Cher moi-même,
Depuis qu’on a démarré cette chronique ensemble, je me dis que l’on apprend progressivement à se connaitre et à accroître mutuellement notre assurance et notre confiance dans nos écrits. En soi, je ne parle non plus de perfection incarnée, mais surtout finalement d’apprentissage de nos erreurs et d’apprentissage de la fierté de nos écrits, bien que l’on sait que rien n’est exemplaire dans ce monde.
Cher(s) blog(s),
Je voulais également vous remercier de me faire confiance chaque semaine pour que j’écrive avec le plus de libertés possibles depuis bientôt un an, malgré une fidélité pas toujours d’actualité. Mais c’est la vie y que fucking sera sera, diront certains.
Mais,
Cher lecteur,
C‘est à toi que je souhaite m’adresser en priorité. Car oui, l’heure est grave. L’heure est grave, parce que, aujourd’hui, c’est ma dernière chronique rétrospective. Bien que je continuerai toujours à écrire sur le blog, ces introductions qui durent trois plombes seront probablement terminées et ces petites parcelles de critiques également. Et en soi, c’est pas si mal, étant donné que l’inspiration commence à devenir quelque peu défaillante.
Mais nous ne quitterons pas cette chronique avec un écrit aussi lisse et lourd de désarroi. Non, on va finir sur de bonnes bases. Et ces bonnes bases démarrent par… un petit point Larousse révisé par mes soins.
Lettre O, page 697, édition Larousse WuTang 2015.
Musique à écouter pour lire ce passage:
Ouin-ouin cinéphile (n.m, ou n.f, ou neutre en allemand parce que je les considère pas comme des humains mais des robots impersonnels): Être dénué de tout intérêt, parlant à brûle-pourpoint sans réfléchir et pensant tenir un débat avec un argument bâtard qu’il a trouvé au fin fond d’une vidéo de Durendal – et encore, je suis gentil quand je dis ‘fin fond ». Un ouin-ouin cinéphile se démarque par un argument comprenant en priorité un mot général non détaillé, qu’il répète en boucle pensant trouver la vérité absolue. L’exemple le plus frappant est: « il y a que des explosions et pas de scénario« . Son autre argument de base, d’une solidité exemplaire, est de savoir de suite que le film sera mauvais à cause d’un argument de vente ou un a priori débile, comme par exemple que Irréversible montre un viol durant 20 minutes du coup Gaspar Noé est un pervers dégueulasse qui n’a aucun respect pour son public. Un conseil pour ceux qui pensent ça: réfléchissez ne serait-ce que dix secondes durant le film.
Sa cible préférée est Michael Bay ou 95% des autres cinéastes à blockbusters, jugeant qu’aujourd’hui le cinéma est dirigée par des conformistes et qu’Hollywood n’a plus d’originalité à force d’adapter et de fabriquer des suites, ce qui en fait une copie conforme d’un gothique de la série South Park. Le ouin-ouin cinéphile est cependant facile à appâter: si on leur sert des goodies en projection presse (parce que le ouin-ouin veut à tout prix aller en projection presse), le cinéma devient tout de suite sympathique et proche de son public, c’est si mignon une espèce aussi docile. Mais attention, les êtres qui vont en projo presse ne sont pas tous pareils, pas d’amalgame s’il vous plait.
Le ouin-ouin cinéphile est notamment réputé pour être proche de l’enfoirus hipsterus, une espèce insensible qui adore détester les films que tout le monde aime. Il écrit généralement et violemment par écrit ou tweet interposé pour ne pas trop se montrer, et demander à ses homologues de faire la paix et d’être plus courtois parce qu’on est pas des animaux, que je sache. Le hipsterus peut souvent lire Télérama et considère Chronic’art comme le précurseur de la critique française car le reste est dopé à du promotionnel ou de l’écrit trop simplet pour être honnête (ils ne sont pas tous comme ça cependant, attention la bête est fourbe).
