genre: horreur (interdit aux - 16 ans)
année: 1974
durée: 1h23
l'histoire : Au fin fond du Texas, des habitants font une découverte macabre : leur cimetière vient d'être profané et les cadavres exposés sous forme de trophées. Pendant ce temps, cinq amis traversent la région à bord d'un minibus. Ils croisent en chemin la route d'un auto-stoppeur et décident de le prendre à bord. Mais lorsque les jeunes gens s'aperçoivent que l'individu a un comportement inquiétant et menaçant, ils finissent par s'en débarrasser. Bientôt à court d'essence, le groupe décide d'aller visiter une vieille maison abandonnée, appartenant aux grands-parents de deux d'entre eux.
La critique :
Peu avant le tournage de Massacre à la Tronçonneuse, sorti en 1974, le réalisateur, Tobe Hooper, est en plein marasme. L'Amérique est toujours engagée sur les terres désolées et meurtries du Vietnam. Le peuple américain est divisé sur le sujet. Au même moment, éclate l'affaire du Watergate. Tobe Hoper déclare alors péremptoire : "C'était l'époque du Watergate. Une époque où je commençais à me dire que peut-être ces gens à la télé ne disaient pas la vérité.
Je crois que je devenais désillusionné. Et les jeunes de mon entourage étaient soit désillusionnés soit déterminés à faire changer les choses. C'était une époque étrange. Le film est devenu une métaphore cinématographique de la conjoncture de l'époque. Voilà à mon avis le propos de Massacre à la tronçonneuse".
Vous l'avez donc compris. Massacre à la Tronçonneuse n'est pas qu'un simple film d'horreur. Aujourd'hui, il appartient même aux grands classiques du genre horrifique aux côtés d'Halloween, la nuit des masques, Zombie, Maniac ou encore Les Griffes de la Nuit. Tobe Hooper est un fervent admirateur de La Nuit des Morts Vivants de George A. Romero.
Ce film va devenir le socle, le substrat et la référence principale de Massacre à la Tronçonneuse. Impressionné par les qualités techniques et esthétiques de La nuit des Morts Vivants, Tobe Hooper souhaite lui aussi réaliser un film nihiliste, d'une noiceur totale et qui soit le plus réaliste possible.
Avec La Nuit des Morts Vivants, George A. Romero signe un véritable pamphlet contre notre société apathique et anomique, transformant les individus en véritables cacochymes assoiffés de chair humaine. Tobe Hooper souhaite alors transposer cette idée en s'inspirant d'un terrible fait divers : Ed Gein, un tueur en série tristement célèbre pour ses crimes sordides, et surnommé (par la presse) le "tueur de Plainfield". A l'époque, en 1957, les meurtres de ce serial killer déclenchent la polémique et un véritable scandale. Les enquêteurs retrouvent des morceaux de cadavres éparpillés dans la demeure d'Ed Gein.
Les médias révèlent alors des crimes abominables à base d'éviscérations, de mutilations, de cannibalisme et de nécrophilie. La société américaine est outrée et tétanisée.
Ce tueur en série notoire va se transformer en Leatherface, le "croquemitaine" terrifiant de Massacre à la Tronçonneuse. Pour le tournage du film, Tobe Hooper opte pour une réalisation quasi documentaire. En France, le long-métrage ne sort qu'en 1982 après huit longues années d'interdition. Il est alors interdit aux moins de 18 ans. Massacre à la Tronçonneuse a un vrai parfum de souffre et d'hérésie puisqu'il est banni dans plusieurs pays, notamment en Finlande et au Royaume-Uni.
Aujourd'hui, l'interdiction a été revue à la baisse. Massacre à la Tronçonneuse est donc interdit aux moins de 16 ans. Attention, SPOILERS ! Au fin fond du Texas, des habitants font une découverte macabre : leur cimetière vient d'être profané et les cadavres exposés sous forme de trophées.
