Synopsis : « L’équipe IMF (Impossible Mission Force) est dissoute et Ethan Hunt se retrouve désormais isolé, alors que le groupe doit affronter un réseau d’agents spéciaux particulièrement entraînés, le Syndicat. Cette organisation sans scrupules est déterminée à mettre en place un nouvel ordre mondial à travers des attaques terroristes de plus en plus violentes. Ethan regroupe alors son équipe et fait alliance avec Ilsa Faust, agent britannique révoquée, dont les liens avec le Syndicat restent mystérieux. Ils vont s’attaquer à la plus impossible des missions : éliminer le Syndicat. »
On a passé un mauvais été. Enfin vous personnellement, je ne sais pas, mais au cinéma, les films varient du mauvais au regardable. Le dernier chef-d’œuvre que l’on ait vu cette année, c’était Inside Out, et c’était à la mi-juin (période que certains considèrent déjà comme étant estivale). Depuis sont paru, un Terminator complètement raté, un Fantastic Four pas bien meilleur, un Southpaw difficilement sauvé par Jake Gyllenhall (voir la critique de @kev44600 qui ne partage pas cet avis) et pour contrebalancer, un excellent documentaire sur Amy Whinehouse sobrement intitulé Amy. Désespéré et se raccrochant à n’importe quel espoir, je suis entré dans la salle de projection du dernier né de la franchise Mission Impossible. Où comment le duo Tom Cruise/Christopher McQuarrie a réussi à sauver l’été.
Mission Impossible est une des rares franchises qui obéit à son acteur principal, Tom Cruise. Artiste toujours en quête de défis, il a toujours choisi des réalisateurs qu’il savait apte à s’intégrer à la franchise, tout en réalisant un film qui serait à leur image. Thriller classieux pour le premier volet signé Brian de Palma, une suite de John Woo inégale, mais efficace dans ses set-pieces (grandes séquences d’action), un 3e volet très télévisuel et rythmé, réalisé par J.J. Abrams, avant un Mission Impossible : Ghost Protocol d’une efficacité incroyable emballée par Brad Bird. Osons le dire, ce dernier avait livré le meilleur film de la franchise Mission Impossible. Mais aujourd’hui c’est le scénariste de The Usual Suspects, Walkyrie et Edge of Tomorrow, ayant déjà dirigé Tom Cruise dans Jack Reacher qui reprend les rênes pour lui ravir le titre.
Disons le tout de suite, Mission Impossible : Rogue Nation est un Mission Impossible très « Bondien ». Comparer les deux sagas est quelque chose de très mal vu, mais il faut savoir admettre ce qui nous est présenté. S’il est très proche de Mission Impossible premier du nom à travers son scénario, ses séquences d’infiltration et va jusqu’à partager des points communs avec le troisième opus avec ses set-pieces redoutables, il reste en grande partie influencé par la franchise James Bond. Que ce soit dans sa structure (gros morceau d’action et de tension en guise de pré-générique), dans la construction de certaines scènes (la boutique de disques, l’opéra, le set-piece de milieu de film et quelques autres que je ne veux pas vous spoiler) à travers son grand méchant (et son homme de main), l’organisation secrète (le fameux Syndicat teasé par toutes les bandes-annonces) ou encore le personnage de Rebecca Ferguson, l’esprit des films de l’espion britannique est constamment présent, et tellement bien utilisé que ce n’est non seulement jamais rebutant, mais même souvent une qualité.
Il est dur de trouver des défauts au film Mission Impossible : Rogue Nation. Il y a, à mon sens, deux types de défauts dans un film. Ceux qui font sortir le spectateur du film tellement ils sont improbables, et ceux que l’on remarque et admets après coup, mais qui ne dérangent pas au moment du visionnage. Les défauts de Mission Impossible : Rogue Nation se regroupent dans cette deuxième catégorie, tant l’efficacité du film les efface sur le moment. Il n’empêche que l’écriture du personnage interprété par Rebecca Ferguson, très archétypal, s’avère limitée, à l’image de la mise en scène de Christopher McQuarrie, hors set-pieces, qui n’est pas toujours très inspirée. Même si dans l’ensemble prévisible, car reprenant les codes de la saga dont il fait partie, Mission Impossible : Rogue Nation reste avant tout un film d’action dont les quelques défauts sont contrebalancés par une efficacité totale, tout le reste du temps.
Le scénario lorgne vers le thriller « De Palmien » avec beaucoup de James Bond et un peu de Mission Impossible 3, embarquant ainsi le spectateur dans un film sans temps morts. Aidé par l’humour ravageur de Simon Pegg qui incorpore une dose de fraîcheur pendant l’intégralité du film, et pas que durant ses scènes (bien que son rôle soit très développé, ce qui permet de le voir quasiment constamment), on a un film qui évite toute lourdeur et nous emporte sans difficulté. Agrémenté de punchlines souvent hilarantes et constamment jouissives, ainsi que de seconds rôles déjà apparus dans la saga, ce qui permet d’outrepasser une phase d’introduction et de directement rentrer dans le vif du sujet. Grâce à cela, le scénario évite toute longueur et déséquilibre entre les personnages, malgré un temps de présence accru pour certains personnages contrairement à d’autres. Une vraie cohérence d’équipe, présente d’un bout à l’autre de ce Mission Impossible : Rogue Nation.
Mais la grande force de ce nouveau Mission Impossible, ce sont ses set-pieces. Évidemment, on n’est pas au niveau d’un Mad Max : Fury Road, mais on est au-dessus du niveau global et même du niveau minimum requis. On est dans du très bon. S’il est malheureux que de nombreuses scènes d’action et de tension aient été révélées par les bandes-annonces, elles n’en perdent pas pour autant leur efficacité. Même si le climax brumeux rappelle celui de Jack Reacher, ou (encore une fois) un mélange entre les sagas Mission Impossible et James Bond, on retiendra principalement la scène d’action du milieu du film. Tendue, dynamique, brutale, rythmée, découpée et réalisée de manière à ne jamais perdre son efficacité, elle maintient le spectateur accroché à son siège jusqu’à sa conclusion. Et clairement, à l’exception du dernier né de George Miller, je n’ai rien vu d’aussi bon en matière d’action cette année.
En Conclusion :
Rehaussé par un score inspiré et collant toujours parfaitement à ce qui se passe à l’écran, ainsi que par une direction de la photographie magnifique signée Robert Elswit (le monsieur derrière la moitié de la filmographie de Paul Thomas Anderson, dont There Will Be Blood) qui tiendrait presque du film d’ambiance, le film est un régal de tout instant. Le meilleur Mission Impossible ? Le temps devra définitivement faire son œuvre, tant le film sort au milieu de blockbusters médiocres, il faudra donc dans quelques mois le voir avec le recul nécessaire pour bien juger. Car si intrinsèquement Mission Impossible : Ghost Protocol me paraît meilleur, il faudra tout de même comparer les films quand le temps sera venu. En attendant, Mission Impossible 5 ou plutôt Mission Impossible : Rogue Nation, reste le meilleur blockbuster que vous verrez cet été. Sûrement le meilleur film tout court. Film d’espionnage dans la tradition la plus noble du genre, film d’action survitaminé quand il le faut, il procure un plaisir de tous les instants sans jamais être lourd ou ennuyant. Et voir Tom Cruise défier les lois de la physique sans aucune sorte de pression, ça élève forcément le niveau d’un film.