[Critique] True Detective SAISON 2

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Alors que l’épisode final de 90min est venu clore la saison dimanche soir sur HBO, il est temps de revenir sur la série qui a fait couler beaucoup d’encre depuis le début de sa diffusion en juin… et d’en tirer un bilan !

Seconde saison qui fait suite à une première, adulée tant par la critique que par le public … Si on découvrait en février 2014 Matthew McConaughey et Woody Harrelson enquêtant sur un meurtre dans les marécages de la Louisiane, la seconde saison se situe dans une autre zone géographique (banlieue de Los Angeles), avec d’autres personnages.

Synopsis : La saison commence à la mort de Ben Caspar, 52 ans, un manager corrompu dans une ville fictive de Californie. Il a été tué alors qu’il avait un contrat de transports qui aurait changé pour toujours les autoroutes de Californie. Trois officiers de villes et branches du gouvernement différents ont pour tâche de trouver qui a commis le meurtre. Ils découvrent très vite que leur enquête a des implications plus larges et plus sombres. 

ORIGINE.
Dans cette seconde saison encore, Nic Pizzolatto a la charge de diriger le show – comme sur la 1ère. Colin Farrell incarne Ray Velcoro, le détective corrompu au mafieux Frank Semyon, incarné par le comique Vince Vaughn. Rachel McAdams et Taylor Kitsch complètent le casting en tant que shérif Antigone Bezzerides et Woodrugh.

Dès le casting, la série ose et s’impose un défi en intégrant des figures externes du genre qu’elle propose. Vince Vaughn, acteur de comédie, n’est connu sur les écrans que pour ses seconds rôles. En faisant de lui l’un des personnages principaux du show, Pizzolatto parie sur son talent mais surtout sur la force du personnage … Et ce pour l’intégralité du casting ! Heureusement, chaque personnage brille par son écriture profonde. Le cas le plus travaillé est probablement celui de Velcoro, incarné par Farrell. Son rôle de père perdu, changé – et détruit – par les actes qu’il a pu faire, permet d’établir son insociabilité et son incapacité à construire des relations … Avec son fils, mais aussi son ex-femme ou ses collègues ! Seul lui reste, comme ami, le mafieux chez qui il vient demander de l’aide : Frank Seymon. Personnage marqué par sa -pauvre- enfance, qui a tout fait dans sa vie pour y échapper. Enfance traumatisante pour Antigone Bezzerides, incarnée par la talentueuse Rachel McAdams, devenue -elle aussi- insociable, ou du moins dans l’incapacité à lier des relations avec le monde. Enfin, Kitsch incarne Woodrugh, légèrement stéréotypé : Il s’agit du plus jeune de l’équipe, vétéran de l’armée, revenu mutilé d’Afghanistan.

INTRIGUE.
Seulement il s’agit ici du premier défaut de la saison. Pour réussir à créer et mettre en place de tels personnages, portés par des convictions implacables et réalistes, et poussés par cette écriture noire mais du niveau de la première saison, Pizzolatto le fait aux dépens de l’intrigue principale. Le spectateur est perdu pendant quasiment l’intégralité de la saison en ce qui concerne le meurtre de Caspère et de son élucidation. L’affaire patauge, ou du moins avance très doucement. Qui est le tueur ? Qui est la victime et pourquoi est-elle morte ?
Tandis qu’on s’y perd dans les méandres d’un scénario confus et peu clair, la sous-intrigue mettant en place les personnages et leur relation emmerge au premier plan ! La preuve est même totale lorsque l’on découvre que l’affaire est résolue au bout du premier quart d’heure de l’épisode final !!

SEASON FINALE.
Et quel épisode final ! Reprenant l’habitude de certains networks, HBO décide d’offrir à cette saison un season finale (lire sizon finaaali) de 90min ! 1h30 exceptionnelle qui corrobore ce qu’affirmait Michael Lombardo, directeur de programmation de la chaîne, lorsque la saison se faisait assassiner par la critique : « Attendez d’avoir vu la fin de la saison, et d’avoir une vue d’ensemble avant d’émettre le moindre reproche« .
Comme expliqué plus tôt, l’intrigue policière est réglée en moins de 20min … Le reste et la fin de l’épisode se concentreront sur la rédemption des personnages, leur dernier coup d’éclat, les dernières confrontations … Doucement, True Detective s’éloigne du polar et s’affirme en western contemporain. On assiste à l’une des plus belles scènes de la télévision US de l’année avec Frank Seymon marchant dans le désert, trainant un filet de sang derrière lui, et hallucinant sur son passé. Scène très forte, tant sur la prestation et le visuel que le symbolisme.

LES SYMBOLES.
Car c’est en cela que la saison 2 de True Detective est un véritable succès, et une véritable réussite : son symbolisme.
À travers ses personnages, son paysage (les vues aériennes de Vinci), et toutes les actions (incluant les mises en abyme, les réflections sur la violence, la corruption), True Detective offre une pléiade de symboles. Souvent subtils, ils viennent appuyer le discours de la série.
En témoigne sa scène finale impeccable et implacable, qui offre une lueur d’espoir sur la dureté du monde. Les deux femmes, désormais héroïnes, commencent à fuir (à la road-movie), après avoir donné à un journaliste toute l’histoire … Un élan féministe accepté avec plaisir à l’heure d’un Hollywood plus sexiste que jamais.

En conclusion, True Detective est une série injustement critiqué pour sa faiblesse de scénario. On oublie la mise en scène impressionnante, les prestations globalement réussies et une BO démente (en partie grâce à Lera Lynn). La vérité est que cette saison aura mis l’accent sur les relations entre l’homme et son pire ennemi, que ce soit une personne réelle ou des maux. Mais il en ressort une critique amère et viscérale de la sociéte, comme le prouve cette scène pré-finale. On y voit Chessani, veritable coupable du meurtre et de corruptions, élu maire de Vinci… Ainsi, si des gens bons et des innocents sont morts pour démembrer le mal qui rongeait la ville, rien n’y fait… Le mal a gagné ?!
« Il n’y a qu’un seul combat … La lumière face à l’obscurité. Avant il n’y avait que l’obscurité. Si tu veux mon avis, la lumière a gagné. »

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