Mais attention, l’enfoirus hipsterus ne doit pas être confondu avec le connardus hipsterus, un être froid, sanguinaire, qui quitte les réseaux sociaux du jour au lendemain, écrit des chroniques longues comme la troisième jambe de Mini-Moi et qui aime bien Jurassic World et ne le cache pas. Cette espèce là doit être à tout prix évité sous peine de contamination violente.
Les moyens pour ne pas être contaminé par ces espèces sont multiples, mais le meilleur est de leur dire d’aller voir ailleurs et d’arrêter d’aller voir des films grand public si c’est pour les démonter avec haine, irrespect, et une absurdité nonsensique innée, la tronche chaque semaine. Enfin, sauf le connardus hipsterus, il est un petit peu plus gentil malgré son hypocrisie. Hein… :)
Si vous vous dites que ça ne vous concerne pas, je vous souhaite à tous une bonne lecture de cette dernière chronique qui parlera des mois d’avril, mai et juin, étant donné que je n’ai pas pu voir beaucoup de films durant ces deux mois pour cause d’emploi du temps (et de foie) très chargé(s). Si vous vous dites que en fait vous êtes un hipster ou un ouin-ouin et que vous faites la gueule parce que vous trouvez que je vous manque de respect et qu’on a le droit d’aimer ce qu’on veut bordel de merde Tanguy tu deviens Hitler à caster des gens comme ça sans raison, on se retrouve directement au mois de mai. On aura tout, tout plein de choses à se dire. Si ça c’est pas merveilleux quand même.
Et on démarre tout de suite par le mois d’avril, où il ne faut jamais se découvrir d’un fil, comme dirait mon grand-père alcoolique et cleptomane; même si c’est complètement con comme expression étant donné que je ne porte pas de fil en soi. Je porte même pas de string alors bon… Enfin bref, petit tour d’horizon du quatrième mois de l’année
–Shaun le Mouton, de Richard Starszak: Les studios Aardman, valeurs sûres de l’animation en salles à l’aube des années 2000, a pas mal perdu de sa valeur au fil des années. Souris City était une catastrophe, Mission Noël n’est définitivement PAS un film Aardman et Les Pirates un petit film, drôle quelque fois, mais complètement oubliable et inoffensif. Cette année, les studios ont alors misé sur une valeur sûre de leur travail et véritable star internationale chez les enfants, Shaun le Mouton. Et grand bien leur a pris d’ailleurs, car Shaun le Mouton est une réussite incontestable, aux décors somptueux et à l’animation constamment inventive. Les émotions se bousculent, entre humour un peu vaseux et véritables moments de tendresse; le film est une grande ode à la famille et à l’amitié inaliénable, le tout sous un accent british fort amusant et drôlement inspiré. Shaun a donc tout gagné en ce début du mois d’avril; et Aardman ressuscite pour de bon dans le domaine de l’animation. Quel pied!
Et si vous êtes sur Paris, l’exposition Aardman se tient au musée d’Art Ludique jusqu’au 30 août. N’hésitez pas à y aller, c’est une immanquable, c’est formellement très surprenant de pointillisme et de beauté en terme d’animation, de storyboard ou de déco. Plus d’informations ici.
–Good Kill, de Andrew Niccol: Rédemption volume II? Eh bien non. A vrai dire, Andrew Niccol s’est d’ailleurs plutôt bien planté cette année, alors que le film était définitivement fait pour lui. Cette histoire de pilote de drone militaire coincé entre son travail obsessionnel et une vie de famille qui vire au désastre utilise tous les poncifs du genre (idem dans la direction artistique, véritable stéréotype déjà dénoncé dans Truman Show, écrit lui aussi par Niccol il y a… 18 putain d’années, et c’est mal appuyé qui plus est), une morale faiblarde que l’on a déjà vu un millier de fois qui nous dit simplement que le gouvernement il est pas gentil et que la guerre elle est pas bien, et Ethan Hawke est une version beaucoup plus lisse et désincarné que son rôle dans le chef-d’oeuvre Gattaca. Malgré tout de même deux-trois séquences qui filent un malaise intéressant, ce n’est pas encore que Niccol reviendra brillamment sur le devant de la scène… Good Kill? Fail shot.
