Réalisé par : Alanté Kavaïté
Avec : Juljia Steponaityte, Aistė Diržiūtė
Sortie : 29 juillet 2015
Durée: 1h30
Budget:
Distributeur : UFO Distribution
3D: Oui – non
Synopsis : Sangaïlé, jeune fille de 17 ans, passe l’été avec ses parents dans leur villa au bord d’un lac de Lituanie. Comme chaque année, Sangaïlé se rend au show aérien. Cette fois, elle y fait la connaissance d’Austé, une fille de son âge, aussi extravertie que Sangaïlé est timide et mal dans sa peau.
Une amitié va s’épanouir dans la sensualité de l’été…
Notre avis :
Auréolé du Prix de la mise en scène lors de la dernière édition du Festival de Sundance, le second film d’Alanté Kavaïté se dévoile enfin au public français. Summer promet une échappée dans la campagne lituanienne, dans laquelle naît une relation entre deux jeunes filles : Sangaïlé et Austé. Entre amitié et amour naissant, les frontières s’abolissent… Qu’en avons-nous pensé ?
Summer met en scène deux jeunes filles à la personnalité et au mode de vie radicalement opposés. Issue d’un milieu aisé, Sangaïlé (Juljia Steponaityte) est en vacances avec ses parents dans leur maison secondaire. Mais la jeune fille est mal dans sa peau ; elle rêve de devenir aviatrice mais n’ose se mettre en avant par peur de décevoir sa mère, ancienne ballerine, qui ne supporte plus son indécision. Renfermée, timide, elle se replie trop souvent sur elle-même. Il ne suffit que du regard d’Austé (Aistė Diržiūtė) pour voir qu’elle est son exact contraire : cette dernière est lumineuse, extravertie, souriante. Ces deux caractères se lient le temps d’un été, mais parviendront-ils à se lier au delà ?
L’été lituanien donne des envies d’ailleurs : on ne peut nier que Summer est une réussite esthétique. Alors que le film se déroule dans la ville considérée comme étant la plus moche de la Lituanie, Elektrénai, Alanté Kavaïté se joue aisément de ces critiques et parvient à lui insuffler une certaine beauté. La réalisatrice joue aisément avec les couleurs et les contrastes : si Austé vit dans un HLM quelconque, aux intérieurs décrépis, sa chambre est une échappatoire, où sa personnalité extravertie se libère à travers ses folles créations vestimentaires, ses photos, sa décoration douteuse (la chaise collée au plafond !)… C’est tout le contraire chez Sangaïlé, avec sa chambre vide, sobre, presque glaciale.
La nature devient le lieu de réunion privilégié des jeunes filles et le terrain de jeu privilégié de la réalisatrice, qui nous délivre des images variées et somptueuses de jour comme de nuit. Mention spéciale pour la gestion de la lumière naturelle, en particulier pour ce magnifique coucher de soleil lors d’une séance photo à laquelle se livrent les jeunes filles. Le paysage est aussi le lieu de visualisation du vertige ressenti par Sangaïlé : ses rêves se perdent dans ces prises des paysages, vus de dessus, ou cette caméra qui s’envole sur un toit pour dévoiler la peur de ce personnage… Les compositions originales de JB Dunckel, membre du groupe Air, se conjuguent harmonieusement avec l’image d’Alanté Kavaïté.
Or la mise en scène ne fait pas tout un film, et c’est bien ce qui pêche dans Summer. Alors que BOYS était parvenu à ne pas s’engouffrer dans les stéréotypes, le film de Kavaïté fait tout le contraire : le contraste entre Sangaïlé et Austé est bien trop forcé. Sangaïlé est cette jeune fille timide et coincée qui se mutile ; le typique cliché de l’adolescent que l’on aimerait bannir à tout jamais de la fiction. Il fallait forcément que sa mère lui mette la pression, l’humilie, car elle était une grande ballerine (n’oublions bien évidemment pas que nous sommes en Europe de l’Est !). Et il fallait aussi que Sangaïlé se décoince en moins de deux minutes trente en rencontrant Austé. La naissance de leur relation plus intime se voit venir à des kilomètres à la ronde. Leur bonheur est sincère, véritable, certes.
Mais la construction du film ne leur fait pas honneur : vient évidemment le schéma « rencontre – séduction – amour naissant – engueulade – réconciliation ». Et quelle réconciliation bâclée ! Quelle fin bâclée. Le vertige de Sangaïlé n’est qu’un prétexte pour donner une contenance au scénario, alors que cet enjeu est résolu de manière atrocement maladroite, par une ellipse des plus violentes. Summer avait tout pour plaire, mais nous en sortons bien plus que mitigé.
Summer n’a d’attrayant que sa forme : au delà de son esthétique léchée, le scénario pêche par ses nombreux clichés et ses maladresses. Dommage !
Cliquer ici pour voir la vidéo.