Her Name Was Torment (Tueuse en consultation)

Par Olivier Walmacq

Genre : expérimental, horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)

Année : 2014

Durée : 50 minutes


L'histoire : Une jeune femme mystérieuse, accusée d'avoir commis 27 meurtres, est interrogée par un psychiatre. Au fil de son récit, elle retrace son parcours meurtrier tout en recherchant sa propre identité, tandis qu'elle laisse entrevoir une personnalité mystique et névrosée.

La critique :

Décidément, le cinéma extrême connaît depuis quelques années un net regain de vigueur. A tel point que l'on pourrait presque parler de nouvelle vague. En Europe, la place est largement monopolisée par Marian Dora, Edwin Brienen ou encore plus récemment, Kasper Juhl. Les Américains ne sont pas en reste avec des réalisateurs confirmés tels que Fred Vogel et Lucifer Valentine. A cette liste, il conviendra d'ajouter un nouveau venu : Dustin Mills. Ce dernier, même s'il avait déjà à actif plusieurs oeuvres mineures, doit en fait sa récente reconnaissance à la faveur d'un seul film, Her Name Was Torment.
Sorti en 2014, ce moyen métrage a, il faut le dire, provoqué un électrochoc dans le milieu du cinéma underground et fit même l'objet d'une petite bombe dans les festivals où il a été présenté. Alors, Her name was Torment mérite-t-il sa flatteuse réputation ? On serait tenté de répondre que non si l'on considère que le réalisateur reprend le thème archi galvaudé du torture porn.

En effet, à la base, le scénario du film repose tout de même grandement sur une histoire classique de psychopathe. Toutefois, c'est bien le seul reproche que l'on puisse adresser à cette oeuvre destinée très certainement à devenir une référence. Pour tout le reste, Dustin Mills a mis le paquet pour que son film se démarque au maximum des productions actuelles. Tout d'abord en inversant les rôles et en présentant une femme comme le bourreau de service, le réalisateur américain a dû combler nombre de spectatrices lassées de voir des actrices se faire mutiler, égorger, découper à longueur de films d'horreur.
Cependant, ici nous n'avons pas du tout à faire à un film d'horreur ordinaire, mais plutôt à un ovni underground d'un très gros calibre. En effet, ce moyen métrage qui est loin de s'adresser à tous les publics, navigue clairement dans la quatrième dimension cinématographique. Et par cette réalisation ultra expérimentale, Dustin Mills risque bien de déstabiliser le spectateur le plus aguerri.

Autrement dit, bienvenue dans l'univers cauchemardesque de Her name wa Torment ! Attention, SPOILERS ! Une jeune femme d'une trentaine d'années, accusée de 27 meurtres, se retrouve interrogée par un psychiatre. L'entretien est filmé par caméra vidéo et le visage de la criminelle présumée est flouté. Au début, le psychiatre se contente d'une simple question sur son identité. La jeune femme n'a aucune idée de son nom, mais sur l'écran apparaît le mot "Torment" en incrustation fugitive.
Au fur et à mesure de l'interrogatoire et des questions de plus en plus intimes du psychiatre, la femme revient en détail, par flash-back, sur l'un de ses meurtres, et tente, en vain, d'y apporter une réponse logique. Le meurtre en lui-même décrit les sévices atroces que Torment (nous l'appelerons comme cela) fait subir à un homme qu'elle séquestre. Dans une pièce sombre, seulement éclairée par un projecteur, la jeune femme topless, portant un masque et un tablier transparent, semble alors se livrer à un rite sacrificiel.

Le film oscille donc fréquemment entre l'entretien et les séquences de tortures qui seront interrompues par une (longue) scène de nécrophilie sur laquelle nous reviendrons. Bousculée par le psychiatre, Torment affiche un caractère fortement névrosé et schizophrénique. Elle affirme que ses victimes "ne sont pas de véritables personnes" et que des anges à la beauté surnaturelle lui ordonnent de commettre ces sacrifices, puis de garder des morceaux d'organes prélevés sur ses victimes.
"Les anges en ont besoin. Mais pourquoi ? Seul Dieu le sait et sa volonté divine est parfaite". Tandis que Torment prononce ces mot énigmatiques, le mot "Agony" s'affiche sur l'écran. Sexe, souffrance et perversion étaient annoncés au programme des réjouissances. On aurait pu y ajouter "spiritualité nébuleuse" et "psychisme déstructuré". Ainsi, le film s'apparente à un voyage sans retour dans les méandres d'un cerveau malade. Mills tente de définir la frontière, parfois mince entre normalité et anormallité.

Et c'est ce qu'il parvient à faire lors d'un de derniers plans du film où Torment, après avoir commis ses atrocités, prend une douche, enfile un jogging et déguste un bol de céréales comme si de rien n'était... Sur la forme, Mills a fait une recherche très poussée au niveau esthétique. Filmé dans sa quasi totalité en noir et blanc, le film passe à la couleur lors de certaine scènes de torutre, ou pour illustrer le fameux rapport nécrophile de Torment, qui se masturbe jusqu'à l'orgasme sur un squelette en décomposition. La pellicule utilisée semble être du 16mm, mais on pourrait fort bien croire  un super 8, dont le réalisateur a exagérément vieilli et abîmé l'aspect.
Les images saturées sursautent, crépitent, s'effacent puis reviennent, exacerbant le côté expérimental de la chose. Mills s'amuse également à alterner le rythme passant d'instantanés épileptiques au ralenti le plus prononcé. De nombreuses images subliminales traversent également le film. Au niveau de la bande son, très peu de musique, mais plutôt un fond sonore lancinant où se mêlent parfois des murmures et des bruits stridents.

