genre: horreur, épouvante, giallo (interdit aux - 16 ans)
année: 1972
durée: 1h45
l'histoire : Au sein d'un village retranché de la Sicile, l'enquête ardue des quelques policiers locaux aidés d'un tenace journaliste, sur de crapuleux meurtres d'enfants dont les motifs restent inexpliqués déclenchant chez les villageois une soif inextricable et aveugle de vengeance, allant jusqu'au lapidage d'une sauvageonne, qui dans leur ignorance est assimilée sorcière puisque différente et marginale.
La critique :
Le début des années 1970 marque un véritable tournant dans le cinéma d'épouvante. En effet, à l'époque, les films de la Hammer sont sur le déclin et commencent sérieusement à lasser le public. En 1973, L'Exorciste, de William Friedkin, marque un renouveau dans le cinéma horrifique. Cette fois-ci, le mal se situe dans notre époque contemporaine et s'immisce dans notre vie quotidienne.
Le long-métrage confronte la foi religieuse à la science moderne, et plus précisément, aux connaissances de la médecine générale. Parallèlement, La Longue Nuit de L'Exorcisme, réalisé par Lucio Fulci, sort l'année d'avant, donc en 1972. Il va pâtir de l'immense succès de L'Exorciste.
En effet, les deux titres étant quasiment similaires, le film de Lucio Fulci se voit mis à l'écart et même censuré pendant six longues années. Le Comité de censure de l'époque n'apprécie guère l'idéologie anticléricale du film de Lucio Fulci. Le cinéaste est victime de nombreux quolibets et anathèmes. Conspué, répudié et vitupéré par les critiques et les médias, La Longue Nuit de L'Exorcisme est sans doute sorti trop tôt. Le public n'était pas encore préparé à visionner ce genre de film à l'époque.
On relève tout de même une certaine duplicité. Néanmoins, par la suite, Lucio Fulci continuera de s'attaquer à l'Eglise et à la foi catholique, notamment avec des films comme Frayeurs ou encore L'Au-Delà.
La Longue Nuit de L'Exorcisme n'est pas seulement interdit en France, mais également dans de nombreux pays européens. Lorsque le long-métrage sort dans notre contrée hexagonale, il écope d'une interdiction aux moins de 16 ans. Aux Etats-Unis, il faudra attendre l'an 2000 pour le voir débarquer en dvd. A l'époque, dans certains pays, le film est carrément interdit aux moins de 18 ans.
La Longue Nuit de L'Exorcisme appartient donc à la catégorie des films scandales, vilipendés, mal-aimés et tancés par les critiques et la presse cinéma. Heureusement, le film va se tailler une solide réputation au fil des années. Certains fans du réalisateur le considèrent même comme le ou l'un des meilleurs crus de Lucio Fulci.
Pourtant, en dehors de son intitulé, le film entretient peu ou prou de similitudes avec L'Exorciste. Ne vous attendez donc pas à voir des crucifix, des jets de vomis verdâtres ou encore des têtes rotatives dans ce film. Attention, SPOILERS ! Au sein d'un village retranché de la Sicile, l'enquête ardue des quelques policiers locaux aidés d'un tenace journaliste, sur de crapuleux meurtres d'enfants dont les motifs restent inexpliqués déclenchant chez les villageois une soif inextricable et aveugle de vengeance, allant jusqu'au lapidage d'une sauvageonne, qui dans leur ignorance est assimilée sorcière puisque différente et marginale.
Premier constat : La Longue Nuit de L'Exorcisme n'est pas un giallo de facture classique. Cette fois-ci, l'action se déroule dans une campagne reculée, située au beau milieu de nulle part.
Personne n'est épargnée. Les crimes abominables sont volontairement éludés. Pourtant, ces meurtres ne concernent pas n'importe qui, puisque ce sont des enfants qui sont kidnappés, violentés et finalement assassinés avec une grande sauvagerie. Pour la première fois au cinéma, et dans un film d'horreur, les rejetons ne sont pas épargnés. Au contraire, ils sont noyés, dilapidés et exterminés.
C'est probablement pour cette raison (mais ce n'est pas la seule) que La Longue Nuit de L'Exorcisme a provoqué un tel scandale au moment de sa sortie. Parallèlement à ces crimes horribles, Lucio Fulci prend son temps pour brosser le portrait d'une petite communauté repliée sur elle-même, frustrée à la fois par les interdits religieux et des pulsions morbides et sexuelles incoercibles.
Encore une fois, Lucio Fulci n'épargne personne. Entre le jocrisse du village, de jeunes gourgandines suspectées et accusées de sorcellerie, ou encore des habitants qui réclament la tête des personnes qui sont arrêtées par la police ; les différents protagonistes sont au mieux antipathiques, au pire des meurtriers potentiels. Ce qui rend l'enquête d'un jeune inspecteur des plus difficiles.
Les villageois sont donc au coeur du récit et du scénario du film. Leur attitude, en apparence débonnaire, trahit pourtant une grande couardise et une vindicte sauvage. Les enfants assassinés ne sont donc pas présentés comme des victimes, mais comme des êtres libidineux, presque machiavéliques, cédant à la tentation du péché. Certes, la violence de La Longue Nuit de L'Exorcisme ne se situe pas vraiment dans la forme du film (qui évite par ailleurs les effets gores), mais plutôt dans un climat austère, se déroulant dans une sorte de grisaille. Bref, Lucio Fulci réalise, à mon avis, le ou l'un de ses films les plus accomplis, probablement le plus insolent et le plus réactionnaire.
Dans son genre, c'est tout simplement une réussite !
Note: 16/20
Alice In Oliver