Ah l'amour ! Cette sensation magique où tout devient possible, ce sentiment qui vous fait passer de l'état de cocon dépressif à papillon positif, ce quelque chose capable de rendre " votre ciel plus grand " comme dirait Mike Brandt. Qui ne rêve pas d'aimer et de se faire aimer à la folie ? Tout le monde y pense, tout le monde en parle, tout le monde le veut !
Mais lorsque Pedro Almodovar se penche sur le sujet et vous raconte son conte de fée à lui, c'est pour aborder le point essentiellement critique de l'amour : la folie, donc (passer de l'état de cocon triste à papillon lumineux alors que nous ne sommes pas des insectes est un fait complètement fou, vous en conviendrez).
Bien que chacun recherche activement la personne capable de lui faire tourner la tête comme la jeune fille de L'Exorciste, il reste impératif, pour des raisons de logistiques et de simplicités que l'élu soit sain d'esprit. Si cas échéant la magie de l'amour pourra opérer, certes, mais vous risquez de perdre une dent et de passer un certain nombre de mauvais moments, comme l'atteste la folle et belle histoire qui va s'en suivre.
Il était une fois Marina (Victoria Abril), une magnifique ex star du porno toxicomane, qui, après s'être enfin sortie de ses problèmes de drogues et de pornographie n'aspire plus qu'à la tranquillité et à l'existence paisible du métier d'actrice (tout court). Alors que le tournage de son film s'achève, elle rencontre le beau Ricky (Antonio Banderas), un jeune homme de 23 ans fraichement sorti d'hôpital psychiatrique qui aime porter des pantalons remonté plus haut que le nombril et qui fait le poirier pour l'impressionner. Hélas, la belle jeune femme n'est pas impressionnée pour un sou et se détourne de son beau prince tombé éperdument amoureux il y a un an de ça alors qu'elle se prostituait. Ricky, prêt à tout pour se faire aimer, fait fi de son refus et décide que l'amour triomphera quand même. Loin de se perdre dans les abimes du doute, le jeune homme sait que le meilleur moyen pour que sa dulcinée voit enfin qu'il existe est tout simplement qu'elle passe du temps avec lui. Il choisit donc de séquestrer sa belle dans sa propre maison armé d'un couteau et d'une boîte de chocolat. Fidèle à sa noble quête, Ricky sait qu'il doit faire des sacrifices pour enfin atteindre son but, tel que : pénétrer violemment dans l'appartement en étranglant à moitié sa chère et tendre, lui intimer l'ordre de ne pas hurler, finir par lui mettre un coup de boule et l'assommer, car, évidemment, elle a hurlé. Le garçon, croyant avoir réussi à se faire apprécier de sa princesse du fait d'être aller jusque là juste pour passer du temps avec elle, fait encore une fois l'amer expérience de l'amour contrarié. Marina, la dent cassée et ne comprenant décidemment pas le feu de la passion qui l'anime, lui jette tout ce qui se trouve sous la main et tente de s'échapper à tout bout de champs en lui hurlant qu'elle ne l'aimera jamais. Mais notre prince est fort et téméraire. Le cœur vaillant, il persiste coûte que coûte à dompter sa princesse en enchainant efforts et douloureux sacrifices, encore. Il l'attache au lit, la bâillonne, va lui voler des médicaments, lui fait des dessins et essaye de maitriser ses accès de colère.
Et... le charme opère ! À force d'attachage, de menotage et de déclarations aussi enflammées que menaçantes, le beau Ricky triomphe ! Sa promise tombe enfin sous son charme de prince agresseur et considère enfin tout l'amour qui lui porte. Elle finira par lui faire à manger et même à demander à être attachée.
Et c'est ainsi qu'un enlèvement et un syndrome de Stockholm plus tard, le prince fou de la serrurerie et la belle princesse ex porno star vécurent heureux et eurent (probablement) beaucoup d'enfants.
Ainsi s'achève ce conte almodovaresque où l'amour, la passion et surtout la folie finirent par triompher.
Nous tenons néanmoins à vous mettre en garde. Cette histoire est vécue par des professionnels, ne tentez de reproduire cela chez vous.
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