Saw 3 (La partie continue... Hélas...)

Par Olivier Walmacq

genre: horreur, gore (interdit aux - 18 ans)
année: 2006
durée: 1h47

l'histoire : Le Tueur au puzzle a mystérieusement échappé à ceux qui pensaient le tenir. Pendant que la police se démène pour tenter de remettre la main dessus, le génie criminel a décidé de reprendre son jeu terrifiant avec l'aide de sa protégée, Amanda... Le docteur Lynn Denlon et Jeff ne le savent pas encore, mais ils sont les nouveaux pions de la partie qui va commencer.  

La critique :

Dès le second chapitre, la messe était dite. Cette dernière absoute annonçait définitivement le crépuscule de cette nouvelle saga horrifique à succès. Un vrai paradoxe ! A l'exception du premier volet, les opus suivants sombreront unanimement dans le navet intégral. A la rigueur, seul le dernier chapitre en date, Saw 3-D, fait figure d'exception. A l'instar de ses prédécesseurs, lui aussi se révélera fort médiocre, tout en tournant la saga en dérision, se transformant ainsi en nanar parodique.
Au moment de sa sortie, Saw 3 déclenchera la polémique. Contre toute attente, le film écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. Pourtant, la commission des oeuvres cinématographiques avait recommandé d'interdire seulement le film aux mineurs (donc aux moins de 16 ans).

Mais à l'époque, le ministre français de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, juge péremptoire, le long-métrage trop violent et sadique. En général, l'interdiction aux moins de 18 ans s'applique à une petite poignée de films à caractère pornographique. Pourtant ici, le sexe est clairement banni de ce troisième chapitre. Ensuite, ce n'est pas vraiment la recette qui a fait le succès de la saga.
En l'occurrence, cette recette de cuisine est relativement simpliste : des tortures machiavéliques, des pièges sadiques, une immense demeure transformée en "Luna Park" de l'horreur, des victimes condamnées à mourir dans des conditions épouvantables, et des flashback incessants qui font souvent référence aux précédents épisodes.

Ce programme festif était appliqué à la lettre dans Saw 2, déjà réalisé par Darren Lynn Bousman. Finalement, seule l'affiche de Saw 3 fait preuve d'imagination et d'inventivité puisqu'on y voit des dents suspendues au bout de trois fils de fer. Dans le commentaire audio du DVD, le réalisateur explique que le personnage de Troy devait initialement être enchaîné par les dents, au lieu de l'être par la chair de tous ses membres. C'est pourquoi l'affiche originale du film ne correspond à aucune scène du film, mais correspondait au story-board original. Vous l'avez donc compris.
A l'instar de ses modèles, Saw 3 ne fait pas non plus dans la "dent"elle (désolé...). 
Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Tobin Bell, Shawnee Smith, Angus Macfadyen, Dina Meyer, Donnie Wahlberg et Costas Mandylor.

Certains fans de la franchise considèrent Saw 3 comme le chapitre le plus sombre et le plus torturé de la saga. En tout cas, c'est probablement le ou l'un des épisodes qui contient le plus de pièges machiavéliques. En l'occurrence, il est préférable de ne pas être trop exigeant au niveau du scénario, toujours aussi stupide et laconique. Attention, SPOILERS ! 
Le Tueur au puzzle a mystérieusement échappé à ceux qui pensaient le tenir. 
Pendant que la police se démène pour tenter de remettre la main dessus, le génie criminel a décidé de reprendre son jeu terrifiant avec l'aide de sa protégée, Amanda... Le docteur Lynn Denlon et Jeff ne le savent pas encore, mais ils sont les nouveaux pions de la partie qui va commencer. 

Dans ce troisième chapitre, l'enquête policière est totalement abandonnée au profit d'un huis-clos crasseux se déroulant (encore une fois) dans une immense demeure ou garage (on ne sait pas très bien...) confiné au beau milieu de nulle part... On se demande par ailleurs comment un tel psychopathe ne fait pas l'objet de poursuites plus intensives... Mais peu importe...
Ce qui compte, c'est de délivrer la marchandise en matière de diverses insanités et extravagances horrifiques. A l'instar de Saw 2, ce troisième opus transforme lui aussi son décor en fête foraine de l'épouvante. 
Mieux encore, la boucherie se transcende en véritable entreprise de la mort, à l'image de ce juge qui est enchaîné au fond d'une cuve qui va progressivement se remplir d'entrailles de porcs.

Sur ce dernier point, il est assez amusant d'entendre le tueur pérorer, gloser et se livrer à de longues homélies sur le sort de ses victimes. Alors que ces dernières sont crucifiées, trucidées, broyées, carbonisées et disséquées, le criminel croit leur donner une chance de survie. Mieux encore, il pense que les rares survivants, qui se comptent sur les doigts atrophiés de la main, lui vouent de l'admiration et de la reconnaissance... Non mais franchement...
Comment Darren Lynn Bousman peut-il nous pondre de telles insanités ? Dans ce troisième chapitre, Jigsaw met à l'épreuve un père de famille éploré et endeuillé par la mort de son moutard, odieusement écrasé par un chauffard du dimanche.

Mais le paternel n'est pas le seul participant au nouveau jeu organisé par Jigsaw. Une femme médecin est appelée au renfort lors d'une longue séquence d'exérèse chirurgicale au niveau du cerveau. Darren Lynn Bousman ne nous épargne rien : giclées et effusions de sang, coup de perçeuse dans le crâne, le tout sans anesthésie générale ni matériel médical...
Paradoxalement, cette saynette outrancière ne parvient jamais à choquer. Au contraire, difficile de ne pas se gausser devant tant de crétinerie et de stupidité. 
A défaut de proposer un véritable scénario, Saw 3 joue toujours sur la carte du rebondissement inattendu. A l'image de la conclusion finale, toujours aussi improbable... Comme une évidence, c'est l'épigone sanguinaire et psychopathe de Jigsaw (donc Amanda) qui est mise à rude épreuve. Quant au montage, il est toujours aussi frénétique et épileptique, estourbissant le spectateur avec toute une kyrielle de zooms et de ralentis.
Bref, rien de vraiment nouveau dans ce troisième chapitre, tout aussi navrant et médiocre que son prédécesseur.

Côte: Navet

 Alice In Oliver