L’été et la plage, les conditions idéales pour redécouvrir deux périodes de la vie du leader des Beach Boys, Brian Wilson dans Love & Mercy. Un biopic déséquilibré et qui aurait pu aller plus loin mais se révèle déjà très intéressant sur la création artistique et les problèmes psychologiques.
Car habituellement, dans un biopic, le chemin est tout tracé. Trauma de l’enfance, volonté farouche, débuts en fanfare ou laborieux, gloire, déchéance et come-back, voilà les étapes de toute carrière racontée plus ou moins brillamment au cinéma ou en téléfilm (dans le genre, les meilleurs restant Walk the Line et Cloclo). Mais parfois certains s’éloigne de ce schéma pour s’intéresser à un aspect particulier de la vie de la star, à une période normalement passionnante représentant tout l’esprit de la personne. Toutefois, cette approche se révèle souvent sans grand intérêt, restant très anecdotique (My Week with Marilyn par exemple). Et enfin, il y a les concept plus audacieux qui sortent complètement des sentiers battus comme le I’m not there de Todd Haynes sur Bob Dylan. Pour son biopic sur Brian Wilson, Bill Pohlad (producteur de Brockeback Moutain, Into the Wild ou 12 Years a Slave passant directement derrière la caméra), choisit une voie entre ces 2 dernière en s’intéressant à deux périodes particulières de la vie de Brian Wilson avec 2 acteurs pour l’incarner.
La première période choisie est celle de la création de Pet Sounds ou Paul Dano s’empare du rôle et explore toute la thématique de la créativité, du besoin de faire ressortir toutes ses émotions à travers la musique. Toutes les anecdotes sont là, de ses brouilles avec son cousin qui n’était pas d’accord avec certaines paroles jusqu’au succès de Good Vibrations, sans oublier le début de l’usage des drogues et les problèmes relationnels avec le père. Il s’agit d’une partie assez dense et remplie d’informations et d’une vision passionnante sur ce besoin de création. Dans la seconde partie, se déroulant des années plus tard, c’est John Cusack qui reprend le rôle de Brian Wilson psychologiquement affaiblit et sous l’emprise de son médecin alors qu’il tombe amoureux de la douce Melinda Ledbetter. Ici il sera alors plus question d’amour et de problèmes psychologiques.
Séparément, les 2 parties sont très intéressantes et montrent bien tous les aspects de la vie difficile de ce leader à la créativité maladive. Cependant, avec leur montage en parallèle, elles perdent un peu de leur puissance et c’est bien dommage car elle donnent alors la sensation d’un déséquilibre et que le film hésite sur ce qu’il cherche avant tout à raconter. Alors que tout est parfaitement documenté et que les acteurs sont impeccables, on se dit qu’il manque un petit quelque chose pour que cela se tienne complètement.
Il faut aussi dire que la réalisation très propre et sobre ne va pas faire beaucoup d’éclats. Alors que l’on parle de créativité, de drogue (c’est sous-entendu et on ne le voit pas vraiment de manière très explicite) et de prise de médicaments qui altèrent la perception de Wilson, le film manque peut-être justement de ce côté psychédélique de l’époque qui aurait justement pu lier les deux histoires et en même temps apporter du rythme et de la personnalité, de l’originalité au film et qui aurait tout à fait pu rendre hommage au formidable enregistrement de Pet Sounds (assurément le moment le plus passionnant du film).
Il n’en reste pas moins que ce Love & Mercy est un bel hommage à la personnalité et à la créativité de Brian Wilson qui a grandement influencé la musique pop et un film très intéressant à explorer dont on ressort avec la simple envie de réécouter Pet Sounds en boucle.