« Les Barden Bellas sont de retour pour faire vibrer le monde dans Pitch Perfect 2, suite de The Hit Girls qui racontait l’histoire d’une bande d’adorables jeunes filles un brin marginales qui n’avaient qu’un point commun : leurs voix inoubliables lorsqu’elles chantaient ensemble et ne formaient plus qu’un. Cela fait trois ans que les Bellas se sont imposées comme le premier groupe exclusivement féminin à remporter un titre national grâce à leurs voix, leur style et leur attitude reconnaissables entre toutes. Mais lorsqu’elles se retrouvent radiées suite à un scandale qui risque de compromettre leur dernière année à Barden, nos trois championnes à l’esprit combatif estiment que, cette fois, elles ont perdu la partie. Alors qu’il ne leur reste qu’une occasion de reconquérir leur titre, les Bellas doivent se battre pour avoir le droit de concourir au championnat du monde de chant a capella de Copenhague. Entre la pression de la compétition musicale et la peur de rater leur année de Terminale, les Bellas devront se serrer les coudes pour retrouver leur voix et remporter le championnat… »
Il y a certains films qui n’auraient pas besoin de suite, et oh surprise, Pitch Perfect 2 en fait partie. Véritable remake non assumé du premier volet, Elizabeth Banks, succédant à Jason Moore au poste de réalisatrice, poursuit avec encore moins d’intention et de créativité dans cette suite complètement oubliable, mais certes très drôle à certains moments. Bon, par contre, vous savez qui joue dans le film, et vous savez ce qui se passe dans ces cas-là si vous avez lu l’exceptionnelle et désopilante rétrospective du mois de mars: on rentre… en zone Anna Kendrick. Ou Anna Kendrick Zone, puisque apparemment, le rédacteur en chef du blog est bilingue.
Si l’on pouvait résumer le premier volet, pour ceux qui ne l’ont pas vu, l’on pourrait dire que The Hit Girls (oui, le titre français a changé d’une suite à l’autre, merci Universal pour cette grande leçon de distribution) raconte l’histoire d’un groupe a cappella de jeunes filles lycéennes, les Barden Bellas, qui se voient contraintes de modifier en profondeur l’intégralité de leur répertoire musical et chorégraphique, notamment sous l’impulsion de Beca, jeune fille rebelle ne souhaitant pas se conformiser au groupe, afin de remporter pour la première fois de leur histoire le championnat universitaire a cappella. Dans le deuxième volet, les choses ont changé, puisque cela parle d’un groupe a cappella de jeunes filles lycéennes, les Barden Bellas, qui se voient contraintes de modifier l’intégralité de leur répertoire musical et chorégraphique, notamment sous l’impulsion de Emily, jeune fille auteure de chansons originales, afin de remporter pour la première fois de leur histoire le championnat du monde a cappella. Et je vous rassure, messieurs-dames, non, je ne radote pas.
Pitch Perfect 2 est un simple décalquage de son prédécesseur, même si le film ne se concentre plus sur un seul personnage en particulier mais sur tout le groupe. La narration est la même. Les personnages sont les mêmes: ce sont tous de grossiers archétypes servant juste à sortir des vannes, hormis Anna Kendrick et Hailee Steinfeld qui semblent être les seules à avoir une vie intéressante. L’histoire est la même; les situations sont les mêmes et le cliffhanger est le même… en plus mauvais. D’ailleurs, tous les petits artifices qui ont fait leur effet la première fois sont de retour ici, mais sont présentés comme un pur produit de fan service (ou d’auto-congratulation, appelez ça comme vous voulez). Ainsi donc, le film ne servirait à rien s’il recycle en permanence le premier film? Eh bien oui, exactement! Mais il y a un truc qui fonctionne plutôt bien dans Pitch Perfect 2, c’est sa solide capacité comique. Alors, oui, c’est lourd et extrêmement premier degré, tout comme le premier film, mais là où le long-métrage original se révélait parfois timide ou peu rassuré par ses blagues, cette fois-ci les scénaristes foncent tête baissée et poussent toutes leurs vannes dans leurs derniers retranchements, voire jusqu’à l’overdose. Soit, ça fonctionne pas toujours très bien, mais certaines se digèrent simplement, notamment pour la prestation déchaînée d’une Rebel Wilson toujours en roue libre, qui fait rire malgré la dissipation de l’étonnante caractérisation de son personnage, qui faisait mouche dans le long-métrage de Jason Moore.