–Avengers: L’Ere d’Ultron, de Joss Whedon: Alors il y a beaucoup de choses à dire finalement sur ce film, beaucoup plus étrange qu’il n’y parait. Les messages délivrés par Whedon sont de plus en plus sombres et cinglants, ce qui permet d’offrir quelque chose de plus sympathique que cette mélasse informe et moche qu’est le premier Avengers. Deuxièmement, oui, le scénario est presque un décalquage complet de chaque film Marvel depuis la création de leur univers, avec à l’intérieur des millions de clins d’oeil à chaque film ou série déjà parus ou allant bientôt être produits par les studios. Mais néanmoins le film propose de belles séquences de dialogues, notamment sur sa fin avec un nouveau personnage, plutôt bien traité; et de nombreuses scènes d’action beaucoup plus sérieuses, mieux filmées, plus jouissives et moins « lolesques » comme l’étaient celles du premier volet. De plus, le film ose se moquer de ce qui faisait les défauts du premier volet et du blockbuster lambda, notamment sur les effets appelés « destruction porn », ce qui le rend plutôt sympathique à regarder. En bref, un divertissement très inégal, un peu couillon, mais agréable. Bon après, c’est pas dit que je le regarde une deuxième fois…
Voilà, le mois d’avril est terminé; voici tout de suite le récapitulatif du mois:
-Excellentissime: Shaun le Mouton;
-Divertissant: Avengers: L’Ere d’Ultron;
-IMPLACABLE. UN FILM IMPORTANT.: Good Kill;
-Lamentable, pitoyable, complètement WTF; et le pire, c’est que je l’ai pas vu mais je voulais juste écrire ça comme ça sans rien connaitre à la saga et juste parce que c’est un Fast & Furious: Fast & Furious 7.
Nous entrons désormais dans le monde merveilleux du mois de mai. Et comme le disait mon grand-père alcoolique et cleptomane: en mai ne te découvre pas d’un… d’un… et là il vomissait ses tripes. Ah, à l’époque on savait s’amuser… Sur ce, let’s go mai!
–Pyramide, de Grégory Levasseur: On touche un point sensible du système cinématographique français: en effet, étant donné qu’on ne souhaite pas donner une chance au cinéma de genre chez nous, les réalisateurs français décident de partir aux Etats-Unis pour exécuter des commandes et devenir des salariés de grosses boites de distribution qui leur donnent des projets déjà écrits et scellés, dont ils ne savaient pas quoi en faire. Bien que le cas de Grégory Levasseur soit légèrement différent de par ses multiples collaborations acclamées avec Alexandre Aja en tant que scénariste, son premier essai en tant que réalisateur est un ratage absolu. Found-footage hasardeux où les emplacements de caméra sont aléatoires, mal placé dans son contexte puisque, en partant d’un moment historique – le printemps arabe -, le film laisse tomber cette piste et livre un survival tout à fait banal. De plus, le casting est mal dirigé et les effets spéciaux sont complètement au rabais. Le film ne semble démarrer finalement qu’à sa toute fin, et ne présente finalement aucun intérêt véritable. De la part d’un mec comme Levasseur, c’est absolument hallucinant. Après, j’avoue que je trouvais bizarre qu’un film sérieux soit produit en France par le site Démotivateur…
