MUSTANG: encore dans les salles, à voir absolument ! ★★★★☆

Par Le Cinéphile Anonyme @CinephilAnonyme

de Deniz Gamze Ergüven, avec Güneş Nezihe Şensoy,  Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan,  Tuğba Sunguroğlu,  İlayda Akdoğan…

Sorti le 17 juin 2015.

En Turquie, dans un village du bord de mer, cinq jeunes sœurs (Güneş Nezihe Şensoy,  Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan,  Tuğba Sunguroğlu,  İlayda Akdoğan), orphelines et élevées par leur grand-mère, s’amusent avec leurs copains en rentrant de l’école. Pour cet acte « déshonorant », elles sont « condamnées » à vivre recluses dans leur maison par un oncle autoritaire. Mais loin d’accepter leur sort, les jeunes femmes organisent la résistance.

Il émane de MUSTANG un sentiment de liberté furieuse et d’insoumission rare dans le cinéma contemporain. Pourtant encerclée par une société phallocratique et traditionaliste poussée à son extrême par la ruralité, la fratrie respire la joie et la vie, dans tous ses gestes et ses décisions, grâce à une mise en scène réfléchie et déterminée. Toutes tentatives de contact avec le monde extérieur, véritables tentatives d’évasions physiques ou intellectuelles, révèlent encore plus l’absurdité de la situation. Ces scènes sont néanmoins traitées avec légèreté et vivacité. Une séquence particulièrement, course folle et enivrante vers un stade de football, tire des larmes de joies et de stress, emportant dans son sillage les spectateurs galvanisés.

Le film (sup)porte une conscience féministe naturelle et puissante qui imprègne  tous les plans. Mais plus qu’une tribune contre les hommes, MUSTANG est un hymne à la liberté. POUR la libération des femmes, POUR le droit d’utiliser son corps comme elles l’entendent, POUR l’ouverture de la société conservatrice, POUR la vie. Le vrai choc est donc plus un choc générationnel qu’une opposition homme/femme. Les « anciennes » prennent parfois le partie des cinq sœurs, dans quelques scènes de solidarité drôles et émouvantes. Mais leur ambiguïté est mise à jour durant tout le film, ponctué de demandes en mariage, dans lesquelles la grand-mère fait office de commissaire priseur.

On peut seulement reprocher au scénario de MUSTANG une surenchère incestueuse un peu pesante et probablement inutile. Le destin s’abat suffisamment brutalement sur ces jeunes femmes : cette problématique prend toute la place. Nul besoin donc de rajouter encore une difficulté, abordée toutefois avec pudeur et finesse.

    MUSTANG est un film fort, de conviction, qui met en lumière cinq actrices toutes gracieuses et lumineuses, profondément complémentaires. Deniz Gamze Ergüven donne l’espoir d’un monde meilleur pour les femmes, d’un monde libre, tout simplement.

La Cinéphile Éclectique (http://carnetscritiques.over-blog.com/)