genre: épouvante, horreur
année: 1976
durée: 1h28

l'histoire : Footballeur de son état, Morgan est entraîné par deux de ses amis dans une partie de chasse qui va très vite tourner court. En effet, alors qu’il dégomme gaiement de sympathiques lapins, l’un de nos tireurs du dimanche se fait agresser par une escadrille de guêpes géantes et, bien évidemment, mortelles. La tristesse point mais passons outre. Il est urgent de reprendre ses esprits car le problème est bien plus grave qu’il n’y paraît. 

La critique :

Le scénariste, producteur et réalisateur, Bert I. Gordon, fait partie des honnêtes artisans du cinéma bis. Véritable orfèvre de la série B, le cinéaste s'est taillé une certaine réputation et renommée au fur et à mesure de sa carrière. Pour Bert I. Gordon, tout commence en 1955 avec King Dinosaur, un succédané du genre fantastique qui hésite entre King Kong (la version de 1933) et The Lost World.
Par la suite, le réalisateur se découvre une passion pour le gigantisme et la miniaturisation. Influencé par le succès de L'homme qui rétrécit de Jack Arnold, Bert I. Gordon signe plusieurs séries B de qualité. C'est par exemple le cas de The Amazing Colossal Man et de Attack of the Puppet People.

A partir des années 1970, la carrière de Bert I. Gordon est sur le déclin. Le cinéaste réalise essentiellement des nanars. Des films tels que Le Détraqué (ou Mad Bomber) et L'empire des Fourmis Géantes ne déchaînent guère les passions. Vient également s'ajouter Soudain... Les Monstres !, de son titre original, The Food of The Gods, sorti en 1977.
Le long-métrage est le second volet d'une trilogie, précédé par Village of the Giants (déjà réalisé par Bert I. Gordon en 1965), et suivi par La Malédiction des Rats en 1989. Soudain... Les Monstres ! est aussi l'adaptation d'un roman d'H.G. Wells. Au niveau de la distribution, le film ne réunit pas des acteurs très connus.

Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino et John McLiam complètent le casting. Attention, SPOILERS ! Morgan, un joueur de football professionnel et son ami Davis ont décidé de passer quelques jours de détente sur une île canadienne quasiment déserte. Rapidement, Davis disparaît mystérieusement. Morgan décide alors d’examiner les alentours et se fait attaquer par un poulet géant. S’étant sorti difficilement des ergots acérés du gigantesque volatile, notre héros fait la connaissance d’une fermière des environs qui lui fait une bien étrange révélation.
En effet, la terre de l’île recèle une étrange matière oléagineuse ("la nourriture des dieux") qui, mélangée aux aliments, a la particularité de faire grandir tout animal qui l’absorbe.

Morgan, comprenant vite que l’île est infestée de bêtes aux proportions inimaginables va tenter, en compagnie des autochtones, touristes et autres financiers peu scrupuleux désirant exploiter la substance extraite du sol, de survivre aux assauts des bestioles affamées devenues très agressives. En l'occurrence, Soudain... Les Monstres ! jouit d'une certaine notoriété... dans l'univers du nanar !
Pour l'anecdote, le critique Michael Nedved lui décerna le prix du pire film de rongeurs dans son livre, The Golden Turkey Awards. Clairement, Soudain... Les Monstres ! n'a pas usurpé sa réputation. Le long-métrage appartient à la catégorie de ces mauvais films sympathiques qui déclenchent, malgré eux, l'hilarité générale.

Avec The Food of the Gods, Bert I. Gordon revient à son genre de prédilection : le gigantisme animal. Pour les effets spéciaux du film, le cinéaste a recours soit à des animaux en plastique et en carton-pâte, qu'il tente maladroitement de faire fonctionner, soit à de vraies bestioles filmées en gros plans, le but étant de leur donner un certain réalisme. Si certains effets spéciaux sont plutôt réussis, tout du moins pour l'époque, la plupart brillent surtout par leur ringardise et leur obsolescence.
Paradoxalement, c'est aussi ce côté "nullard", limite amateur, qui confère au film une sympathie indéniable. A partir de là, le long-métrage accumule les séquences les plus insensées, sans jamais se soucier (ou presque) de la psychologie de ses personnages. 

Sur ce dernier point, ces derniers ont l'air peu surpris de découvrir des poules, des rats ou des moustiques aux proportions démesurées. Alors que nos animaux se déchaînent et déciment tout sur leur passage, nos héros restent incroyablement placides, stoïques et se découvrent même une hardiesse des plus étonnantes. A cela, viennent s'ajouter des dialogues idiots, un début d'oaristys entre le héros du film et une jeune femme qui ne sert strictement à rien, si ce n'est à chialer sur son pauvre sort. Sans compter une interprétation fantasque, à l'image du film finalement...
Dans le rôle de Morgan, sauveur de la veuve et de l'orphelin, Marjoe Gortner livre une prestation hallucinante de médiocrité. Monolytique, inexpressif et impassible, l'acteur se livre parfois à quelques moments d'excitation incoercibles. Pourtant, malgré ces nombreux défauts, Soudain... Les Monstres ! constitue une série B absurde, qui hésite entre le fantastique et l'épouvante, et qui possède un charme particulier, limite indicible.

Côte : Nanar

 Alice In Oliver