Ronald b. tobias et la tension

Une tendance forte pour tenter de comprendre le monde est de le diviser en opposés. Pour Ronald B. Tobias, nous essayons en vain de percevoir le monde et son contraire.
Le monde n’est cependant pas noir ou blanc, il est fait d’une nuance étendue de gris. Notre façon de penser, cependant, s’accommode mieux de ne voir le monde que sous des valeurs opposées afin de mieux l’appréhender.
Chaque chose devient alors bonne ou mauvaise. La beauté s’oppose à la laideur, les ténèbres à la lumière, la richesse à la pauvreté, la force à la faiblesse, la tristesse à la joie… et le protagoniste à l’antagoniste.

Nous divisons pour simplifier et au lieu de reconnaître une infinité d’états, nous n’en voyons que deux. Mais cette perception est forcément réductrice. Si nous essayons d’explorer la vraie nature de l’amour, du bonheur ou de quoi que ce soit, nous serons vite limités. Il nous faut donc abandonner le mode de pensée binaire et examiner les nuances.

Ce mode de pensée binaire appliqué aux scénarios renvoie des clichés. C’est l’éternel motif du bien contre le mal. Tobias reprend un principe éculé (qui peut fonctionner d’ailleurs en termes de succès mais pas nécessairement de qualité) : Un personnage bon, brave, sincère et chargé d’une mission opposé à un autre personnage au cœur sombre, lâche, hypocrite et dont la motivation principale est d’empêcher le bon personnage de réussir sa mission.

Ce motif est connu par cœur par un lecteur et on est en droit de se demander s’il est vraiment nécessaire de continuer à lire l’histoire puisqu’on en prévoit déjà la fin. Nous savons qui est supposé gagner, qui est supposé perdre et Ronald B. Tobias ajoute que nous savons même pourquoi.

Et parce que le lecteur sait qu’il doit donner sa sympathie au Good Guy et mépriser le Bad Guy, l’auteur n’a pas tellement d’espace pour aller contre. Et s’il lui prenait l’envie de faire autrement, il n’est pas certain que son travail soit bien acceuilli.

L’action est un passage obligé et celle-ci doit intéresser le lecteur mais s’il n’y a rien en-dessous, s’il ne reste rien si vous enlevez l’action, qu’en est-il vraiment de votre histoire ?
Bien sûr, qui se soucie de l’univers moral de James Bond ou d’Indiana Jones. Ce sont les gentils et ils doivent combattre le mal. On n’en demande pas plus.

Mais la vérité se situe ailleurs : dans les nuances de gris constitutives de notre monde. Un monde où il n’y pas de réponses évidentes ou seulement de bonnes décisions. Où les choix à faire sont toujours risqués car nous ne sommes jamais sûrs que nous avons pris ou allons prendre la bonne décision.

Un auteur doit se garder d’adopter un point de vue simpliste (et non pas simplifié) sur le monde. La dynamique qu’offre la vie dans toute la complexité humaine est passionnante à étudier et à reproduire chez nos personnages. L’auteur doit comprendre la difficulté des décisions à prendre et ses personnages doivent refléter cette difficulté.

Lorsque l’auteur met en place des situations où ce qui est juste ou mal n’est pas défini, ce qui est vrai ou faux n’est pas évident ou bien encore, où il n’y a ni gagnant, ni perdant, une tension se crée.
En fait, vous placez votre personnage dans un sentiment d’hésitation, de doute. Vous le placez dans un dilemme et c’est de ce dilemme que peut naître de la tension (élément dramatique indispensable dans un récit).

A lire :
LA TENSION PRINCIPALE
RETOUR DE TENSION
LE GRAND HUIT DE LA TENSION
DILEMMES

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