Parfois il n’y a pas besoin de faire des films particulièrement compliqués pour faire passer un message fort, en l’occurrence comment vit-on en Iran ?
Pour replacer le contexte, Jafar Panahi, le réalisateur a été emprisonné suite à sa participation à des manifestations contre le régime iranien, ses films ont toujours fait polémique, mettant en exergue la condition de la femme dans son pays. Depuis, il a interdiction de filmer et de sortir de l’Iran. Ou comment relativiser sur le cinéma en France. Il y a de quoi se poser un paquet de questions sur certaines démarches artistiques. Bref, là n’est pas le propos. Panahi ne s’est pas laissé abattre pour autant et a voulu dresser un portrait de son pays à travers la pellicule et c’est là qu’est née l’idée ingénieuse de Taxi Téhéran : il s’est glissé dans la peau d’un chauffeur de taxi, dans lequel il a disposé trois petites caméras qu’il contrôle manuellement. Pendant 1h20 les passagers se succèdent, apportant leur lot de contrariétés, de questionnements personnels se rapportant à des problématiques sociétales bien plus importantes.
En effet, les personnes qui vont et viennent dans le taxi du réalisateur concrétisent un problème relatif à l’Iran, que ce soit au niveau culturel sur l’importation cinématographique, que sur la condition de la femme, sur ses mésaventures, sur les droits, Jafar Panahi fait passer le message subtilement sur les conditions de vie iraniennes, en y intégrant une certaine légèreté. En plus de son message, le réalisateur arrive à faire passer avec Taxi Téhéran beaucoup d’authenticité, on ne sait pas vraiment si ce sont des acteurs ou de vraies personnalités, toutefois, je me suis dit qu’autant d’événements si particuliers, cela me paraissait peu probable que cela arrive. Je me suis donc renseigné sur l’organisation du tournage, Panahi a demandé à sa famille et des amis d’endosser les rôles pour rester discret auprès des autorités, à mon sens, cela ajoute du cachet à son film, on ne sent pas le jeu d’acteur, ni la recherche de la perfection, bien au contraire.
L’ingéniosité de la réalisation, la proximité, les personnages, la fine limite entre fiction, documentaire et réalité font de Taxi Téhéran un voyage vers l’Iran touchant, perturbant et à la fois grave sur les conditions de vie et les interdictions.
Sortie en vidéo le 18 août.