Many, un jeune indien du Penjab, débarque à 15 ans en France clandestinement. Redevable vis-à-vis de ses parents qui se sont endettés pour l’envoyer en France, il accepte et même cherche des emplois au noir dans la communauté sikh afin d’envoyer de l’argent au pays. Pris en charge correctement par l’Etat français, il est scolarisé, il a des capacités ; il se retrouve donc très vite partagé entre désir profond d’insertion durable et nécessité de clandestinité pour gagner de l’argent. Dans un style très en vogue dans le cinéma français, « Bébé tigre » opte pour un film mi-social mi-intime très documenté et sérieux. Premier film humaniste, il pointe les difficultés d’insertion lorsque l’on répond à des injonctions contradictoires : être un bon fils n’est pas compatible avec un parcours de formation et d’insertion durable par exemple. Sobre mais appliqué dans sa mise en scène, il reprend bien les codes du genre dont la caméra portée est un des éléments phares. Il l’est aussi dans son propos. La parabole finale autour de la légende du Minotaure, poétique, est appropriée à cette histoire et est clairement parlante sur le choix final du jeune homme. Tuer son Minautore n’est possible uniquement parce que le fil d’Ariane qu’est une intégration réussie lui permet de rapidement arbitrer sur ce qu’il a à perdre à suivre la voie de l’illégalité.Beau premier film, pas révolutionnaire… mais bien mené jusqu’à une tension finale réaliste.
Sorti en 2015