Mais, franchement, la série Pitch Perfect ne se regarde pas simplement pour son humour ou son histoire. C’est aussi un show a cappella, où les chorégraphies de Kyndra Reevey succèdent à celles endiablées de Aakomon Jones – chorégraphe titre de Usher ou Justin Bieber, non ce n’est pas un novice – dans le premier film. Sauf que c’est extrêmement plat et désincarné. Autant tout le show dans The Hit Girls était sympathique par le biais d’un découpage très simple mais dynamique et enjoué, qui captait la solitude et/ou l’union sur scène avec un tantinet de réussite – après, ça veut pas dire que c’était génial, mais c’était plutôt sympathique -, autant ici, la mise en scène est en complète pilotage automatique. Elizabeth Banks laisse tourner ses caméras, filme tout avec les mêmes angles et les mêmes astuces de transition, sans véritable intégrité artistique ni sens du rythme, mais avec des coupes brutales qui détruisent quasiment toute la fluidité du film. D’autant plus que les chorégraphies sont plus molles et moins entraînantes que le premier volet, allié à un montage totalement aléatoire, ce qui ne facilite pas le travail. Mais de toute façon, je ne vois pas pourquoi je m’attelle beaucoup sur ces scènes de chant, puisqu’il y en a encore moins que dans le premier volet. Ainsi, on peut se demander: mais qu’ont vraiment voulu faire la réalisatrice et Kay Cannon, la scénariste des deux opus, sur ce coup-là, tant le film est très faiblard dans son dispositif, n’a absolument aucune idée de réalisation pour emballer le long-métrage de bout en bout et réfute ses numéros de a cappella?
Heureusement, le casting semble encore intègre et offre quelques moments de bravoure dans quelques scènes plutôt drôles. Anna Kendrick est fidèle à elle-même, explose par-delà son capital sympathie qu’on ne présente plus malgré un rôle plus lisse et moins intéressant que le premier volet (cosplay pseudo-punk fade, humour pinçant moins en vogue, relations avec le groupe et Skylar « plante verte » Astin beaucoup plus édulcorées). Hailee Steenfeld, nouvelle héroïne de la « saga », paraît elle aussi très sympathique de par son côté candide attachant. On observe cependant une importance flagrante des rôles de Ben Platt et Adam DeVine, qui bien qu’ils ne cassent pas trois pattes à un canard, sont intéressants car on aurait bien voulu en savoir plus sur eux dans le premier volet. Rebel Wilson, comme dit plus haut, est plus mise au premier plan et est comme à son habitude un monstre de comédie, à l’humour imprévisible et aux punchlines qui font la majeure partie du temps leur effet. Idem pour les rôles de Elizabeth Banks et John Michael Higgins, plus au premier plan mais hilarants pour les trois-quarts de leurs répliques. Hana Mae Lee, Brittany Snow, Ester Dean font toujours les mêmes blagues et ne font même pas avancer les relations entre les personnages. Alexis Knapp ne sert plus à rien, Anna Camp fait un caméo sympa et Chrissie Fit rejoint la longue liste des archétypes/side-kicks rigolos/mystérieux du film.
En clair, Pitch Perfect 2 est un film absolument inutile, soit, mais si l’on considère ce film comme un plaisir coupable idiot, un peu gras mais qui permet de se vider la tête et de se dire que Anna Kendrick est quand même la plus belle femme du monde, il y a de quoi passer un bon moment avec cette bande peu intéressante… mais attachante. Par contre, pitié Universal, stoppez la production de Pitch Perfect 3. Arrêtez-vous là. Ça vaudrait mieux.