Avant d’accueillir Martin Scorcese pour lui remettre le prix Lumière, L’institut Lumière rend hommage à un autre grand cinéaste, le réalisateur franco-grec : Costa-Gavras. Réalisateur de Compartiment tueurs, Z, L’aveu, Etat de siège, Amen, Costa-Gavras a signé une œuvre engagée, humaniste, réussissant à allier l’ambition d’un cinéma politique et celle d’un cinéma de suspense et de spectacle. Proche d’Yves Montand, Simone Signoret, Régis Debray et Jorge Semprun, passionné par les non-dits, il s’est attaché à pointer les dysfonctionnements politiques et sociaux les plus aigus.
Pour accompagner la rétrospective de ses films, proposée à la rentrée de septembre, la Galerie Photo de L’Institut Lumière consacre sa nouvelle exposition au cinéaste. Elle s’intitule COSTA-GRAVAS – Carnets photographiques et aura lieu du vendredi 28 août au dimanche 25 octobre.
De ses rencontres, de ses amitiés, de ses combats, Costa-Gavras a gardé des traces photographiques inspirées et très personnelles, exposées pour la première fois en 2013 à La Maison Européenne de la Photographie. Une sélection de photographies de voyage et de portraits, un ensemble en noir et blanc d’une grande cohérence pour un parcours d’artiste marqué par la conviction et la sensibilité.
© Costa-Gavras
Yves Montand et Romy Schneider en repérage pour le film Clair de femme, 1978
Son œil se promène en compagnie d’amis, en voyage, de la Chine à l’Amérique latine en passant par la Russie. Dans la rue, dans l’intimité d’un avion, le cinéaste nous fait approcher Yves Montand, Romy Schneider mais aussi Jorge Semprun ou Salvador Allende.
© Costa-Gavras
Salvador Allende chez les Mapuches au sud du Chili, 1971.
Exposition produite par la Maison européenne de la photographie, Paris
Galerie-photo, 3 rue de l’Arbre Sec, Lyon 1er.
Entrée libre. Ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 19h.
Avec le soutien de BNP-Paribas.
© Costa-Gavras Affiche du film Le silencieux, de Claude Pinoteau, avec Lino Ventura, Pékin, 1979
« Costa-Gavras cinéaste pratique de manière régulière la photographie. Autant pour lui le cinéma relève d’un geste professionnel, autant la photographie demeure une passion amateur. Il prend des photos à des moments inattendus, lorsqu’il voyage, lors de manifestations politiques, en famille ou avec ses amis, parfois lors de ses tournages. Les photographies exposées ici sont inédites, elles ont été prises pour le pur plaisir. Elles n’étaient même pas développées, juste repérées sur des planches contact. En prise avec le réel qu’elles dévoilent, elles sont légères ou absentes de toute intentionnalité d’artiste.
Photographe par intermittence, Costa-Gavras prend des photos par inadvertance. Très présent dans les lieux qu’il découvre, il a souvent le réflexe de sortir son appareil pour saisir un moment, un ami ou un membre de sa famille, un paysage, pour aussitôt le ranger et passer à autre chose. Ces photos ne sont pas volées mais prises à la dérobée, ce qui leur donne d’autant plus de valeur. Son regard est celui d’un voyageur, d’un témoin engagé, d’un être parmi les autres. Costa-Gavras ne demande jamais à ceux qu’il photographie de prendre la pause ou d’interrompre ce qu’ils sont en train de faire. La photo est prise dans le cours des choses, elle accompagne le mouvement, le ponctue sans l’interrompre. Si la photo doit témoigner, c’est pour plus tard. Ce sont des photos prises par un ami, en amateur. À les regarder de manière plus attentive, elles dégagent une force, un sens du cadre ou du décadrage, une tension qui leur donne du sens et une certaine humanité. Tout simplement, elles sont vraies, et permettent au regard de revenir sur ses pas, pour voir par où il est passé. »
Serge Toubiana , lors de l’exposition à la Maison européenne de la photographie, à Paris, en 2013
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