Le côté expérimental de l'oeuvre ne doit pas faire oublier que Her Name Was Torment est avant tout un film d'horreur. Une horreur terriblement graphique, qui n'épargne rien au spectateur dans les moindres détails de sa monstruosité : arrachage d'ongles et de langue à la pince, découpage de lèvres, perçage de tympan, "superbe" énucléation à la cuillère avec étirement maximal du nerf optique, éventration et éviscération. Selon certaines sources, le film n'aurait bénéficié que de 500 dollars de budget initial. On a vraiment du mal à le croire, ne serait-ce qu'au vu de la qualité des effets spéciaux remarquables. Avec de tels atouts, le film a naturellement provoqué le buzz et déjà, une suite est sortie dans la foulée du premier opus. Grosse claque que ce Name was Torment.
Destinée sans doute à la confidentialité inhérente au cinéma extrême, cette oeuvre hypnotique mériterait pourtant une plus grande exposition. Abordant de façon vraiment innovante des thèmes aussi dérangeants que les troubles de la personnalité, les frontières de la normalité psychique, ou les limites entre conscient et inconscient, ce film apporte un sacré renouveau à un genre qui s'essoufflait sérieusement.
Il confirme aussi tout le bien que certains pensent de Dustin Mills qui sera, à n'en pas doute, un réalisateur à suivre dans l'avenir. En conclusion, je crois pouvoir affirmer, sans crainte de me tromper, que nous sommes ici en présence de "La" révélation underground de ces dernières années.

Note : ?

 Inthemoodforgore

Seconde chronique :

Lors d'une précédente chronique, je vous avais parler de Dustin Mills et de son film The hornet's sting and the hell it's causedAvec Her name was Torment, Mills signe son film le plus malsain, intriguant et dérangeant. ATTENTION SPOILERS : Une jeune femme anonyme suit un homme pour ensuite l'agresser violemment (l'agression ne nous est pas montrée mais suggérée).
Lors du générique, une voix off présente la meurtrière avec son nombre total de crimes ainsi que ses perversions. Une jeune femme, dont le visage est flouté, est interrogée par un psychiatre. Ce dernier lui demande son nom, la jeune femme ne répond pas. Il lui repose la question et elle répond qu'elle l'ignore.

La séquence suivante montre la tueuse en train de torturer un homme. Au programme, de nombreux sévices : tranchage de la gorge au cutter, arrachage d'un morceau de la langue et des ongles à la pince... La tueuse garde précieusement les parties de ce corps dans des bocaux comme des trophées. Ensuite, la psychopathe se dirige vers un canapé où se trouve un cadavre squelettique.
Elle se déshabille, caresse, embrasse et fait l'amour avec le cadavre sous les yeux horrifiés d'une autre victime. 
Après ce passage nécrophile, la tueuse revient vers son ancienne victime en lui plantant une tige dans l'oreille. Peu à peu, cette dernière va basculer dans la folie. Avec l'aide d'une cuillère, elle lui arrache l'oeil et coupe le nerf avec sa pince.

Une autre séquence montre une vidéo personnelle dans laquelle la tueuse se confie. Le calvaire continue pour la victime : ses lèvres sont coupées au cutter puis finies aux ciseaux. La psychopathe achévera son travail par une évisceration, récupérera les intestins qu'elle mettra dans un seau et se prosternera devant les restes des parties du corps auparavant prélevées. 
La tueuse nettoiera ses instruments et finira par se laver. La dernière séquence montre la criminelle en train de manger son bol de céréales sans éprouver le moindre remord. Principalement tourné en noir et blanc avec également quelques passages en couleurs, Her name was Torment est une oeuvre unique en son genre avec ses images saturées, floutées ou subliminales, des sons stridents et des voix dissonantes.

Le spectateur est transporté dans une ambiance sombre, glauque et malsaine. Her name was Torment partage quelques similitudes avec d'autres films comme Nails d'Andrey Iskanov (notamment par ce mélange d'images noir et blanc et de couleurs), ou Nekromantik de Jorg Buttgereit (entre autres, la séquence nécrophile). Malgré un budget de 500 dollars, Dustin Mills nous livre un bijou noir, une pelliccule trash et inoubliable, qui peut s'appuyer sur des effets spéciaux efficaces.
Un deuxième volet, Her name was Torment 2 : Agony sortira à la fin de l'année 2015. Un troisième volet est prévu pour début 2016. Sexe, douleur, tortures, perversions sont des mots qui résument parfaitement le film, en espérant que les autres chapitres soient du même niveau. Néanmoins, Her name was Torment s'adresse à un public particulièrement averti.
Mais les fans de cinéma extrême devraient être conquis par cette oeuvre totalement réussie.

Note : 18/20

 Gegeartist