Amy
De Asi Kapadia
Documentaire
USA, 2015, 2h07
Date de sortie : 8 juilllet 2015
Sélection officielle au Festival de Cannes 2015
Description
Le 23 juillet 2011 disparaissait, à 27 ans, la grande Amy Winehouse, victime de ses addictions à la drogue et l’alcool. Alors que son album « Back to Black » a été couronné par six Grammy Awards, la chanteuse de jazz, artiste exigeante, était programmée pour faire une grande carrière. Originaire du nord de Londres, elle a commencé très jeune dans un orchestre avant de signer un premier album intitulé « Frank ». Et puis la célébrité lui est tombée dessus, alors qu’elle n’était pas du tout armée pour l’affronter. Mariée à un junkie, elle s’est laissée aller et rares ont été ceux qui ont cherché à la sortir de ce cercle infernal. Elle venait de faire un duo avec Tony Bennett quand est survenue l’issue fatale…
Un documentaire qui rend un magnifique hommage à la chanteuse Amy Winehouse..
Photo : © Mars films
Réalisé par Asif Kapadia (Senna en 2010, documentaire sur le coureur automobile disparu à l’âge de 34 ans), Amy nous fait entrer dans la vie de l’artiste à travers une mosaïque géante d’images et de témoignages. Un montage de documents d’archives, d’images intimes, de témoignages des proches de la chanteuse (amies d’enfance, son mari, ses ex, ses parents ….) nous raconte la vie d’Amy comme une voix off. Les chansons rythment et structurent le film, les paroles sont un reflet de sa vie. A travers le décryptage de ses textes, nous pénétrons dans son intimité. Comme le dit le réalisateur, elle se servait sans doute de son répertoire pour se libérer, tel un exutoire.
L’émotion des intervenants est palpable à travers leurs voix, il leur est encore difficile d’évoquer la vie de celle dont la descente aux enfers sera aussi fulgurante que sa carrière qui durera quatre ans, le temps de deux albums. Ses amies d’enfance éprouvent de la culpabilité, parlent de leur impuissance à la protéger des dangers de la boulimie, de l’alcool, de la drogue, des paparazzis, d’un entourage plus intérressé par l’argent qu’aimant.
Photo : © Mars films
Vidéo amateurs, premiers enregistrements disque, premiers concerts
Le documentaire commence par des films de famille tremblotants, flous qui nous font découvrir Amy enfant puis adolescente, et offrent au film une authenticité incomparable. Dès son enfance passée dans une banlieue prolétaire de Londres et marquée par l’absence de son père (il quitte le foyer lorsqu’elle à 9 ans), les fragilités d’Amy apparaissent. C’est a cette époque qu’elle est devient boulimique, maladie qui sera l’une des causes de sa mort.
Des vidéos inédites montrent une Amy Winehouse heureuse de s’amuser avec ses copines, de s’installer dans son premier appartement avec une amie d’enfance, ou une chanteuse de jazz débutante qui refuse d’être une Pop-star. Toute jeune, elle révèle qu’elle ne serait pas gérer la célébrité.
Les bandes fantastiques d’une première audition dans les bureaux d’une maison de disques, ou celles de l’enregistrement de l’album Back to black dans un studio de New York sont quelques uns des beaux moments du début du film.
Photo : © Mars films
Des relations destructives
Puis, à côte d’une femme talentueuse qui devient célèbre, on découvre quelqu’un de soumis dans son rapport à ceux qu’elle aime. Sa relation avec Blake Fielder-Civil, la passion de sa vie, l’entraîne vers la noirceur. La drogue, les alcools forts, les soirées de défonce jalonnent leur quotidien. Après l’arrestation de Blake pour obstruction à la justice après une perquisition de leur appartement, elle lui rend visite en prison, lui déclare son amour en public lors d’une cérémonie des Grammy Awards.
De même Amy aurait tout fait pour son père Mitch Winehouse, qui a quitté sa famille quand elle avait 9 ans. Le documentaire montre comment il est revenu dans la vie de sa fille une fois qu’elle a été célèbre. Ce dernier voit sa fille comme un tiroir cash. La scène où lorsque vers la fin de sa vie, son père l’emmène se reposer sur une île tout en invitant une équipe de télé-réalité, Ami excédée lui dit « Papa, si c’est de l’argent que tu veux, je t’en donne… », montre bien la nature de leur relation. Signalons que Mitch Winehouse est parti en croisade contre le documentaire.
Alcool, drogue, gloire, paarazzi …
A mi-parcours, le film se détourne de la musique, pour ne s’intéresser qu’aux ravages de la célébrité. Nous suivons la descente aux enfers de l’artiste. La drogue, l’alcool, des hauts, des bas, de plus en plus de bas, une célébrité dont elle n’a rien à faire, le crépitement féroce des flashs de paparazzi rythment la dernière partie. La chanteuse n’arrive plus à composer. Elle est traquée, espionnée, bousculée par la presse tabloïd. Elle dépérit mais doit alimenter le business florissant qu’elle a généré et accepter des concerts dans des grandes salles , des tournées ….
Le concert où elle implose à Belgrade, est un moment ou le spectateur est en empathie avec Amy. Elle entre en trébuchant, elles est perdue comme une enfant qui ne sait pas ce qu’elle doit faire, elle reste silencieuse devant son micro, déclare qu’elle ne veut plus chanter.
Les moments où Amy déprime, sombre dans la détresse alternent avec des moments de joie et d’émotions intenses. C’est le cas de la cérémonie des Grammy Awards ou elle remporte 6 trophées en 2011, de l’émouvante séance d’enregistrement de Body and soul qu’elle chante en duo avec Tony Bennett. On la voit pétrie de tract, remplie de respect pour un artiste qu’elle admire, exigeante avec elle même, désireuse d’arriver à la perfection.
Le talent de la chanteuse, ses fragilités, les failles qui se sont crées en elle depuis son enfance sont admirablement montrés.
« Amy préférait chanter dans des petits clubs, plutôt que dans des salles immenses. Elle a été dépassée et n’a plus rien contrôlé. Si seulement elle avait eu la chance de sortir un mauvais album après son énorme succès… Elle aurait repris pied dans la réalité et aurait été libre. » Le réalisateur Asi Kapadia