genre: comédie, gore, horreur (interdit aux - 12 ans)
année: 1985
durée: 1h27
l'histoire : Après avoir été en contact avec des tonneaux de déchets nucléaires, Malvin se voit doter d'une force surhumaine et devient The Toxic Avenger, le fameux justicier de Tromaville.
La critique :
En l'espace de quelques décennies, presque quarante années pour être exact, le réalisateur et producteur, Lloyd Kaufman, est devenu le porte-drapeau du cinéma indépendant et underground américain. Avec son ami et collaborateur, Michael Herz, il fonde la compagnie Troma Entertainment et se distingue par un humour gras, potache, licencieux et égrillard, qui ne tarde pas à trouver son public.
Pourtant, les débuts de Lloyd Kaufman en tant que réalisateur et producteur sont plutôt discrets. Des films tels que Waitress ou Squeeze Play restent assez confidentiels. Il faudra attendre jusqu'en 1985 avec The Toxic Avenger pour créer la sensation dans les vidéos clubs.
Cette série B, qui oscille entre la parodie vulgaire, le gore et l'horreur outrancière, va devenir la marque de fabrique des productions Troma. En effet, on retrouve dans ce film tous les ingrédients qui vont asseoir le succès et la réputation de Troma : un héros idiot, une passion bien étrange pour le nucléaire et les radiations toxiques, une société américaine ringarde, qui ne jure que par la bière, le pop-corn et les séances de musculation. Tout un programme !
Incontestablement, The Toxic Avenger est un film à part entière dans l'univers des super-héros. Toxie, plus connu sous le nom du Toxic Avenger, est l'anti-Superman par excellence. Il symbolise aussi toute la vulgarité et la pusillanimité d'une société américaine en déliquescence et totalement focalisée sur son petit nombril.
Sous ses airs de parodie paillarde et grivoise, The Toxic Avenger est une véritable critique de la société consumériste et d'une communauté américaine repliée sur elle-même, intolérante, indolente et totalement apathique. Inutile ici de mentionner les acteurs. Ce sont tous de joyeux inconnus. Attention, SPOILERS ! Un technicien de surface travaille dans le club de musculation de Tromaville.
Victime d'une mauvaise plaisanterie, le malheureux Melvin est aspergé de déchets toxiques et se transforme en un monstre à la force surhumaine nommé le Toxic Avenger. Il va désormais faire la justice à Tromaville en massacrant les malfaiteurs à mains nues à grands renforts d'effets gores.
Lorsqu'un idiot congénital, victime des quolibets de son entourage, se retrouve transformé en vengeur toxique. Tel est le postulat de départ de The Toxic Avenger ! Après un bref séjour dans les barils toxiques, notre héros débonnaire devient un justicier redoutable au visage tuméfié, mais doté d'une force surhumaine. Très vite, notre super héros va nettoyer Tromaville de la racaille, mais pas seulement...
Ses anciens tortionnaires vont eux aussi faire les frais de sa vengeance implacable. Clairement, le scénario n'est pas le gros point fort de The Toxic Avenger. Néanmoins, il permet à Lloyd Kaufman de se venger lui aussi du diktat hollywoodien. Conspué, tancé et vitupéré par ses pairs, le réalisateur et producteur a quelques comptes à régler avec le système hollywoodien.
Par ailleurs, certains fans considèrent The Toxic Avenger comme une parodie à la fois grinçante et personnelle. A travers les aventures de son super héros revanchard, Lloyd Kaufman en profite pour égratigner et même saigner la société américaine, qui serait diriger par les lobbys. A ses yeux, le monde entier ressemble à un vaste entrepôt ordurier.
Ce n'est pas un hasard si le super héros est un être toxique, indésirable et marginalisé par sa communauté (tout du moins, dans un premier temps). Le réalisateur rejette tout ce qui est en rapport avec le conformisme, le consensuel et la normalité. Au diable les conventions bêtifiantes de notre société moralisatrice ! Tel est le message, à peine éludé, de The Toxic Avenger !
Le film s'apparente à une sorte de doigt d'honneur, de "fuck" à peine déguisé, au système hollywoodien. En l'occurrence, Lloyd Kaufman cultive et affectionne l'art du mauvais goût. Par exemple, il n'hésite pas à fracasser une petite vieille approchant la nonantaine, à massacrer des adolescents bodybildés et à railler des flics pantouflards, qui brillent surtout par leur candeur et leur incompétence.
Dans The Toxic Avenger, c'est l'humour paillard, le vomi, le sang, le gore et les femmes mamelues qui prennent leur revanche sur une société bien-pensante, anomique et décadente. Certes, certains fans considèrent The Toxic Avenger comme un nanar délirant et outrancier. Pourtant, par ses excès, sa folie et son irrévérence, le film s'impose comme une référence parmi les parodies horrifiques.
Aujourd'hui, The Toxic Avenger est considéré, à juste titre, comme un film culte. Succès oblige, trois nouveaux épisodes seront réalisés par la suite.
Note: 16/20
Alice In Oliver