–A la Poursuite de Demain, de Brad Bird: L’un des films les plus prodigieux de cette année. Véritable ode à l’imagination et au lâcher-prise, Tomorrowland est un véritable choc visuel et scénaristique. Toujours réalisé d’une main de maître par un Brad Bird qui électrise le spectateur, e film s’inscrit dans la droite lignée des production Amblin des années 80, tels E.T ou les Goonies. Ces films qui laissent place à l’enfance et l’amitié face à un monde vu comme un terrain de jeu impitoyable. Ambigu par moments mais toujours beau à en pleurer (en témoigne un plan-séquence absolument dingo dont je vous laisse la surprise), son seul défaut pourrait être le montage parallèle dans sa scène finale qui aurait mérité plus de pep’s ou de clarté. Mais ça reste un sacré film, qui heureusement a attiré les foules en salle… Hein… N’est-ce pas…
–Mad Max: Fury Road, de George Miller: Bon, alors, pour parler de ce film je vais décider de changer un peu la donne et répondre aux arguments que je trouve très fragiles et que l’on entend le plus aujourd’hui. Alors messieurs-dames, ATTENTION. LA CRITIQUE QUI VA SUIVRE EST BLINDÉE DE SPOILERS. SI VOUS N’AVEZ PAS VU LE FILM, VOUS SAUTEZ CES QUELQUES LIGNES JUSQU’À LA CRITIQUE DE LA TÊTE HAUTE, DE EMMANUELLE BERCOT. LA SEULE CHOSE QUE JE PEUX VOUS DIRE DESSUS, C’EST QUE C’EST UN CHEF-D’ŒUVRE. SI VOUS AVEZ VU LE FILM, VOUS POUVEZ LIRE CE « PETIT » MORCEAU.
Bonsoir à toussseuuuh! Bienvenue dans notre nouvelle émission, Ouin-Ouin Land, où une bande de jeunes hipsters qui se tiennent à jour deux semaines après les autres décident de se mettre à dos la majorité des individus de cette planète tout en se croyant intelligent! Aujourd’hui, notre consultant technique spécialisé dans le contre-hipster s’appelle John, et va répondre aux questions des ouins-ouins du soir qui ont détesté, j’ai nommé Fitz, Gérald, Ken et Eddy. John, première affirmation.
« Mad Max 4 c’est de la merde. De toute façon à partir du moment où on fait des suites à un film c’est qu’on a plus d’idées.«
Alors, pour répondre à cet argument, sachez que vous avez totalement faux. De 1, dire que c’est de la merde est une affirmation complètement absurde qui n’a pas lieu d’être, et encore moins dans cette situation. Deuxièmement, Mad Max Fury Road est bourré de nouveauté, tant dans la construction des personnages que dans son scénario ou son rythme. Le film devient féministe, ses intentions sont claires comme de l’eau de roche et son rythme est effréné, sans aucun temps mort, au contraire des premiers, un petit peu plus posés et inégaux par endroits. Mais surtout, le film n’est jamais nostalgique ni révisionniste. Il part des trois premiers films et démarre une nouvelle histoire sans jamais regarder dans son rétroviseur ou faire quelques blagues ou clins d’œil agaçants à la première trilogie. Voilà d’ailleurs pourquoi l’on n’entend jamais dans le film la célèbre phrase, un peu risible: « Je suis l’aigle de la route ».
« Tom Hardy est moins bon que Mel Gibson. »
C’est pas forcément vrai. A la fois, j’ai presque envie de dire que c’est votre propre ressenti, parce que j’ai trouvé Hardy excellent dans ce rôle de Max Rockatansky. Et surtout, je trouve que l’idée de prendre Hardy pour jouer ce personnage est une idée plutôt géniale. Je m’explique: l’époque des premiers Mad Max, Mel Gibson était un inconnu, et le film était cheap au possible. Gibson est devenu une star derrière ce film et il enchaina les premiers rôles très rapidement. Aujourd’hui Mad Max est devenu un blockbuster, et le fait de prendre Tom Hardy, étoile montante d’Hollywood, est finalement un excellent parallèle au casting des premiers. Et le fait de le voir cette fois-ci être un souffre-douleur et pas le grand héros du film permet aussi une réactualisation complète du mythe et également une mise en parallèle avec l’avancée du féminisme aujourd’hui dans le monde, d’où la forte présence de Charlize Theron à l’écran.
