The Dead Lands

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

Hongi, le jeune fils d'un chef de tribu Maori, doit venger l’assassinat de son père afin d'apporter la paix à son clan et d'honorer les âmes de ses proches. Pour mieux lutter contre ses ennemis menés par leur chef Wirepa, Hongi va devoir s'aventurer sur les Terres Mortes et forger une alliance avec un grand et mystérieux guerrier qui règne sur la région depuis de nombreuses années.
The Dead Lands – 29 Juillet 2015 – Réalisé par Toa Fraser
Popularisé par le cinéma (Merci Peter Jackson) et par le rugby, la Nouvelle-Zélande dévoile avec « The Dead Lands » une autre facette de sa culture, celle des Maoris, des premiers habitants au pays du long nuage blanc. Si des films comme l’Âme des Guerriers de Lee Tamahori ou encore Pai de Niki Caro abordent les maoris et leurs coutumes dans un univers contemporains peu ont osé prendre le point de vue de Toa Fraser, celui du film d'époque, celui de la fresque tribale. Et c'est avec une énergie non feinte qu'il signe son quatrième long-métrage « The Dead Lands » !
Le film se passe dans des temps reculés, dans un coin du monde ou les Maoris étaient seul sur leur petit bout de terre. Appelé Nouvelle-Zélande ou Aotearoa, ce monde là était celui des Maoris. Ils s'organisaient en tribus (Iwi) qui eux même se divisaient en clans (hapu) où les ancêtres et la familles étaient sacrées. Leur mode de vie étaient tellement codifiée que la moindre infraction pouvait être le synonyme de guerre. C'est ce qui aller arriver entre l'Iwi de Tane et celle de Wirepa. L'histoire commence lorsque Tane invite le fils de son vieil ennemi à célébrer ses ancêtres morts, celui ci se montre très hostile. Wirepa utilise le fils de Tane, Hongi comme bouc-émissaire et menace ainsi son hôte. Le soir même Wirepa revient et tue avec les hommes de son clan, l'intégralité des hommes du village de Tane. Hongi y échappe miraculeusement et se trouve dans une posture qu'il aurait préféré ne jamais connaître, celle de devoir venger les siens. Et pour ça il sait qu'il lui faut de l'aide et que cette aide il la trouvera dans « Le territoire des morts » auprès du guerrier qui n'a pas de nom.


« Puissant, Primitif et Bourré d'Adrénaline » James Cameron
« A Voir Absolument » Peter Jackson
C'est deux phrases bien mises en évidence sur l'affiche du film ne sont pas que les simples cautions de deux immenses noms du cinéma. Mais bien la reconnaissance de deux artistes envers un autres qui ont eux aussi percer avec des œuvres radicales et au combien révélatrices de leurs talents. Et il faut avouer que Toa Fraser en a revendre …
Le réalisateur entouré d'une équipe solide, peut dresser une fresque guerrière à la fois moderne et profondément ancrée dans la culture Maori ! Revenge movie, épopée dantesque ou conte initiatique, le scénario de Glenn Standring est un peu tout cela à la fois. L'histoire est à la fois simple, contemporaine, profonde et ésotérique. Et l'on y distingue clairement deux partie, l'une concerne le récit vengeur de Hongi avec le guerrier sans nom et ensuite on a tout son chemin spirituel ; qui emprunte quant à lui beaucoup au conte. La culture Maori devenant le ciment de ses deux éléments. Le « Mau Rakau » l'art martial que pratique les guerriers du film trouve aussi un écho dans la quête d'Hongi, par la transmission du « Patu » et du « Taiaha » de son défunt père. Les combats qu'il mène lui ou l'homme sans nom sont si violents, qu'ils sont à la fois une belle preuve de respect envers leurs clans et leurs ancêtres qui eux aussi ont connu ça.


Un rituel de combat codifié à l’extrême, avec des grimaces de provocation, des gestes forts (Qui rappelle les Hakas du rugby pratiqués par des pays polynésien (Fidji, Samoa, Nouvelle-Zélande, Tonga)) ou encore le « moko » (tatouage tribal) rappellent la condition du guerrier dans le clan. ils sont autant d'instants ou se jouent honneur, force, bravoure et respect des anciens. A cela s'ajoute la spiritualité des guerriers, le « mana » dans la culture maorie ou les actes d'Hongi sont intimement liés a son introspection personnelle, a ses interrogations sur sa propre condition mais aussi à l'importance qu'on les anciens dans sa culture.
La culture Maori est clairement le leitmotiv de Toa Fraser et de ses équipes. On a une écriture très fine, avec un bel équilibre et le tout tourné en langue maori. Une recherche constante d'authenticité qui a toutefois ses limites, car sur certains points ils ne trouvent pas de texte assez anciens pour étoffer leurs recherches.

