Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier Festival de Cannes, Mustang ou l'histoire de cinq adolescentes emprisonnées par le patriarcat en Turquie est en passe de devenir culte par l'universalité de son sujet et son accessibilité.
C'est le début de l'été. Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l'école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l'école et les mariages commencent à s'arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
Avant toute chose, bien que le scénario le rappelle automatiquement et pourrait vous mettre Playground Love en tête, Mustang n'est pas une redite du cultissime Virgin Suicides. Là ou le film de Sofia Coppola utilisait un registre poétique pour raconter son histoire, quant à lui va raconter son histoire dans la manière la plus simple qui soit afin de mieux se concentrer sur les personnages et leur combat pour la liberté.
Le film de Deniz Gamze Ergüven réussit le pari de ne tomber dans aucun pathos, par sa mise-en-scène privilégiant un aspect naturaliste et en montrant ce calvaire non pas vécu par des femmes victimisées mais par des femmes fortes à qui les hauts et des bas arrivent dans leurs vies. Les moments les plus durs sont immédiatement contrebalancés par des passages rayonnants par leurs légèretés, donnant aux héroïnes des signes d'indépendance.
La prévisibilité face à certains moments n'atténue en rien le choc provoqué par les événements. La réalisatrice n'oublie pas de nous montrer la noirceur du patriarcat poussé à son extrême ainsi que ses terribles conséquences. Le film nous tient en haleine durant tout le long, allant même jusqu'à proposer une sorte de " climax final " stupéfiant par son suspens.
Pour un premier long-métrage, la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven signe une oeuvre forte et universelle sur la liberté, méritant d'être vue par tous.
Victor Van De Kadsye