Thundercrack ! (The most infamous underground's classic ever made)

Par Olivier Walmacq

Genre: inclassable, trash, pornographique (interdit aux - 18 ans)
Année: 1975
Durée: 2h02 (cut) / 2h24 (uncut)

L'histoire : Un orage diluvien. Un groupe d'inconnus en détresse. Une étrange demeure inquiétante et isolée. Une veuve éplorée et alcoolique. Un gorille amoureux sévèrement en rut. Bienvenue dans l'un des plus incroyables ovni de l'histoire du cinéma ! 

La critique :

Hé oui, il est de retour le phénoménal Thundercrack ! Petit flash back. Octore 2013. Hésitant, je m'apprête à proposer ma première chronique sur Naveton Cinéma (http://navetoncinema.canalblog.com/). Et pour étonner mes nouveaux amis, je choisis un film découvert quelques années auparavant et que bien peu de gens connaissent, Thundercrack ! On ne pouvait pas leur en vouloir de ne jamais avoir entendu parler de cette oeuvre hors normes. Ressurgi d'un passé révolu, avec ses images en noir et blanc mitées, sa bande son anachronique, ses effets spécieux plus que douteux, le film de Curt McDowell est un cas à part dans l'histoire du Septième Art. Lointain témoignage d'un cinéma amateur et fauché, Thundercrack ! jouit à présent d'un statut culte revival ô combien mérité.
Vous êtes branchés underground ? Vous aimez les histoires abracadabrantesques ? Vous n'avez surtout pas l'esprit étriqué ? Alors ce film est fait pour vous. Oubliez les transgressions des "maîtres" de l'époque, John Waters et Andy Warhol, c'étaient d'aimables plaisanteries pour premiers communiants.

Rien ne peut se comparer aux démentielles outrances de Thundercrack ! Le film culte de l'underground américain des seventies, c'est lui et pas un autre. Quarante ans que cet engin hallucinant a pointé le bout de ses excès et il reste, à ce jour, unique et inégalé. Vous l'aurez compris, Thundercrack ! est l'un de mes films préférés, tous genres confondus. Chacun a ses petites faiblesses ! Et pourtant avec un scénario qui tiendrait largement sur un timbre poste, avec le budget d'un migrant érythréen et avec des acteurs quasiment tous amateurs, le film de McDowell aurait dû finir aux oubliettes.
Que nenni. Tel un phénix, le film, grâce à une reconnaissance tardive du milieu et des fans, ressuscita de ses cendres au fil des décennies au point de devenir "la" référence du milieu underground vintage américain. Pourquoi ? Parce que Thundercrack ! est un délire monumental, une abomination hybride, un énorme fuck à la morale puritaine, qui transgresse les codes en mode bulldozer et qu'il reste inclassable quelque soit le côté par lequel on l'aborde.

Comédie, épouvante, porno ? Les trois à la fois dans des proportions qu'il vous restera à déterminer. En tout cas, complètement barré, il l'est certainement et à tel point, qu'il est inutile d'aller chercher ailleurs, vous ne trouverez pas plus barge sur la planète ciné ! Attention, SPOILERS ! Dans l'inquiétante propriété de Prairie Blossom, Mrs Hammond demeure inconsolable après la mort de son mari, dévoré par une colonie de sauterelles affamées. En souvenir, elle conserves les restes de son défunt époux dans des bocaux. La pauvre femme est doublement accablée puisqu'elle cache dans la cave, un fils revenu de Bornéo avec une malfomation de l'entre-jambe, façon Elephant Man des burnes.
Pour oublier son infortune, la malheureuse noie son chagrin dans l'alcool. Alors que la nuit est déjà bien avancée et que l'orage éclate, des inconnus surpris par les intempéries frappent à la porte. Bien que très éméchée, la maîtresse de maison tente, tant bien que mal, de faire bonne figure pour accueillir ces visiteurs inattendus.

Et ces lascars trempés jusqu'aux os sont bien contents de venir se réchauffer au doux foyer de la délicieuse Mrs Hammond. Tout devrait se dérouler pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais c'est à ce moment-là que le film change de direction à 180 degrés. Cap vers le grand n'importe "nawak" ! Commencée comme une pseudo série B fantastique des années 1950, l'histoire se transforme en une énorme et furieuse bacchanale absolument irrépressible.
Des scènes de sexe outrageantes, une liberté de ton comme on n'en a jamais vu et une atmosphère totalement surréaliste. Bref, le monstre Thundercrack ! est en marche et rien ne pourra l'arrêter. Le film s'achèvera avec le mariage (et la consommation dans le lit nuptial) d'un des personnages, avec une gorille en rut échappée du zoo. Quoi de plus naturel qu'une fin complètement barrée pour un film qui l'est tout autant ? Y a-t-il besoin de s'étendre outre mesure sur les qualités artistiques de l'oeuvre ? Hem, question suivante...

Malgré ses innombrables défauts, Thundercrack ! rallie tous les suffrages et s'attire sans problème la bienveillance du spectateur qui ressort totalement secoué et incrédule de la projection, concassé par cette orgie de mauvais goût. Pourtant ce film est un remède contre la morosité, un antidote à la dépression. Je préconise même qu'il soit remboursé par la Sécurité Sociale ! Et cependant, le moins que l'on puisse dire, c'est que le film envoie du lourd, du très lourd : test d'extenseur du pénis, utilisation d'un concombre comme sex toy et dégustation du susdit légume par une convive affamée, sodomie gay ubuesque, fellation baveuse, j'en passe et des meilleures.
Pourtant, malgré cette ode à la dépravation, le film n'est jamais choquant tant le traitement est employé avec nonchalance et distanciation. Curt McDOwell n'a que faire des convenances. Prenant comme principe l'excès à tous crins, le réalisation fouille et farfouille dans tous les recoins du fantasme. Il a lâché ses acteurs en liberté et ceux-ci, laissant libre cours à une libido exacerbée, sont devenus incontrôlables.

Mais le plus étonnant, c'est que les personnages gardent un sérieux monacal alors que se succèdent des scènes toutes plus trash et ahurissantes les unes que les autres. Pas si mauvais que ça finalement ces acteurs... A ce propos, saluons la performance hors du commun de Marion Eaton (Mrs Hammond), seule actrice professionnelle du film. Véritable manifeste underground des années libertaires, Thundercrack ! va tellement loin dans l'obscénité qu'il ferait passer un film aussi gratiné que Pink Flamingos pour un Walt Disney, tout en nous faisant revivre le temps béni où le cinéma étant tout sauf formaté.
Thundercrack ! porte bien son nom. Ce fut vraiment un coup de tonnerre dans l'histoire du cinéma et en tant que cinéphile, il me paraît inconcevable que l'on ne puisse pas être emballé par un film aussi extra-ordinaire ! Souvent décrit par les sites anglophones comme "The most famous underground's classic ever made", Thundercrack ! n'est pas un objet à mettre entre toutes les mains, mais il pourrait très vite devenir votre film de chevet si vous vous décidez à franchir le pas.
Oui mais voilà, aurez-vous le courage de tenter l'expérience ?

Note : 19/20

 Inthemoodforgore


Thundercrack ultra cult Curt McDowell par filmow