« Y a pas de scénario dans Mad Max, y a que des explosions. »
Garder son calme, garder son calme, garder son calme… On va s’expliquer deux minutes. Le film est construit comme un road-trip dégénéré absurde où les personnages sont divisés en castes: l’Imperator Furiosa et les premières dames, les War Boys, les chefs des villes, et Max et ses fantômes. Chacun agit déjà par le biais de simulacres, importés d’une philosophique ésotérique présente dans chacune des castes, qui leur permet de communiquer à l’intérieur de ses groupes autrement que par la parole. L’apport d’une mythologie, totalement novatrice dans la saga à 99,5%, permet dans un premier temps de s’épargner les plages de dialogue qui ralentiraient le film et proposeraient alors un dispositif complètement bâtard. En effet, le film est toujours en mouvement, et l’action est omniprésente. Voyez-vous un moment où l’on peut caser des plages de dialogues interminables. Même la « respiration » à 1h30 de film est survitaminée car la caméra n’est jamais fixe et les flots de paroles des différents personnages s’entrechoquent dans l’air, proposant alors une situation de chaos mental et de confusion générale. Quatrièmement, ce n’est pas parce qu’on ne fait pas comprendre au spectateur qu’un film est compliqué par le biais de dialogues indéchiffrables, que de suite le film est complètement con ou sans scénario. Il est encore plus difficile d’écrire un scénario linéaire, capture totale de l’instant et progression de l’éphémère dans le temps (comme Collatéral ou Hyper Tension finalement), qu’un scénario à tiroirs qui redistribue les cartes et fait réfléchir par le biais de flashbacks incessants. Si vous ouvrez ne serait-ce que la moitié de votre capacité intellectuelle, vous comprendrez la complexité de ce scénario abstrait. Ah, et dans un scénario, y a du découpage et des didascalies, aussi. Mais je pense que le problème est que nous sommes devenus une génération qui a besoin de savoir qu’un film est complexe pour qu’on s’aperçoive qu’il l’est. J’ai rien contre ce réalisateur sur ce coup-là, mais Christopher Nolan fait partie de ces gens qui demandent aux spectateurs de brancher leurs cerveaux en début de projection. Et c’est pas parce qu’il y a des explosions qu’un film est mauvais. Vous devriez regarder HellBoy 2 ou Spider-man 2 de Sam Raimi je pense.
« Ouais le film sert à rien, c’est juste un aller-retour en voiture. »
Ton cerveau sert à rien aussi je crois. Des personnages se balancent du chrome à la bouche avant de se suicider avec joie. Un guitariste-lance-flammes donne la cadence du film et de la course. Des mères porteuses obèses assurent le lait de la famille de Immortan Joe, un être difforme portant un masque inquiétant et hurlant dans son masque en permanence. Un chef de village devient aveugle et tire dans le tas sous une musique classique emo/dark. Des échassiers morbides parcourent la terre visqueuse de l’ancienne terre verte. Et c’est… un pauvre aller-retour qui vous tracasse? Le film est absurde du début à la fin, le fait de faire demi-tour à trente minutes de la fin du film est l’apothéose de ce sommet d’absurdité et d’efforts vains. De plus, tout est totalement justifié dans le fait de faire demi-tour, donc il n’y a pas de grande question à se poser.
« De toute manière, l’histoire de ce film et de ces personnages, on les a déjà vu plein de fois. »
Oui, ça s’appelle la théorie du monomythe Campbellien. 75% des films sont construits sur cette théorie aujourd’hui, même des films considérés comme des chefs-d’oeuvre.
En clair, Mad Max Fury Road est un sommet de cinéma, une oeuvre à part totalement déjantée et intelligente, aux messages forts et à la mise en scène datant d’après-demain. Les gens qui n’ont pas aimé n’étaient tout simplement pas prêts à voir ce film. Soyez témoin mes frères, de leur tristesse.
–Mad Max Fury Road, de George Miller.