Cela ne chamboule guère les diverses personnes qui y travaillent dessus, car de cette façon ils apportent de la modernité au récit. Une qualité de plus que possède le long métrage de Toa Fraser, qui lui se régale à le mettre en scène. Car The Dead Lands est un pur film d'action ou tout est réfléchi pour servir au mieux l'histoire concoctée par Standring. Que cela soit pendant les innombrables scènes d'actions ou pendant les scènes d'expositions, tout se passe sur un tempo imparable.
L' introduction marque d'entrée le ton du film. Cela va très vite, le montage très « cut » nous laisse juste deviner « le guerrier sans nom » dans ses œuvres. C'est violent, impitoyable et particulièrement brutal. Une atmosphère mystique et surnaturelle que Toa Fraser met en place avec beaucoup de talent. Il tire aussi parti du bon travail de son chef décorateur Grant Major sur les divers décors, habitations et forts compris; puis de celui du chef op Leon Narbey qui magnifie à merveille les paysages et lieux que l'on rencontre dans le film.


Pour cela ils poseront leurs caméras sur l'ile volcanique de Rangitoto, au large d'Auckland, Sur le plateau volcanique au centre de l’île du Nord ou encore aux Otuataua Stonefields au sud d'Auckland. Des terres idéales pour matérialiser la désolation du « Territoire des Morts ». Un lieu ou règne la mort, le mystère et un certain Guerrier ! Un décors à la fois lugubre, macabre et hypnotisant, reflétant alors la personnalité d'un homme torturé.
Cela sera aussi l'endroit des différentes scènes d'actions, seul ou en groupe, Toa Fraser a l’œil et le sens de la chorégraphie bien choisie, pour des combats musclés et vivants. Une fois sur le champ de bataille, la tension est lourde, les acteurs qui ont tous tenu a faire le maximum sont aux diapasons pour faire parler le « Mau Rakau ». Il livre ainsi quelques purs moments de brutalité et de poésie ou le charisme et la présence hors-norme de Lawrence Mokoaré y sont pour beaucoup. Bien aider aussi par une caméra qui laisse vivre ces combats, à la manière des films d'arts martiaux classiques, on ne loupe pas un coup et chaque coup fait mal. Au milieu de ça, le film prend le temps de développer ses personnages ainsi que leurs relations, dans des scènes purement onirique ou dans des échanges avec un humour très premiers degré qui marche plutôt bien.


Et c'est un récit prenant qui trouve largement sont écho dans la vie contemporaine. Bon dans la vie de tout les jours c'est nettement moins sanglant mais si on remplace la mort des hommes du clan de hongi, par une mort par maladie ou par accident, ou encore par n'importe quel autre difficulté qu'un jeune homme ou femme pourra traverser, il symbolise à merveille ça. Le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation, l'acceptation et enfin la reconstruction. Si l'on observe bien Hongi ou encore le Guerrier sans Nom, on verra qu'ils ont traversé toutes ces étapes, avec plus ou moins de difficultés et avec plus ou moins de grosses claques dans la figure. Au final, le film montre que l'on peut tout surmonter, avec de la volonté, de l'aide et cela peut importe le temps que ça prend …

Le meilleur lui, se trouve aussi dans le casting du film. L'imposant Lawrence Makoare va vous scotcher sur place, celui que je ne connaissais que pour ces rôles dans le seigneur des anneaux ou dans le Hobbit, étale sa présence, sa force et une sensibilité qui tranche avec son gabarit. Sa superbe composition qui fait de ce guerrier, une icône tribale et mystique d'un autre temps. Le jeune James Rolleston n'est pas en reste et campe un jeune guerrier qui doit tout apprendre, passant de l'idéaliste à un homme beaucoup plus endurci. Wirepa le principal antagoniste est campé par l'impeccable Te Kohe Tukaha qui mêle orgueil, fougue et désir de bien faire, une partition surprenante pour un personnage qui l'est tout autant. Et dans des rôles moindre, on trouve Xavier Horan, l'excellente Raukura Turei qui est dans l'une des plus belles scènes du film, George Henare campe un père bienveillant comme Rena Owen dont la sympathie traverse l'au delà pour conseiller le jeune Hongi.

Sanglant, brutal, intense et mystique !