Prisoners, Enemy, Night Call... Jake Gyllenhaal n'a cessé d'impressionner son public depuis ses récentes interprétations méchamment intenses et variées. Rentrant doucement dans la course des acteurs caméléons après avoir creusé ses joues, c'est bétonné de 9 kilos de muscles et complètement métamorphosé qu'il nous revient devant la caméra d' Antoine Fuqua pour La Rage Au Ventre dans une histoire de boxeur aussi touchante qu'un Rocky cognant de la barbaque surgelée. Loin de se la jouer modeste comme notre affectueux rital, Billy Hope est le champion du monde et ne se prive pas de le rappeler en rugissant sur le ring tel un tueur assoiffé de victoires à rajouter à son palmarès irréprochable. La donne bascule quand le provocateur du coin qui demande sa chance lui fait perdre les pédales, conduisant sa femme à un accident mortel. En digne héros scorsesien, la descente aux enfers s'amorce dans une multitude de dangereuses frasques et gloire et prospérité s'effacent au fur et à mesure que son équipe lui tourne le dos et que sa fille ne finisse par ne plus le reconnaitre. Seule issue : re-prendre des cours pour récupérer ses points. Billy décide de retourner vadrouiller dans les rues désaturées d'un New York fauché pour reconquérir son titre. A la recherche du contrôle de sa vie chez un ancien boxeur devenu entraîneur ( Forest Whitaker plus attendrissant que jamais) coachant une bande de jeunes novices dopés à la sincérité et l'espoir, Billy n'est pas tant venu pour réapprendre à frapper mais pour briller dans une autre discipline. Celle de boxer contre son instinct dans une lutte intérieure qui lui fait cracher son amour-propre, où les rounds ne se comptent plus et où tout se fait dans l'ombre. Car rien n'a changé au pays du self-made man, l'apanage du winner restera la trivialité d'une salle paumée que la poussière, l'anonymat et l'éclairage bancal contribueront à rendre authentique. Un peu comme un Stallone se laissant éblouir par les paillettes du succès, le challenge survient quand il s'agit de rejouer l'ascension vite oubliée du prolo qui jogge dans les quartiers populaires. Pour Billy, c'est ranger les cartes bleus de la vanité, oublier les gros mots, repartir de zéro en bossant ses droites et déplacements rudimentaires pour revenir de plus belle dans un match retour salvateur et exister à nouveau dans les yeux de sa progéniture. Certes un peu classique, le dépassement du trauma et le parcours de la rédemption n'en sont pourtant pas moins admirables à suivre et trouvent aussi leur accomplissement dans une belle relation à double sens entre le boxeur et son entraîneur officiant de figure paternelle.
A défaut d'y laisser une victoire par K.O, La Rage Au Ventre en impose par la délicatesse du récit et la fébrilité déchirante des protagonistes. Bien qu'en déca de ses précédents rôles, Jake Gyllenhaal s'investit corps et âme et offre une performance choc à son personnage tiraillé entre pulsions et survie. Sur une mise en scène tantôt poignante sur sa continuité dramatique, tantôt redondante sur ses scènes de matchs, Antoine Fuqua sans révolutionner le genre du film de boxe prouve qu'il est encore possible de donner du souffle à un conte vu et revu grâce à la communication désarmante de persos plus authentiques que jamais.
Titre Original: SOUTHPAW
Réalisé par: Antoine Fuqua
Casting: Jake Gyllenhaal, Forest Whitaker, Rachel McAdams
Curtis " 50 Cent " Jackson, Oona Laurence, Naomie Harris...
Genre: Drame, sport event
Sortie le: 22 juillet 2015
Distribué par: SND
EXCELLENT