–Mad Max Fury Road, de George Miller. Ben oui quoi, je l’ai vu trois fois en deux semaines…
–La Tête Haute, de Emmanuelle Bercot: Ouverture de ce festival de Cannes, La Tête Haute est une jolie réussite. Soit, l’histoire n’a rien de novatrice puisque le film social est devenu un énorme pourcentage financé par le CNC depuis quelques années, mais l’interprétation de Rod Paradot, Catherine Deneuve et Benoit Magimel sont à couper le souffle. Tout en justesse et en sincérité, ils campent leurs personnages et leur donnent une tendresse assez folle. Quelques séquences sont très belles et méritent le coup d’oeil. Une jolie réussite pour Emmanuelle Bercot, qui a d’ailleurs gagné à Cannes le prix… d’interprétation féminine pour Mon Roi de Maïwenn cette année.
–Maggie, de Henry Hobson: J’ai tenu une demie-heure dans mon cinéma. Après, je me suis endormi. Et la première demie-heure ne racontait rien du tout.
Et voilà les films que j’ai pu voir au mois de mai cette année. Petit récapitulatif de ce mois:
-Pièce maîtresse du cinéma avant-gardiste: Mad Max Fury Road;
-Prodigieux: A la Poursuite de Demain;
-Touchant et pas inintéressant: La Tête Haute;
-Nullissime: Pyramide;
-Zzzzz…: Maggie.
Le mois de juin est propice au début de l’été, aux premières lueurs de soleil et au début des grandes vacances. C’est aussi en juin que certains distributeurs mettent le paquet en terme de distribution et explosent le box-office international à coups de blockbusters ludiques ou nostalgiques mais au final souvent lucratifs. Sans plus attendre, découvrons de quoi était fait le mois de juin dans nos salles.
–Ex Machina, de Alex Garland: Sorti aux Etats-Unis en janvier dernier, présenté en France à Gérardmer en février dernier et distribué chez nous à l’échelle nationale le 3 juin, la première réalisation du scénariste de 28 jours plus tard a été un fiasco monumental. Et c’est bien dommage, car le film est un chef-d’oeuvre du genre. Une sorte de perle auquel on se prend au jeu immédiatement et dont on se laisse emporter par une mise en scène enlevée et des personnages tous mystérieux ou incrédules. Oscar Isaac, Domnhall Gleeson et Alicia Vikander forment un triangle amoureux ambigu aux nombreux secrets, et aux twists finaux prévisibles tels les derniers films de John Crowley (Boy A, Closed Circuit). Une brillante et étonnante réussite.
–Vice-Versa, de Pete Doctor: Intra-vélocité, chapitre III (Mad Max 4 étant le deuxième volet et Hacker le premier de l’année). Vice-Versa n’est certes pas le plus grand film de Pixar, mais reste néanmoins un film indispensable pour le septième art. Une ode au passage de l’enfance à l’adolescence, marqué par des moments beaucoup plus tristes et touchants qu’il n’y parait. Des messages forts, un véritable sens du rythme alliée à une vitesse de progression impressionnante de lisibilité – suivre des états émotionnels qui se dépêchent de revenir au QG cérébral d’une jeune fille afin d’éviter le pire -, des émotions qui se bousculent et une véritable prouesse d’animation, encore une fois, pour le studio américain. Et ne manquez surtout pas la scène se situant durant le générique, vraiment hilarante.
–Jurassic World, de Colin Trevorrow: Koukou tou le mon2! Oui, j’ai aimé Jurassic World. Mais attention, ne me faites pas dire n’importe quoi: bien sûr que le film soit blindé de défauts, dont le fait que Trevorrow ne sait pas filmer des gens qui discutent tout en marchant, que les clins-d’oeil au premier film manquent clairement de subtilité ou alors qu’il est empreint d’un cynisme parfois dérangeant ou ambigu (l’élevage de raptors, ou encore le requin blanc bouffé par le mosasaure, dinosaure des mers). Mais merde, Jurasssic World c’est aussi un solide Chris Pratt, de nombreuses scènes spectaculaires (le parc ouvert au public, c’est clairement un rêve de gosse) et un final épique qui rend merveilleusement bien hommage à Jurassic Park et qui par la même occasion lave l’affront d’un troisième volet lamentable. En clair, ce n’est en aucun cas du niveau du premier mais plutôt du deuxième, avec les mêmes défauts que le deuxième; et c’est toujours mieux que le navet réalisé précédemment par Joe Johnston. Solide divertissement, injustement mal aimé.
