Réalisateur : Josh Trank
Acteurs : Miles Teller, Kate Mara, Michael B. Jordan, Jamie Bell, Tim Blake Nelson, Toby Kebbell,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Adaptation moderne et résolument nouvelle de la plus ancienne équipe de super-héros Marvel, le film se concentre sur quatre jeunes génies qui se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux, qui modifie leurs formes physiques mais aussi leurs vies de façon radicale. Ils devront apprendre à maîtriser leurs nouvelles capacités et à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi.
Critique :
Exit le reboot audacieux,#Les4Fantastiques est un blockbuster super-héroïque malade et décevant qui semble avoir été pondu 15 ans plus tôt— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 6 Août 2015
Dans la catégorie reboot super-héroïque, Les 4 Fantastiques se posait décemment tout en haut de la pyramide du mérite et de la nécessité, gentiment intercalé entre l'affreux Daredevil de Mark Steven Johnson et l'affreux Ghost Rider de... Mark Steven Johnson.
Résultat, bien emmerdé face à une concurrence qui intensifie sa densité et sa solidité de semaines en semaines (la titanesque Phase 3 du MCU et le projet Justice League of America de DC Comics qui l'est tout autant), la Fox sort les griffes - et pas uniquement celle de l'omniprésent Wolverine - histoire de mieux préparer une riposte tellement attendue par les cinéphiles qu'elle en devenait presque utopique.
Aux côtés du pilier X-Men, la major affine son catalogue de sorties avec des opus de Deadpool (franchisé si succès il y a), Gambit (lié à X-Men) et des Quatre Fantastiques donc, reboot officiel du double ratage cosmique de Tim Story datant - déjà - de dix piges.
Confié à l'inexpérimenté du produit à gros budget Josh Trank (l'excellent Chronicle, avec ses superhéros sauce found footage) qui voyait ce reboot comme un matériau ultime pour rendre hommage à ses pairs Cronenberg - La Mouche en tête - et Spielberg (la nostalgique période Amblin et ses jeunes héros rêveurs luttant contre le cynisme adulte) mais surtout une pluie de jeunes talents devant la caméra frisant lourdement avec l'indécence du bon gout (Kate Mara, Toby Kebbell, Michael B. Jordan, Miles Teller et Jamie Bell); sur le papier, Les 4 Fantastiques version 2015 avait tout du show-stealer de ce riche été des blockbusters - avec Mission : Impossible - Rogue Nation.
Le hic c'est qu'après vision, difficile de ne pas avouer que même si il a le bon gout de se démarquer des premières adaptations en se focalisant sur le comics Ultimate Fantastic Four, le film de Trank ne fait jamais mouche et ne transcende jamais ses belles promesses Nolanienne (traitement sombre et racé du mythe du superhéros) sur un tout petit peu plus d'une heure et demie.
Pire, on en viendrait presque à trouver meilleur les pourtant très foireuses adaptations originales...
Véritable retour à zéro dans tous les sens du terme (nouveau pitch, cast, réalisateur et look), prenant dans sa longue phase d'exposition avant de sacrément partir en cacahuète une fois que les supers pouvoirs, amenés par une horrible ellipse temporelle, font leur apparition (dite arrivée expéditive et jamais réellement expliquée malgré un lourd propos scientifique); la péloche scripté par le bien aimé Simon Kimberg (X-Men III c'est lui) peine cruellement de tout son long à proposer autre chose qu'un simple superhéros movie, à la différence - par exemple - de Marvel (modèle évident du " Fox-verse "), qui bâtie ses histoires avant d'y intégrer ses vedettes et non l'inverse.
Pire, la patte Josh Trank - littéralement lâché par ses producteurs - est complétement avalée par une intrigue boursouflée et aussi plate qu'une planche à repasser, une palote origin story se voulant série B sombre et dramatique mais accumulant de manière insensé tous les clichés possibles quand elle ne se perd pas dans le gouffre de la prévisibilité (les facilités et les incohérences sont légions) et du néant.
Bourré de placements de produits en veux-tu en voilà, chiche en action, bâclé à mort jusqu'à un final plus expéditif tu meurs (le combat final ne dépasse pas les cinq minutes montre en main) et salopé par des CGI en carton qui ferait passer ceux des premiers films pour un must-see; Les 4 Fantastiques incarne sans forcer le genre de bandes couteuses qui nous rappelle combien un film de superhéros peut être mauvais quand il est mal encadré et produit au rabais.
Dommage parce que, même si il est facile de tirer sur l'ambulance dans de telles circonstances, force est d'avouer que le casting foutrement sympa et à l'alchimie convaincante, fait joliment bien le boulot derrière pour maintenir les apparences.
On retiendra notamment la composition appliquée d'un Miles Teller impressionnant en Reed Richards, aussi charismatique que génial en geek, mais également celle d'un Jamie Bell qui s'en sort honorablement dans la peau de La Chose - pas aussi catastrophique que prévu -, même si l'on aurait aimé un traitement du personnage et de la motion capture similaire à celui du Hulk de Ruffalo pour Marvel (surtout quand on connait le talent du bonhomme pour ce procédé).
Toby Kebbell, impressionnant en Fatalis, n'a malheureusement pas assez de temps pour s'exprimer vu qu'il n'apparait - au grand max - qu'une poignée de minutes dans la peau du vilain majeur.
Blockbuster héroïque tout ce qu'il y a de plus classique qui semble avoir été pondu quinze ans plus tôt, gavé aux fonds vert et à l'humour plus ou moins bien dosé, Fantastic Four divertit un brin tout autant qu'il déçoit sincèrement tout cinéphile un minimum alléché par la belle promesse qu'il semblait incarner durant sa (très) bonne campagne promotionnelle.
Un vrai ratage qui nous amène à espérer que l'alléchante proposition qu'incarne le déjanté Deadpool, ne soit pas une fois de plus un vent de fumée de la part d'une major usant jusqu'à la moelle des franchises dont elle s'échinera à conserver coûte que coûte les droits d'adaptations.
Quitte même à sombrer dans les limbes du ridicule le plus navrant.
Jonathan Chevrier