« Champion du monde de boxe, Billy Hope mène une existence fastueuse avec sa superbe femme et sa fille qu’il aime plus que tout. Lorsque sa femme est tuée, son monde s’écroule, jusqu’à perdre sa maison et sa fortune. Pire, la garde de sa fille lui est retirée, la justice estimant son comportement incompatible avec son rôle de père. Au plus bas, il trouve une aide précieuse en la personne de Tick Willis, un ancien boxeur avec lequel il reprend l’entrainement. Billy va devoir se battre pour trouver la voie de la rédemption et regagner ainsi la garde de sa fille. »
Raging Bull, Ali, Warrior, The Fighter, en passant notamment par la saga Rocky. La boxe ou plus généralement ou les sports de combat ont toujours eu leurs heures de gloire au cinéma. Chaque cinéaste qui s’attaque à un sport de combat au travers d’un projet cinématographique, a quelque chose à raconter et une manière de faire qui diffère. Paru en 1976, Rocky premier du nom a instauré une dynamique et a conceptualisé le film de boxe. Aujourd’hui, ils se ressemblent tous. Ou presque Chaque scénario part d’un point A et se sert d’un rebondissement prévisible ou non pour arriver à un point B. La rédemption étant généralement la thématique permettant à découler sur la belle image de fin. Southpaw, renommé La Rage au Ventre pour sa sortie française, ne déroge pas à la règle. On s’y attendait et c’est sans grande surprise, que le réalisateur de Training Day et de The Equalizer se contente de faire vivre sous un nouveau jour la trame scénaristique de Rocky avec des différences plus ou moins notables. Ce qui n’est pas un mal en soit.
Au cinéma, on aime l’originalité et la créativité. Depuis 1976 et la sortie de Rocky, c’est le même moule de fabrication qui est utilisé par différents metteurs en scène. Avec plus ou moins de réussite, chaque metteur en scène apporte néanmoins sa pierre à l’édifice sans pour autant faire du simple film commercial. Match Retour étant par exemple, un simple film commercial reposant sur un concept à fort potentiel, mais gâché par une envie de divertir avant tout. Un divertissement honnête, mais un climax complètement. La Rage au Ventre est également dans le fond un divertissement. Un film qui en mettra plein la vue aux spectateurs venus voir des combats sur grand écran et une interprétation enragée de Jake Gyllenhaal. Mais Antoine Fuqua et Kurt Sutter ne se contentent pas d’offrir des combats, des larmes et du sang. Ils dissèquent le monde de la boxe pour en tirer un élément essentiel et un personnage charismatique animé par cette émotion. Une complémentarité qui fait vivre le film et lui offre une dynamique. Animé par la rage et la détermination qui sont essentielles à son sport, Billy Hope combat de la même manière qu’il gère sa vie privée. Il ne monte pas sa garde et encaisse, jusqu’à asséner le coup fatal à son adversaire. Jusqu’au jour où un évènement va le contraindre à repartir de zéro pour apprendre à gérer sa vie autrement, ainsi que sa façon de combattre.
Au travers de ce simple postulat de départ dont on connaît le début et la fin, Kurt Sutter concentre sa narration autour du personnage principal, le boxeur Billy Hope interprété par Jake Gyllenhaal. Ce dernier est central à l’histoire, mais ce sont les personnages qui l’entourent qui vont être déterminant à son avancée. Reposant en majorité sur les stéréotypes du genre, les personnages secondaires peine à convaincre. On sait ce qu’ils vont entreprendre et quelle sera leur destinée. Néanmoins, la patte de Antoine Fuqua se fait ressentir et il arrive à donner à deux personnages, la place qui leur revient de droit. Le cinéaste américain aime les personnages qui ont un lourd passé. Des personnages qui ont du coffre, qui sont caractériels et solitaires, mais qui ont besoin de leur famille, d’un réconfort. La famille est un élément qui prédomine dans les films signés Antoine Fuqua et La Rage au Ventre ne déroge pas à la règle. Sur le ring, les coups assénés sont durs et lourds. Billy Hope en reçoit et en donne à la douzaine. En dehors du ring, les coups ne sont pas physiques, mais la douleur en est que plus forte. Grâce à une mise en scène qui arrive à prendre du recul lors des séquences centrées sur la vie privée du protagoniste, résulte un film émotionnel et intense. Une mise en scène qui ne sort pas complètement des conventions du genre, mais qui arrive à faire surgir des émotions insoupçonnées et le meilleur des acteurs.
Deux personnages secondaires que sont Maureen Hope et Leila Hope, amplifient l’aspect dramatique du long-métrage. Deux personnages féminins qui ont une influence sur les agissements du protagoniste et qui vont par leur présence ou non changer sa vie. Leila Hope, interprétée la jeune Oona Laurence, est touchante et paraît, par l’écriture de son personnage, plus mature que son propre père. Un personnage intéressant, aux agissements prévisibles dans la finalité, mais pas sur la façon de faire. Comment arrive-t-elle à faire changer son père. C’est elle qui a les cartes en main, c’est elle qui le frappe en plein cœur et frappe le spectateur par son caractère et son charisme. Fidèle à lui même, Antoine Fuqua ne fait pas uniquement dans la douceur et l’émotion. Film de boxe avant tout, il implémente par sa mise en scène, un dynamisme et une brutalité rarement exprimée au cinéma. La caméra tremblotante à l’épaule, il ne fait pas dans le plan-séquence, mais avec un montage rythmé, il exprime la rage intérieure du protagoniste par l’image.
La Rage au Ventre était en grande partie attendu et vendu sur la prestation de Jake Gyllenhaal. Acteur qui aime s’investir complètement dans les rôles qu’il interprète pour le cinéma, il c’est encore une fois donné corps et âme pour interprété le boxeur Billy Hope. Il est impressionnant, violant, agaçant