–Poltergeist, de Gil Kenan: Remake que j’attendais pas mal, notamment car c’est Sam Raimi le producteur exécutif et que Gil Kenan est le réalisateur du très justement acclamé Monster House, Poltergeist est une énorme, ENORME, déception. Si quelques idées de mise en scène méritent une réflexion, notamment dans ses lignes abstraites qui défient la symétrie et amplifient l’étrangeté des esprits et de la maison (structure que l’on retrouvait dans Monster House d’ailleurs), le reste du remake est fade, lisse et complètement dénué d’intérêt. Le film n’est jamais réellement divertissant, abuse de concepts à jumpscares ultra-stéréotypés (le coup du clown par exemple), et fait somnoler plus qu’apeurer. De plus, le casting, pourtant intéressant séparément (Sam Rockwell, Rosemarie DeWitt, Kyle Catlett ou Saxon Sharbino notamment) parait complètement à la ramasse et le film se termine sur une scène absolument hallucinante, comme si l’équipe technique comprenait enfin ce que voulaient dire le premier film de Tobe Hooper (et Steven Spielberg, mais ça faut pas le dire). Remake inutile et foiré donc.
Ainsi se termine notre périple au travers du mois de juin, qui se soldera comme d’habitude par un bref récapitulatif des trente jours:
-A voir d’urgence, et en plus il est encore en salles, dépêchez-vous: Vice-Versa;
-Chef-d’oeuvre poétique et gothique: Ex Machina;
-#JeSuisColin: Jurassic World;
-Inintéressant: Poltergeist.
Pour boucler la boucle, je vous propose mon top 10 et mon flop 10 des six premiers mois, en sens inverse pour que le suspense reste intact. Les voici donc!
10) Shaun le Mouton, de Richard Starszak
9) Tomorrowland, de Brad Bird
8) Hacker, de Michael Mann
7) Ex Machina, de Alex Garland
6) Inherent Vice, de Paul Thomas Anderson
5) Foxcatcher, de Bennett Miller
4) Vice-Versa, de Pete Docter
3) Réalité, de Quentin Dupieux
2) Mad Max Fury Road, de George Miller
1) ANNA KENDRICK
Pardon, désolé pour le premier, j’avais oublié de vous prévenir de l’entrée en zone Anna Kendrick. Bon, maintenant, le flop 10.
1) Wild, de Jean-Marc Vallée
2) Charlie Mortdecai, de David Koepp
3) Cinquante Nuances de Grey, de Sam Taylor-Johnson
4) Poltergeist, de Gil Kenan
5) Toute Première Fois, de Noémie Saglio et Maxime Govare
6) Pyramide, de Grégory Levasseur
7) Frank, de Lenny Abrahamson
8) L’Interview qui Tue!, de Seth Rogen et Evan Goldberg
9) Bis, de Dominique Farrugia
10) The Smell of Us, de Larry Clark.
Et c’est ainsi que tout s’achève dans notre merveilleux voyage dans ce début d’année. La seule chose que j’ai à vous rajouter est que les derniers albums de Chemical Brothers et de Kendrick Lamar sont des must-listens dans leur genre, et que, même si l’actualité depuis début janvier est une catastrophe, ou que vous faites l’erreur d’aller voir des films comme Terminator Genisys ou Un Moment d’égarement parce qu’on a tous le droit d’être idiot parfois, je ne vous dirai une seule et unique chose:
P.S:
j’aurais bien voulu apporter quelque chose de vraiment drôle pour boucler cette rétrospective avec panache, mais l’inspiration ne venant pas, j’ai décidé finalement de remercier les personnes qui m’ont lu et/ou soutenu, avec qui je garde contact ou non et qui doivent aussi me supporter par SMS ou Skype, les pauvres. Je remercie également les personnes qui m’ont inspiré pour ces articles, sans qui il n’y aurait rien malgré le fait que ces personnes m’insupportent ou m’ont fait halluciner en salles.
