L'Evadé d'Alcatraz (Enfer carcéral)

Par Olivier Walmacq

genre: drame 
année: 1979
durée: 1h47

l'histoire : Frank Morris s'est évadé de plusieurs prisons. En 1960, il est écroué et transféré au célèbre pénitencier d'Alcatraz construit sur un piton rocheux face à la côte. Il réussira, une nouvelle fois avec deux complices, à s'évader de la prison la plus surveillée des Etats-Unis. 

La critique :

Don Siegel fait désormais partie du panthéon des grands réalisateurs américains. On lui doit plusieurs films cultes et/ou classiques du cinéma hollywoodien : L'Inspecteur Harry, Sierra Torride, Un Shérif à New York ou encore Le dernier des géants. Don Siegel s'est donc essentiellement spécialisé dans le registre policier. Seul L'invasion des profanatieurs de Sépultures, qui oscille entre le fantastique et l'épouvante, fait figure d'exception. Décédé en 1991, Don Siegel fut également le mentor de Clint Eastwood.
L'acteur et le réalisateur sont à nouveau associés dans L'Evadé d'Alcatraz, sorti en 1979. Hormis Clint Eastwood, le long-métrage réunit Patrick McGoohan, Roberts Blossom, Jack Thibeau, Fred Ward, Paul Benjamin et Larry Hankin.

Le scénario de L'Evadé d'Alcatraz est écrit par Richard Tuggle. Le film est aussi l'adaptation d'un livre d'enquête documentaire, intitulé Escape from Alcatraz, de J. Campbell Bruce, lui-mêmeinspiré d'une histoire réelle. Comme un symbole, Patrick McGoohan, le héros de la série télévisée Le Prisonnier, se retrouve dans un rôle à contre-emploi.
Cette fois-ci, l'acteur ne se trouve plus derrière les barreaux, mais incarne un directeur fallacieux, outrecuidant et totalement déshumanisé, finalement à l'image de cette immense prison. Attention, SPOILERS ! En janvier 1960, Frank Morris est transféré à la prison d'Alcatraz, construit sur un piton rocheux face à la côte.

Délinquant depuis ses 13 ans, il est doté d'un QI supérieur à la moyenne et s'est déjà évadé de plusieurs établissements pénitenciers. Il a ainsi fait la connaissance des frères Clarence et John Anglin. Ensemble, ils échafaudent un plan pour s'évader d'Alcatraz. Dans l'ensemble, le scénario du film suit un cheminement assez classique. Don Siegel choisit d'adopter le point de vue de Frank Morris (Clint Eastwood), claquemuré dans une cellule vermoulue.
L'Evadé d'Alcatraz se divise en plusieurs parties bien distinctes. Dans la première, le pénitencier est décrit comme une véritable forteresse militaire. Située au beau milieu de nulle part, la prison se trouve sur une île isolée. Il est impossible de s'enfuir. 

Les rares tentatives se sont toutes soldées par des échecs. Ainsi, Alcatraz est décrit comme un enfer carcéral. Les prisonniers sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Seul le temps qui passe est encore l'un des rares privilèges qui leur accordé. Frank Morris sympathise avec plusieurs prisonniers. Mais ses nouvelles accointances ne plaisent guère au directeur de l'établissement.
Sur ce dernier point, le film n'évite pas les clichés habituels : le prisonnier "gros lard" et homosexuel, le "black" qui joue les tutélaires, l'artiste peintre, ou encore les gardes-chiourmes pervers et soldatesques. Pourtant, contre toute attente, la formule fonctionne parfaitement sur la durée. Le film dénonce les conditions de détention épouvantables des prisonniers. 

Par exemple, les visites sont surveillées. Les prisonniers sont carrément coupés du monde extérieur. Don Siegel se focalise sur plusieurs personnages charismatiques. Ainsi, le spectateur est amené à partager leur quotidien dans cette immense forteresse cloîtrée où règne la loi du plus fort. Les choses s'accélèrent sérieusement dans la seconde partie du film. 
Cette fois-ci, place à l'organisation de l'évasion ! Dans ce nouvel acte, Don Siegel se montre d'une minutie extrême. Le plan ingénieux et retors de Frank Morris est décrit dans ses moindres détails. 
Mieux encore, Don Siegel parvient à rendre ses personnages particulièrement attachants. Néanmoins, le cinéaste ne fait jamais dans la demi-mesure.

Il prend clairement partie pour ses prisonniers sans non plus sombrer dans l'angélisme. Toutefois, Don Siegel maîtrise parfaitement son sujet, à l'image de l'évasion finale (c'est la troisième et dernière partie du film). Le suspense et la tension montent crescendo. Sur la forme, L'Evadé d'Alcatraz fonctionne comme une série B qui mélange habilement action, drame et dénonciation d'un univers carcéral étouffant et anxiogène. Le long-métrage connaîtra un immense succès au cinéma, avec plus de 43 millions de recettes rien qu'aux Etats-Unis. Il peut également s'appuyer sur d'excellents acteurs.
Par exemple, la confrontation entre Clint Eastwood et Patrick McGoohan tient toutes ses promesses. Enfin, L'évadé d'Alcatraz reste la matrice et l'inspiration principale d'un grand nombre films de prisons. 
Bref, une série B bien troussée et plus que recommandable !

Note: 15.5/20

 Alice In Oliver