugées.
Dans la forme comme dans le fond, le film de la fratrie Elkabetz fait très fort et je ne peux que vous le recommander !