Un grand merci donc à Audrey, Fred, Anna Kendrick, Paul, Jeanne, « Big Boss » Kevin (qui me fait confiance depuis un an malgré mes longues périodes d’absence), Pierre, Ilan, Vince, Camille de Camille se fait des films, Bastien, Marine, Maxime, Grégory, William, Jean-Marc Vallée, Manu, Aymeric, les réseaux sociaux, Carl, Pauline, Yannick, les crayons à papier de Christian Grey, LJ, Charlotte B, Charlotte V, George Miller, Virginie, David, Robin, Tinlenval (Valentin je suppose), qui a su faire part de son mécontentement avec de la positive intransigeance et du mérite lors de la première chronique…
Je voulais remercier nos mécènes également pour nous avoir fait pleinement confiance pour nos films de fin d’année à l’école de cinéma, ils sont beaucoup, ils se reconnaîtront. Je pense aussi à toutes les personnes qui n’ont pu donner de l’argent pour cause de manque de fonds mais qui ont suivi le projet du début à la fin. Je ne sais toujours pas quand le film sortira et je m’en excuse entièrement, mais je passerai un coup de téléphone prochainement à l’école pour vérifier que le DCP YouTube soit opérationnel, et laisserai un message sur le compte twitter de CinéCinéphile. En tout cas, merci à vous tous, et bien que le résultat ne soit pas forcément à la hauteur de vos attentes, j’ai appris à ne plus faire les mêmes erreurs et vous proposerai un résultat meilleur pour mon prochain court-métrage, que je souhaiterais tourner d’ici juillet 2016 après mon année scolaire, et le Nikon Film Festival.
Je remercie mes parents qui me lisent depuis le début et qui sont fiers de ce que je fais, alors que c’était pas franchement gagné au départ. Je fais aussi des gros bisous à mon papy, qui en vrai n’est ni alcoolique ni cleptomane, et je t’adore de tout mon cœur et m’excuse pour cette chronique.
Remerciements également à ces quelques blogs amis, qui n’ont pas tous le succès escompté mais qui ont le mérite d’exister et de continuer à démontrer leur amour pour le cinéma: je pense à Ma Semaine Cinéma ou encore Mon Tintamart, Ciné Club Movies, les Chroniques de Cliffhanger, Le Cinéphile Suricate, Inglourious Cinéma, Cinécomça, et cætera.
Je remercie aussi mes anciens abonnés twitter qui m’ont supporté durant un petit peu plus de trois ans; et les abonnés de CinéCinéphile, qui aiment suivre nos livetweets et notre activité critique et chronique sur notre cher blog. Et tant qu’on y est, je vous propose d’aller visiter la chaîne YouTube d’une amie qui fait des vidéos survitaminées et travaillées avec un sens du pointillisme assez stupéfiant, et nous sommes unanimes avec quelques personnes du BTS. Je vous laisse cliquer —> ici <— pour regarder, et vous avez intérêt à le faire, je vous surveille.
Il me semble, désormais, avoir fait le tour des remerciements. Ainsi donc s’achève nos chapitres de cette rétrospective, un peu rushée à la fin mais en gardant toujours un esprit assez critique et un peu détaillé. D’ici là, je continuerai bien évidemment à écrire pour le blog, mais vous me retrouverez en février ou mars 2016, sur le compte twitter du blog, pour un livetweet exceptionnel pour honorer le grand spectacle de la cérémonie des Césars! À bientôt donc.