[Critique] La Nina de Fuego réalisé par Carlos Vermut

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Synopsis : « Bárbara est une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable, que son mari tente de contenir. Damiàn n’ose pas sortir de prison de peur de la revoir. Luis veut la faire chanter mais ne réalise pas encore qu’il joue avec le feu. Le trio se retrouve plongé dans un tourbillon de tromperies où la lutte entre la raison et la passion tourne à la guerre des nerfs… »


En pleine saison estivale, tous les regards sont braqués vers le cinéma grand public. Du blockbuster insipide au film d’action mémorable en passant par le film d’animation qui vous fera passer un agréable moment, la place réservée au cinéma indépendant est plus réduite qu’à l’accoutumée. C’est pour dire à quel point on y fait peu attention. Néanmoins, qu’il vienne de France ou d’ailleurs, celui-ci est toujours riche et fourni en pépites cinématographiques. En bon français que nous sommes, nous nous devons de vous signalez la présence en salles de l’excellent La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil de Joann Sfar. Un thriller manichéen, mais rondement mené, au montage intelligent et l’esthétique magnifique. Une vraie perle, à l’image de son compatriote espagnole : La Nina de Fuego. Après un passage par le festival de San Sebastian où il fut récompensé, mais également par le festival international du film de Toronto, le film de Carlos Vermut est enfin disponible au visionnage dans quelques salles de France. Un nombre de salles malheureusement réduit, comme à l’accoutumée pour ce genre de film. Cependant, nous avons eu la chance de pouvoir le voir après moultes péripéties et nous n’en sommes que davantage ravis.

Dérangeant, perturbant et viscéral, mais jamais violent ou brutal. Le film La Nina de Fuego est mystique. Par un travail sur la mise en scène et un sens du cadrage procurant à chaque plan un véritable sens, Carlos Vermut fait de son film une œuvre à part entière qui s’immisce dans l’esprit du spectateur. Second long-métrage pour ce réalisateur espagnol et première escapade dans un univers réaliste au sein duquel il est difficile de dissocier l’envie de la raison. La Nina de Fuego raconte l’histoire de trois personnages qui vont être amené à s’entre aider contre leur gré ou non. Pourquoi acceptent-ils de faire ce qu’on leur demande ? Pourquoi agissent-ils de la sorte et surtout que cachent-ils ? Très simple de compréhension grâce à une histoire qui prend le temps de mettre en place les personnages et de contextualiser, La Nina de Fuego n’est pas un film complexe. Mais c’est un film qui use d’un système de cache pour jouer avec le spectateur et son esprit. Développant de ce fait le scénario et la caractérisation des personnages. Le spectateur a un œil partout. Il voit et sait des choses que les autres personnages ne savent, ce qui lui permet de pouvoir comprendre leurs agissements.

Cependant, par le biais d’une réalisation astucieuse, la caméra ne montre pas les moindres faits et gestes des personnages. Peu de mouvements dans les plans, mais quelques recadrages au bout de dizaines de secondes, permettant de faire apparaître dans le champ un élément de fuite. Une porte entrouverte, un bout de couloir ou encore un visage qui va être dévoilé. La symbolique d’un corps d’homme debout face à une femme assise ne va pas avoir la même représentation qu’un homme dont on connaît le visage qui se tient à cette même place. Ce n’est pas la caméra ou un effet de montage qui va aller chercher le personnage, c’est lui qui entre dans le champ et en sort. Chaque léger panoramique ou recadrage de la caméra change littéralement le sens du plan et va venir développer une thématique abordée par le scénario. La soumission, la folie et l’amour que l’on peut accordée à une personne font partie des thématiques abordées par le film.

Sans être approfondies dans leurs traitements, ces thématiques vont permettre à l’arc narratif principal du film de ce développé avec fluidité et raisons. Même si le film a tendance à être bavard à certains moments, ce ne sont pas les dialogues qui vont permettre à la trame scénaristique de gagner en profondeur et intensité, mais bien l’image. Les images parlent d’elles même et la mise en scène renforce la caractérisation des personnages. La Nina de Fuego est un vrai film de cinéma, qui par le biais de son image va chercher à développer son histoire et les traits de caractères des personnages. Les séquences les plus fortes du film ne sont autres que des séquences muettes ou en grande partie silencieuses. La musique renforce par moment l’aspect oppressant des situations, par opposition entre des musiques entraînantes face à des scènes violentes dans ce quelles démontrent. Une violence psychologique et cachée à l’image, mais que l’on rend visible par notre imagination.

En Conclusion :

La Nina de Fuego est un film déroutant. Par son ambiance vénéneuse inculquée grâce à un personnage principal qu’il est difficile à cerné, tant elle Ardoisepeut paraître effrayante et touchante à la fois et sa réalisation millimétrée qui permet au scénario de gagner en profondeur, c’est un film qu’il faut voir. Néanmoins, ce n’est pas un film parfait. Limité par un scénario qui résume en quelques lignes, ceux qui ne réussiront pas à déchiffrer le sens des plans et de la mise en scène, resteront inertes devant cette histoire. La durée et la longueur, lenteur des plans sont des problèmes qui en achèveront également plus d’un. Cependant, cette Nina de Fuego ou plutôt, cette hypnotisante et envoûtante Bárbara Lennie, rend le film encore plus accrocheur qu’il ne peut l’être par ses qualités visuelles. Ce qui entraîne le spectateur et le pousse à vouloir savoir le fin mot de l’histoire, savoir jusqu’où ils sont capables d’aller et finalement se rendront-ils compte de ce qu’ils ont fait ?


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