Pendant ce temps, cinq amis traversent la région à bord d'un minibus. Ils croisent en chemin la route d'un auto-stoppeur et décident de le prendre à bord. Mais lorsque les jeunes gens s'aperçoivent que l'individu a un comportement inquiétant et menaçant, ils finissent par s'en débarrasser. Bientôt à court d'essence, le groupe décide d'aller visiter une vieille maison abandonnée, appartenant aux grands-parents de deux d'entre eux. Chacun leur tour, les cinq amis vont être attirés par la maison voisine.
La rencontre avec ses étranges habitants va leur être fatale. Finalement, on pourrait presque résumer Massacre à la Tronçonneuse par quatre petits mots : terrifiant, sordide, épileptique et COSMIQUE ! Dès l'introduction, Tobe Hooper nous plonge sous un soleil de plomb, dans un décor aride, chaotique et désertique.
Quant à la tronçonneuse, elle est forte en symbole. Avec un tel intitulé, tout le monde fonctionne plus ou moins dans la "supercherie". Massacre à la Tronçonneuse est caricaturé comme un film gore et outrancier, voire même comme le sommet du trash et de la vulgarité. L'affiche clinquante et érubescente confirme cette impression avec ce tueur masqué, qui devient une sorte de bête démoniaque armée d'une tronçonneuse. Lorsque l'objet bruyant et tranchant devient le sujet de tous les fantasmes...
Pourtant, objectivement, Massacre à la Tronçonneuse n'est pas le film extrême et macabre annoncé par son titre et son affiche. Loin de là. Le long-métrage et son arme de "boucherie" massive ont une vraie connotation eschatologique.
La tronçonneuse devient non seulement le symbole de la mort, mais aussi celui de la fin du monde. Rappelons (encore une fois) que le film sort en plein marasme, dans un climat de terreur et de paranoïa ambiante. Et c'est ce qu'a parfaitement compris Tobe Hooper. Pourtant, dans sa première partie, Massacre à la Tronçonneuse suit un cheminement assez classique, avec ces jeunes hippies qui prennent en auto-stop un véritable maniaque de l'opinel.
Pourtant, très vite, ces jeunes éphèbes sont faits prisonniers par une famille de cannibales. Pour Tobe Hooper, c'est l'occasion rêvée pour fustiger et vitupérer le rêve américain. Au bout de la route, ce n'est pas le soleil et la réussite qui attendent nos héros, mais la mort, la putréfaction et la désolation.
Tobe Hooper ne se contente pas seulement d'égratigner et même de cracher sur le rêve américain. En outre, le portrait de nos chers étudiants n'est pas spécialement élogieux. C'est par exemple le cas de ce jeune handicapé, perclus dans son fauteuil roulant ; ostracisé, morigéné, tancé et ridiculisé par sa soeur et ses comparses. Quant à la famille de Leatherface, elle est le parfait reflet d'une bande de dégénérés congénitaux, descendants directs du cirque itinérant de Freaks, la Monstrueuse Parade, une autre référence essentielle du film.
Ils sont aussi les caricatures volontairement outrancières d'une Amérique esseulée, pernicieuse, putassière, fallacieuse et nombriliste. Impression renforcée par la séquence finale lors d'un repas funéraire se transformant en orgie démoniaque. A partir de là, Tobe Hooper nous propose un montage frénétique et épileptique, focalisant sa caméra sur les yeux injectés de sang de la seule survivante.
La musique devient elle aussi tétanisante, psychédélique et cherche clairement à décontenancer le spectateur ébaubi et ulcéré par tant de décharges d'adrénaline. Définitivement, la violence de Massacre à la Tronçonneuse est ailleurs, quelque part entre ces étudiants candides et cette famille de psychopathes cannibales. Elle est ineffable et sous-jacente. Bref, un authentique monument du cinéma horrifique !
Note: 18.5/20
Alice In Oliver